- 22 Mai 2010 - 15h36 -

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Par un beau samedi ensoleillé, Raphaëlle sorti de l'arrière-boutique avec des papiers dans les mains. Nous nous étions, comme à notre habitude, enfermés dans le magasin de musique devenu notre QG pour parler musique et jouer un peu.

— Alex, Chris. J'ai vos contrats pour cet été. Vous pouvez les signer maintenant ? Sinon, je me connais, je vais oublier et on va se retrouver avec l'inspection du travail sur le dos. Chris, je te laisse le tiens, tes parents devront le signer aussi.

Les garçons obtempérèrent avant de nous rejoindre.

— Vous bossez ici, cet été ? demanda Alix.

— Perso, je bosse tout le temps ici, dit Alexandre avec humour, son pouce caressant le dos de ma main. Mais oui, c'est plus simple et on connaît déjà le travail.

— Et vous ? demanda Chris en s'adressant à tout le monde.

Je savais déjà que le père de Louna lui avait trouvé un poste chez un ami artisan peintre, mais je ne me doutais pas que j'étais la seule à ne pas avoir trouvé de job étudiant pour l'été. Face à ma mine dépitée, Alex s'inquiéta :

— Qu'est-ce qu'il y a, bébé ? Tu fais une drôle de tête.

— Je crois que je m'y suis prise trop tard, cette année. J'ai pas encore trouvé de taf et si ça continue, je vais me retrouver pauvre en Septembre, me lamentai-je.

Le regard d'Alex s'illumina alors et il héla sa mère. Lorsqu'elle reparut, il lui demanda :

— Joël cherche toujours quelqu'un pour sa boutique ?

— Je crois, oui, répondit Raphaëlle avant de froncer les sourcils. Pourquoi ?

— Mya a pas encore trouvé de travail pour cet été.

— Bouge pas, je l'appelle de suite ! déclara-t-elle en attrapant le téléphone sur le comptoir.

Tandis que Raphaëlle entretenait une conversation animée avec son interlocuteur, je me triturais les doigts. Alex le remarqua et attrapa ma main pour la serrer dans la sienne. Mon cœur se gonfla de joie en voyant que mes amis attendaient eux aussi le verdict avec impatience et appréhension. Louna avait même son téléphone à la main, prête à dégainer pour appeler l'un de ses contacts si le plan d'Alex ne fonctionnait pas.

—T'as un entretien dans une demi-heure, ma belle, m'annonça-t-Raphaëlle après avoir raccroché.

Je sautais de joie et la remerciai, avant de me frapper le front du plat de la main en prenant conscience d'un détail important.

— Mais j'ai pas de CV ! m'exclamai-je.

— T'en a pas besoin, t'en fais pas, répliqua la mère d'Alex avec un grand sourire. Mon chéri, tu veux bien l'accompagner ? demanda-t-elle à son fils.

— Je vois même pas pourquoi tu me le demandes ! répliqua l'intéressé en se levant. Allez viens, terreur !

Sa main toujours agrippée à la mienne, il m'entraîna vers la sortie, non sans saluer nos amis.

Nous pénétrâmes dans une petite boutique qui ne payait pas de mine. Je l'avais remarquée depuis très longtemps mais n'avais jamais osé entrer car je savais que je ne pourrais rien acheter qui me plairait. Si ma mère avait trouvé dans ma chambre des CD avec des titres inscrits dans une écriture agressive, des têtes de morts, des pierres tombales ou n'importe quoi du même acabit sur la pochette, elle les aurait tout simplement jetés à la poubelle. Je n'aimais pas gaspiller mon argent et je ne voulais pas tendre le bâton pour me faire battre.

A l'intérieur, les murs étaient recouverts de rayonnages, tout comme la partie centrale. Il y avait juste assez de place pour qu'une personne circule entre les étalages.

— Salut, Alex ! lança un homme dans la quarantaine, ses cheveux grisonnant aux tempes et des rides d'expression striant son visage à la peau chocolat au lait. Et cette jolie demoiselle doit être Mya !

— Bonjour, monsieur, dis-je avec un sourire crispé par mon niveau de stress.

J'ai toujours eu horreur des entretiens d'embauche. Ça me fout les nerfs en pelote, c'est une catastrophe !

L'homme sortit de derrière son comptoir et vint à notre rencontre, main tendue vers moi. Je la serrai et il m'obligea à rester ainsi quelques secondes d'une simple pression de ses doigts, avant de déclarer :

— Tu as une bonne poigne. C'est bien. Et y a pas de monsieur ici. Appel-moi Joël.

— D'accord, dis-je en retrouvant un peu de mon assurance habituelle.

— Lâche-donc la main de ma copine, vieux dragueur ! s'exclama Alex.

Il eut beau dire ça en riant, je sentis tout de même une petite pointe de possessivité dans sa voix. Cela me réchauffa le cœur et je ne pus m'empêcher de me sentir flattée. Joël me lâcha, non sans lever les yeux au ciel.

— Je suis trop vieux pour ces conneries, gamin. Va donc voir ailleurs si j'y suis, pendant que je discute avec ta chère et tendre.

— Je serais juste là, me dit-il.

Il embrassa ma joue avant de s'éloigner.

— Bon, voyons si tu peux m'être utile, jeune fille, déclara Joël en se dirigeant vers le comptoir.

Il me posa quelques questions sur ma culture musicale en général, puis me fit faire le tour de la boutique et de la réserve avant de m'expliquer que mon travail consisterait surtout à mettre en rayon les CD et les vinyles et à conseiller les clients s'ils le demandaient.

— Si tout est bon pour toi, tu es engagée, déclara-t-il finalement. Reviens samedi prochain avec ton père ou ta mère pour signer ton contrat.

Il prit toutes les informations dont il avait besoin pour faire ledit contrat, plus mon numéro de téléphone au cas où, puis nous laissa partir.

— Tu as l'air contente, constata Alex tandis que nous rejoignions le magasin de ses parents.

— Oui ! affirmai-je avec un grand sourire. Il est très sympa, et ce sera toujours mieux que de trier les papiers de ma mère à son agence. Merci, mon ange.

Il s'arrêta, m'attira dans ses bras et, entre deux baisers, me glissa un « y a pas d'quoi » qui me fit fondre.  

Metal Queen - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant