Chapitre 23

210 18 3
                                    

Il était déjà tard dans la soirée quand nous sommes arrivés à l'hôpital. Sa chambre était déjà prête et ma mère nous y attendait. Mon père demanda immédiatement une batterie d'examens. Comme le labo est normalement fermé la nuit, il avait activé un groupe de piquet pour faire les analyses. Je pouvais enfin souffler, Paul était pris en charge.

Ma mère n'avait pas pu le voir, alors je lui donnais les dernières nouvelles. Et surtout, je trouvais un peu de réconfort dans ses bras. La journée avait été longue et fatigante. Nous n'avions même pas pris le temps de manger. Je remerciais ma mère qui avait prévu le coup, elle avait commandé Thaï pour tout le monde juste avant la fermeture. J'aurais bien voulu partager ce repas avec Paul mais il s'était endormi après les derniers prélèvements.

C'était donc dans une cafétéria désertée que nous avions mangé. Marlène nous avait rejoints, elle avait fini son service depuis deux bonnes heures mais elle avait attendu notre arrivée. Partager ce repas avec elle m'avait fait un bien fou. À son habitude Marlène avait détendu l'atmosphère. Son optimisme, accompagné de son rire communicatif, avait réchauffé nos cœurs. Elle était vraiment exceptionnelle.

Les premiers résultats devaient tomber le lendemain matin. Notre présence à l'hôpital n'était plus nécessaire. Ma mère avait préparé ma chambre et il fallait libérer la baby-sitter qui gardait Mady.

La perspective de laisser Paul seul dans cet hôpital n'était pas envisageable pour moi. Très vite, mes parents avaient compris que la discussion était inutile et que je ne céderais pas. Marlène fit préparer un deuxième lit dans la chambre de Paul.

Le lendemain matin Paul s'était réveillé dans les choux. Il regardait la chambre en s'interrogeant. Visiblement il ne savait pas où il était. La présence de mon visage à son réveil l'avait détendu et il me sourit. Bien que déboussolé, le sommeil lui avait fait du bien. Il avait retrouvé un peu de lucidité. Je lui racontais donc toutes nos péripéties de la journée d'hier. Il était atterré et stupéfait de toute cette mobilisation autour de lui. Il était dans un embarras total à cause de la gêne qu'il avait occasionnée.

Dans la matinée, les premiers résultats étaient tombés. Il n'y avait rien, les recherches de base étaient toutes négatives. Le seul point inquiétant était un taux de globules blancs anormalement bas. Mais rien qui n'évoquait un état de fatigue aussi avancé. Il avait donc besoin de repos.

Paul avait passé presque toute la journée à dormir et moi j'étais resté à ses côtés. Mes parents m'avaient amené des effets personnels et quelques livres. Je lui faisais la lecture pour qu'il s'endorme paisiblement. De temps en temps, il réclamait notre chanson et souvent sa main venait chercher la mienne.

La deuxième journée, Paul allait beaucoup mieux. Il avait récupéré probablement grâce à la médication qui avait dû le rebooster. A la fenêtre, le temps était gris, les arbres n'avaient plus de feuilles. Un passant relevait son col pour se protéger du vent froid qui soufflait. Que de changements en si peu de temps. Nous passions du paradis à un hiver morose.

Dans notre discussion vint notre départ de Madère. Notre arrivée en France inquiétait Paul, il était toujours déclaré disparu et notre retour précipité risquait d'avoir attiré l'attention. Il se sentait trop faible pour être placé en foyer et l'angoisse de la séparation émergea.

Après en avoir discuté avec mon père, il nous avait informés que pour l'instant cela ne devait pas être une source de tracas. Il n'y avait aucun risque tant que son service n'avait pas signé le bon de sortie et pour l'instant Paul avait besoin de repos.

Depuis quelques jours, Paul se remettait doucement. Il dormait toujours beaucoup et avait toujours un peu de fièvre mais plus aucune absence. Les journées étaient un peu longues mais nous restions ensemble. Le plus important était que Paul allait mieux. Depuis mon arrivée, je n'étais pas retourné à la maison. Les seules sorties que je m'autorisais, étaient quand Paul dormait. Je me rendais à l'épicerie pour nous acheter quelques bonbons, chocolats ou chips que je lui donnais en cachette des infirmières. C'était plus un jeu, car il n'avait aucune limitation pour la nourriture.

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant