Le Garçons Perdus (BxB)

Chapitre 16 - a

Je vivais une descente aux enfers, je me sentais impuissant. Paul me manquait terriblement, comme si l'on m'avait arraché une partie de moi-même. Je me sentais coupable de ces quelques semaines de bonheur que nous avions passées ensemble. Il fallait maintenant payer ces moments volés.

Je me sentais également mal par rapport à mes parents. Je les avais mis dans une galère qu'ils ne méritaient pas. Les éléments révélés à ma mère lors de l'audition étaient extrêmement gênants. Je ressentais une honte et j'évitais son regard. C'est elle qui a su trouver les mots pour me réconforter.

- Tu sais Alexandre, il ne faut pas que tu t'inquiètes. Ce que tu as dit à la police, enfin je veux dire que je savais déjà ce que Paul représentait pour toi.

- Ah bon, toi aussi ! Décidément, je suis vraiment transparent ! Tu as deviné comme papa.

- Non, c'est Paul qui m'en a parlé.

- Quoi ? C'est lui qui te l'a dit ?

- Oui, mais pas de manière directe. Un soir, quand nous faisions à manger, nous étions tous les deux et Paul a littéralement craqué. Il était triste, c'était l'anniversaire de sa mère. Je ne veux pas rentrer dans les détails et trahir ses confidences, mais il faut que tu saches qu'il souffre énormément de sa disparition. Il culpabilise de ce décès et son père a accentué sa culpabilité. Il supporte ça depuis deux ans et il n'en avait jamais parlé à personne à part à son confesseur. L'autre soir, il a vidé tout ce qu'il avait sur le cœur. Il avait besoin d'évacuer les tensions, mais son passé est très lourd. Nous avons également parlé de ce qu'il vivait maintenant avec nous. Il le prend très bien, il voit ça comme un miracle. Pour lui, c'est un cadeau du ciel, la chance de sa vie. Il est extrêmement touchant. Il s'est rapidement attaché à nous et surtout à toi. Il t'a mis sur un piédestal. Quand il parle de toi, il a les yeux qui pétillent. Il m'a confié qu'il te voyait au début comme un grand frère mais que ses sentiments envers toi avaient rapidement évolué. Nous avons parlé ensemble jusqu'à ce qu'il comprenne et qu'il mette des mots sur ce qu'il ressentait pour toi. Ce n'est pas facile à son âge, surtout pour une première fois. Il a très peur de ne pas être à la hauteur et de te décevoir. Tu sais, c'est vraiment un cœur pur et je crois que vous vous êtes bien trouvés tous les deux. Avec ton père, nous avons parlé à l'avocat. Nous voulons monter un dossier pour devenir famille d'accueil. Nous ferons tout notre possible pour reprendre Paul à la maison. Tu n'es plus seul à te battre pour lui. Nous aussi nous nous sommes beaucoup attachés à lui.

Je n'arrivais plus à lui parler, ma gorge s'était serrée. Les mots ne sortaient pas. J'aurais voulu lui dire à quel point les siens m'avaient fait du bien, même si elle le savait. Je ne pus que la prendre dans mes bras pour craquer à mon tour.

Depuis plusieurs jours, la solitude s'était emparée de ma vie. Je passais mon temps dans ma chambre à m'inquiéter pour Paul. Comment pouvait-il affronter une telle épreuve ?

J'avais essayé de téléphoner à tous les foyers dans un rayon de 200 km, en vain, personne ne voulait me donner des réponses. Je ne savais pas où il se trouvait. J'aurais volontiers organisé son évasion.

Aujourd'hui était un jour encore plus difficile. C'était l'anniversaire de Paul, il avait 15 ans. Il passait son anniversaire seul, dans un foyer. J'étais allongé sur mon lit, son oreiller dans mes bras. Même son odeur me manquait. Ma playlist diffusait une chanson qui m'avait mis les larmes aux yeux. Feldman l'avait appelé Petit Franck, mais il aurait pu l'appeler Petit Paul :

T'écris ton nom sur les murs

Tu voudrais bien jouer les durs

Mais y a quelqu'un qui te manque