Chapitre 2 deuxième partie

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Depuis que je connaissais Paul, j'avais dû accepter que certaines choses ne trouvaient pas d'explications rationnelles. Depuis sa disparition, je ressentais sa douleur et sa tristesse liées à notre séparation. Comment expliquer cela ? Je refusais son décès et je le sentais au plus mal. Alors est-il mort ? Ou vivant quelque part ? Ou les deux en même temps, comme Schrödinger avec son chat ? Dans son expérience, il met un chat dans une boîte avec du poison. Deux possibilités s'offrent au chat : Soit il mange le poison et il meurt, soit il ne mange pas et il reste vivant. Je vous rassure, c'est une expérience de pensée, aucun chat n'a été maltraité !

Sa conclusion disait que les deux états du chat étaient possibles en même temps dans la boîte et que c'est l'ouverture qui force le destin à prendre une décision. Vivant ou mort ! Mais tant que tu n'as pas ouvert cette boîte, il y a bel et bien un chat mort et un chat vivant en même temps dans la boîte. Moi évidemment, je refusais d'ouvrir cette boîte ! Malheureusement, elle avait été ouverte sans mon consentement, et c'est bel et bien le petit chat mort qui était là. Celui-là même que j'avais t'en serrer dans mes bras.

Cependant une question restait évidente pour moi. Si il y a un chat mort et un autre vivant dans la boîte, que devient le deuxième chat ? Où est le chat vivant ? Où est Paul ?

Tim m'a dit que celui qui arrivera à répondre à cette question, aura sûrement le prix Nobel en physique quantique.

Je ne comprenais pas pourquoi je ressentais autant Paul en moi et encore moins pourquoi cette souffrance nous était infligée. Je m'interrogeais. Quand on cherche des explications à des événements qui dépassent l'humain, les dérives sont faciles. Due à cette incompréhension, plusieurs questions se sont formées dans mon esprit :

Où est Paul ?
Pourquoi souffre-t-il autant ?
Est-ce cela que l'on nomme l'Enfer ? Pourquoi mon petit ange connait-il cet enfer ?

Le Paradis n'existe-t-il donc pas ! C'était pourtant sa place. Ces questions me hantaient de plus en plus.

Je crois que tous ceux qui ont perdu un être cher passent par une phase de questionnement:

Qu'y a-t-il après ?

Ces dernières semaines m'avaient amené à un terrible sentiment d'injustice qui nourrissait une profonde colère. Paul était un ange. "Mon Petit Ange" ne méritait pas cet enfer.
Pourquoi Paul était-il puni ?
Était-ce ma faute ?
Avais-je détourné son âme pure avec ma perversité ?
Après tout, le Père Grégoire l'avait prévenu ! Il devait se détourner des garçons. Mais voilà, je suis arrivé dans sa vie pour le pervertir. Ces injustices, mêlées a une forme de culpabilité, me remettaient profondément en question.

Me serais-je trompé en aimant Paul ainsi ?

Avec ces remises en cause, j'avançais lentement, un jour après l'autre, un pied devant l'autre. Paul était toujours présent en moi et j'avançais grâce à lui. Ma seule pensée était de le rejoindre, de retrouver le petit chat vivant même si pour cela je devais affronter l'enfer.

Certains jours, je ne voulais même pas sortir de mon lit. Les harcèlements répétés de Max faisaient peu à peu leurs effets. Il ne m'avait pas lâché. Il avait passé des heures, enfermé avec moi, dans ma chambre, à supporter ma mauvaise humeur et ma tristesse. Même s'il m'arrivait de le trouver étouffant, j'étais surpris de sa persévérance et reconnaissant de son engagement. Max m'étais plus le même depuis son retour, il avait muri. L'adolescent s'était évaporé et l'homme qu'il devenait, avait revêti un nouveau costume qui lui allait bien.

Il fallait avouer qu'il avait tenu sa promesse. Tous les jours il était là pour moi, a s'imposer pour installer un climat positif. Il commençait par me convaincre de sortir du lit, puis il luttait pour me sortir de ma chambre, pour enfin me pousser à l'extérieur de la maison. Je mentirais si je disais que sa présence ne m'avait pas reboosté. Optimiste, il faisait tout pour mettre un peu de bonne humeur dans ma vie et cela me faisait du bien. Un soir, il réussit l'impensable. Il réussit à me faire rire. En entendant mon propre rire sortir de ma bouche, j'avais immédiatement ressenti un profond malaise et j'avais culpabilisé de ce bref instant de bonheur. Il s'en était suivi une belle crise de larmes. Comme presque tous les jours depuis son arrivée, il m'avait offert ses bras et sa chaleur pour me maintenir à flot.

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant