Chapitre 5 - b

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Rapidement, je mis la main sur deux gros cartons sur lesquels il était inscrit "Alex - Été 12-13 ans". Paul n'était pas très grand et cette taille devait lui convenir. Heureux de ma trouvaille, j'avais descendu les cartons dans ma chambre. Leur déballage avec Paul me replongea dans mes souvenirs de jeune adolescent.

- Vous avez tout ça comme habits ?!

- Oui, ma mère a tout gardé ! Ne me demande pas pourquoi. Elle a dû penser que j'allais rétrécir avec le temps. Que voudrais-tu mettre ?

- Il y a vraiment trop de choix, je n'en ai jamais vu autant. Je serais bien incapable de choisir.

- Parfait, je vais choisir pour toi ! Moi, j'adore faire ça !

J'avais choisi un short de couleur beige qui couvrait juste ses genoux abîmés avec sa ceinture assortie à double boucle, un t-shirt blanc moulant et une chemise bleu-gris portant le chiffre "86" brodé en beige. Je l'avais choisie avec de longues manches pour couvrir les blessures de ses bras. Avec mes petites chaussettes blanches, il ne lui manquerait que des baskets blanches que je n'avais pas à sa taille.

J'avais bien mis dix minutes pour l'aider à s'habiller. Tous les bandages étaient cachés par les vêtements. Sauf ses mains, pour lesquelles je ne pouvais pas faire grand-chose. Je lui remontais les manches de sa chemise en les pliant jusqu'à la hauteur des avant-bras. Pour finir, je le plaçai devant la glace de mon armoire. C'était un autre garçon !

- Ben voilà, tu es parfait, on ne voit même pas que tu es blessé. Un vrai beau gosse. La classe mec.

Paul était bouche bée, médusé devant la glace comme s'il ne reconnaissait pas l'image qu'il avait devant lui. Cette petite séance de relooking lui avait fait un bien fou. Pour la première fois, j'apercevais son vrai sourire et les premiers traits de sa personnalité. Pendant l'espace d'un instant, il avait laissé ses soucis derrière lui. Le voir si heureux, pour quelques simples vêtements, me chavirait sans que j'en comprenne la raison. Sa joie me mettait en émoi et j'aimais ça.

Il fallait immortaliser le moment, je pris mon smartphone pour le photographier. Toujours très directif, je lui demandai de prendre la pose pour moi. Je le fis poser selon mes envies: mains dans les larges poches pour cacher les bandages, je mis son dos appuyé contre le mur et je pliais son genou en calant son pied droit contre la cloison. J'avais fait pivoter sa tête pour qu'il regarde sur le côté.

- Maintenant, montre-moi ton côté Bad Boy ! Je veux voir un rebelle qui est prêt à en découdre avec le premier venu...Parfait comme James Dean, il ne te manque plus que la cigarette.

Il me lança :
- "Rêve comme si tu vivais éternellement. Vis comme si tu allais mourir aujourd'hui."

- Et bien ! Je rêve, tu me cites James Dean. Je suis impressionné. Je ne suis pas certain que beaucoup de personnes de notre âge le connaissent. Moi je suis fan, tu me plais de plus en plus.

Il rougit immédiatement suite à mon compliment. Gêné, son regard tomba vers le sol. Son attitude engendra un sourire attendri sur mon visage. J'adorais cette fraicheur qu'il dégageait. Toujours sans me regarder, il me répondit :

- Oui, j'ai adoré "La fureur de vivre" quand il saute de la voiture juste avant la falaise.

Je le regardais, bloqué, estomaqué, agréablement surpris par ses connaissances cinématographiques. Il m'épatait, je pensais être le seul jeune à aimer les films anciens. Troublé, j'avais eu de la peine à me reconcentrer sur la photo que je venais de prendre.

Le cliché était magnifique. Ses cheveux fins, légèrement ondulés, lui arrivaient jusqu'aux épaules. Il était châtain clair avec des mèches naturelles qui viraient sur le blond. Son visage harmonieux, un peu rond, lui conférait une extrême douceur grâce à ses traits très fins. La photo aurait très bien pu être utilisée pour un magazine de mode.

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant