Chapitre 11

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     Ils lui saisirent violemment les épaules et elle se débattit du mieux que possible. Cependant, elle était faible et ils étaient deux. Clarke se résigna et elle gravit les marches restantes encadrée par deux Natifs mécontents qui prenaient un malin plaisir à la pousser ou à lui lacérer les bras. Lorsqu'il n'y eut plus aucun escalier, ils se retrouvèrent face à une unique porte derrière laquelle Clarke entendait des voix. Les gardes ouvrirent le battant avec fracas et la poussèrent à l'intérieur.

     C'est là qu'elle la vit. Debout, devant une grande chaise en bois qui devait être son trône, en train de parler avec un gamin d'une quinzaine d'années, incliné devant elle. Elle leva ses yeux entourés de marques noires pour les poser sur la nouvelle venue, et Clarke vit qu'elle se figea. La jeune fille jeta un regard noir à la commandante qui semblait touchée. S'ensuivit un long duel de regard jusqu'à ce qu'un garde saisisse l'épaule de Clarke et s'adresse à Lexa :

     - Elle dit qu'elle veut absolument te parler, Heda.

     - Sortez tous ! s'écria la commandante.

     Apparemment, elle semblait pressée de discuter avec Clarke. Leur confrontation s'annonçait mouvementée, Clarke savait ce qu'elle avait à faire, quoi qu'il lui en coûte.

     - Toi aussi Titus.

     Elle venait de s'adresser à un grand homme chauve avec des marques dessinée sur son crâne nu, et qui portait une sorte de grande tunique marron. Il s'inclina, jetant un regard méfiant à la fille du peuple Céleste.

     - Aden, reste derrière la porte.

     Ils sortirent tous en même temps, et le gamin au cheveux blonds broussailleux, referma en dernier la porte, près de laquelle il devait attendre. Elles étaient enfin seules. Clarke ne savait pas quoi faire en cet instant. Elle hésitait. Elle s'attarda sur le beau visage de Lexa, surtout sur ses lèvres qu'elle avait senti sur les siennes avant l'attaque de Mont Weather. A cette pensée, son cœur se serra. Elle revit les Natifs sortir un par un de la grande porte, et Lexa, toujours avec ce visage impassible, lui annoncer qu'elle l'abandonnait, elle et son peuple.

     - Pourquoi souhaitais-tu me voir ?

     La phrase de Lexa fut l'élément qui déclencha le rage de Clarke. Elle s'avança, lentement, vers la commandante. Sa main tremblait nerveusement au niveau de sa hanche, et bientôt, elle ne fut plus qu'à quelques centimètres de la commandante. Leurs nez se touchaient presque et Lexa semblait troublée. Clarke serra la mâchoire puis passa avec lenteur sa main derrière la nuque de Lexa. Celle ci frissonna, ne s'attendant pas à ce que Clarke s'apprêtait à faire.

     Tout se passa très vite. Les doigts de Clarke se refermèrent sur l'arme qu'elle avait dans sa ceinture sous sa cape, et Lexa sentit son autre main lui attraper ses longs cheveux bruns pour les tirer en arrière. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, la commandante se retrouva collée à la jeune fille qu'elle aimait, avec un poignard sous la gorge. Clarke observa sa réaction. Elle paraissait surprise, et sa respiration s'accéléra légèrement. La jeune fille en position de force fronça les sourcils et appuya la lame froide contre le cou de Lexa, faisant couler un mince filet de sang sortant de la plaie.

     - J'ai tué plus de trois cents personnes, des innocents, des enfants, des gens qui nous avaient aidé ! hurla Clarke, sentant la rage prendre possession d'elle.

     Les lèvres de la commandante tremblèrent, elle ne savait quoi répondre.

     - En fin de compte, c'est plutôt toi qui les a condamnés en nous abandonnant lâchement ! Je n'ai rien à me reprocher, c'est toi l'assassin !

     Clarke était sur le point de lui trancher la gorge. Elle voyait le corps de la commandante s'affaler à terre, et à cette pensée, son cœur devenait beaucoup moins lourd. Le sang coulait d'avantage et tâchait la poitrine de la jeune commandante qui n'esquissait pas un geste. Clarke savait que si elle tuait Lexa ici, elle serait tuée à son tour dès qu'elle mettrait un pied hors de cette salle. Pourtant, ce ne fut pas cela qui lui fit changer d'avis.

     Elle se figea, lorsqu'elle vit une larme couler au coin de l'oeil de Lexa. Elle était déboussolée. La commandante cherchait-elle à l'amadouer pour sauver sa vie ?

     - Je suis désolé de t'avoir fait subir tout cela.

     Clarke soupira. Il était beaucoup trop tard pour les excuses, néanmoins, elle n'aurait jamais imaginé que leurs retrouvailles se dérouleraient ainsi. Lexa, la commandante de tout un peuple, s'excusait auprès d'un ennemi et ne luttait pas pour essayer de survivre ? Clarke ne pu plus retenir ses larmes elle aussi. Elle baissa la tête, et se résigna à décoller légèrement la lame de la gorge de Lexa qui semblait mieux respirer tout à coup.

     - Tu as sauvé ton peuple Clarke.

     - Je n'ai pas besoin d'entendre tes jérémiades habituelles, articula Clarke la gorge serrée. « Il faut faire des sacrifices pour protéger son peuple ». « L'amour est une faiblesse »...

     Lexa ne lui laissa pas le temps de poursuivre et balbutia :

     - J'en ai assez des sacrifices.

     Le menton de Clarke trembla malgré elle et elle s'approcha de Lexa pour l'embrasser, mêlant leurs larmes salées et leurs regrets dans ce baiser. Le couteau tomba au sol et leurs lèvres durent malheureusement se détacher.

     - Pardonne moi Clarke, dit Lexa les yeux encore humides.

     Au plus grand étonnement de la fille à la chevelure blonde, la commandante s'agenouilla devant elle, la suppliant de la pardonner pour ce qu'elle avait fait. Clarke lui prit les mains pour la relever :

     - Plus jamais je ne te trahirais, tu as ma parole. Car l'amour n'est pas une faiblesse, puisque tu es ma force.

     Clarke, émue, scella leurs lèvres une dernière fois, brièvement, puis Lexa s'exclama :

     - Aden, entre !

     Le garçon poussa la porte et Clarke essuya les dernière larmes qui maculaient son visage pâle. Elle était heureuse d'avoir hésité à tuer Lexa, car elle savait que sans elle, elle n'aurait pas pu survivre.

     - Tout va bien Heda ? demanda-t-il sûrement après avoir entendu les cris de Clarke et en voyant le maquillage de Lexa dégoulinant le long de ses joues après avoir pleuré.

     - Oui Aden, j'ai besoin que tu me fasses une promesse.

     - Tout ce que tu voudras Heda.

     Le jeune homme admirait sa commandante et obéissait à tous ses ordres pour espérer devenir comme elle. Voilà pourquoi il n'était pas intervenu en entendant les hurlements de Clarke. Lexa lui avait ordonné de rester derrière la porte, il l'avait fait. Si elle lui avait ordonné d'intervenir, il l'aurait fait.

     - Jure, que lorsque tu seras commandant, tu protégeras et tu resteras l'allié de Skaikru, le peuple de Clarke.

     - Je te le jure Heda, affirma-t-il avec conviction. Ai sonraun laik yu sonraun*.

*Ma vie est ta vie.

    

Vengeance Et Passion {g×g} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant