Chapitre 21 - a

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J'avais l'impression d'être un gamin brisant les carreaux d'une maison abandonnée, surpris avec le caillou en main. Pris en flagrant délit, directement en prison sans passer par la case départ. Peut-être, aurais-je dû lancer les dés moins fort lors de notre dernière conversation téléphonique ! J'avais eu l'impression de les trahir et leur réaction ne s'était pas fait attendre. Ils étaient là, dans l'encadrement de cette foutue porte. Leur présence m'avait mis immédiatement mal à l'aise et j'étais sur la défensive. S'ils étaient là c'est qu'ils n'avaient pas digéré le refus de l'offre de la procureure. Et s'ils se sont déplacés, c'est pour...quoi ?

Malgré le sourire de ma mère, je la sentais tendue. Mon père avait son masque de toubib, impossible de lire une émotion. Je sentais les ennuis arriver car je savais que je ne lâcherais rien. Exclu de retourner en France avant le mois de mai. Un brin de colère, un zeste de peur, une pincée d'inconnu, la recette risquait bien d'être épicée pour mes convives. Un billet d'avion pour le dessert ?

Nous nous étions installés autour de la table sur le balcon de notre chambre pour recevoir cette visite inopinée. Heureusement qu'ils ne s'étaient pas pointés une heure plus tôt, nous aurions été pris en fâcheuse posture et l'accueil aurait été plus transpirant. Paul, avec un sourire jusqu'aux oreilles et soucieux des bonnes convenances, avait servi un rafraîchissement et m'avait apporté un T-shirt. Après quelques hésitations, je lançais la discussion.

Alexandre:

- C'est une surprise de vous voir. Vous auriez pu prévenir !

Madame THOMAS:

- Excusez-nous de vous avoir pris au dépourvu mais nous voulions avoir une vraie discussion de face-à-face.

Monsieur THOMAS:

- Oui, depuis notre dernière discussion au téléphone nous sommes passablement inquiets de la tournure des événements. La procureure maintient sa demande pour votre retour, et avec ta mère, nous sommes d'accord avec elle. Elle a fait son maximum auprès du juge pour obtenir que Paul soit confié à notre garde. Même Jérôme, votre avocat, va dans ce sens...

Nous avons également compris, avec Jérôme, que vous aviez les moyens financiers suffisants pour continuer à fuir pendant longtemps.

Cela nous inquiète beaucoup, nous ne voudrions pas que cette situation s'éternise. Nous ne voulons pas cautionner cette façon de faire...

Cependant, nous ne vous imposerons pas de retour. Nous savons pertinemment que nous risquons de vous perdre en faisant éclater la famille. Nous sommes face à un dilemme et nous voudrions trouver un accord avec vous.

Alexandre:

- Oui, je comprends bien. Je dois vous avouer que notre retour en France, nous a valu des fortes divergences d'opinions avec Paul. Il culpabilise énormément de vous mettre dans un pareil imbroglio. Il voulait accepter l'accord, c'est moi qui ai refusé. J'ai refusé car je ne veux pas dépendre du "bien vouloir" d'un psy pour que Paul nous soit confié. C'est un risque trop important. Le psy pourrait avoir des préjugés sur notre relation. Personnellement, je suis prêt à attendre la majorité de Paul pour revenir libre en France. Oui, nous avons assez de ressources pour fuir 3 ans. Je suis désolé si ma franchise vous blesse. Je vous aime mais mon attachement pour Paul est très fort. Si je suis obligé de mettre les deux dans une balance, je sacrifierai trois années de vie familiale pour rester avec Paul. Malheureusement Paul n'est pas d'accord avec moi.

Paul:

- Je suis encore désolé de vous causer tant d'ennuis. C'est vrai que je suis rentré en conflit avec Alexandre pour sa prise de position. C'est un véritable chevalier et je ne pouvais rêver d'un meilleur protecteur. Mais je pense que ce n'est pas à lui ni à vous de pâtir de cette situation. Même si c'est difficile, je suis prêt à prendre le risque de rentrer dès qu'une décision sera prise. Je me sentirais très mal si j'étais la cause d'un conflit entre Alexandre et vous.

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant