Metal Queen - Tome 1

- 18 Juin 2012 - 22h08 -

— On se boit une bière avant de partir ? demanda Léo.

Alex et Chris acquiescèrent, mais Louna refusa.

— Y a pas moyen que je reparte de mon premier concert sans un tee-shirt du groupe ! nous informa-t-elle.

Tant de conviction nous fit pouffer. Cette fois, c'est Chris qui l'accompagna, non sans nous demander de lui payer une bière.

J'avais beau être lente à boire, j'eus le temps de finir mon gobelet et de me fumer une clope avant que notre manager et notre batteur ne nous rejoignent devant la salle de spectacle.

— Et ma bière ? nous interrogea le blondinet.

Il avait bien remarqué que nos mains étaient vides, ce qui sembla le surprendre.

— Vous avez été trop longs, grogna Léo. Je l'ai bue.

Chris leva son majeur à l'intention de celui qui avait lui fait l'affront de boire sa binouse, ce qui provoqua un fou rire général. Puis ma meilleure amie me sourit de toutes ses dents et me tendit un sac.

— Tu veux pas que je te porte, non plus ? lui demandai-je.

— Ce serait pas de refus, mais tu tiendrais pas cinq minutes avec ta force de piou-piou.

— Me tente pas ! la menaçai-je.

Elle gloussa avant de me tendre à nouveau le sachet.

— On appelle ça un cadeau, Mya.

J'écarquillais alors les yeux de stupeur et saisis le paquet pour en sortir un tee-shirt et un patch à l'effigie de Mötley Crüe.

— Mais t'es pas bien ! m'écriai-je avant de la serrer dans mes bras et d'embrasser sa joue. Merci, poulette. T'es un amour !

— De rien, ma belle.

— Et moi, alors ? se lamenta Chris. Je t'accompagne gracieusement, je joue des coudes pour que la blondasse siliconée te passe pas devant, et j'ai droit à que dalle ?

Louna leva les yeux au ciel, se tourna vers lui, l'observa quelques secondes avec gravité, avant de soupirer bruyamment.

— Putain, c'que tu peux être chiant !

Et sur ces mots, elle attrapa fermement le visage du blondinet pour lui rouler une grosse galoche. Oui, c'était bien le terme adéquat. Beaucoup de langue et de bave, de quoi vous dégouter d'embrasser qui que ce soit pour une décennie au moins !

Du coin de l'œil, je vis les garçons grimacer, et en même temps observer la scène avec stupéfaction et intérêt. Tout comme moi, en fait. Les mains de Chris se posèrent sur les hanches de mon amie et il l'attira violemment à lui pour coller leurs corps.

Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? m'interrogeai-je, les yeux grands ouverts.

Louna le relâcha finalement et planta ses yeux dans ceux du batteur. Mais le jeune homme ne semblait pas vouloir la laisser s'éloigner.

— C'est bon ? questionna-t-elle d'un voix enrouée. Ça te va comme remerciement, ou faut en plus qu'on s'envoie en l'air ?

Tandis qu'il la fixait longuement, Léo, Alex et moi retenions notre respiration. La tension entre nos potes était presque palpable. On aurait dit une espèce d'affrontement pour savoir qui aurait le dessus... sur le plan sexuel !

Comme ces deux-là n'avaient jamais laissé paraître le moindre signe avant-coureur d'une quelconque attirance mutuelle, c'était vraiment déroutant. Surtout venant de Chris. Lui qui arborait d'ordinaire un sourire de gamin et un air juvénile, il me donnait l'impression d'avoir un étranger en face de moi. Une expression des plus sérieuses rendait son visage tout à coup viril, et son regard perçant me donnait des frissons. Je ne me serais jamais doutée qu'il puisse dégager un tel sex-appeal.