Chapitre 12 - b

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Le temps passait vite et il était déjà l'heure d'aller à l'hôpital. Paul m'avait fait une petite liste de courses à prendre car nous n'avions plus grand-chose. J'abandonnais donc Paul à ses exercices informatiques.

Pendant ma pause, je m'étais rendu à l'épicerie et j'avais eu l'impression d'être suivi par un individu. Cette histoire avec Paul commençait à me rendre paranoïaque.

Au travail, grâce à Marlène, je me sentais mieux. J'avais rapidement repris une forme de routine.

J'avais constaté que Paul et moi aimions bien notre routine. Les balades dans les collines, l'apprentissage de Paul, les douches, les repas étaient vite devenus importants. C'était aussi un comportement atypique, normalement les jeunes de notre âge n'étaient pas très routiniers. Je crois que notre organisation se voulait rassurante, comme une bulle que nous construisions autour de nous.

J'avais également profité d'un moment de libre à l'hôpital pour téléphoner au père de Léa. Je m'inquiétais pour elle et je voulais avoir de ses nouvelles. Il m'avait appris qu'elle n'allait pas très bien et qu'elle se faisait aider par un psychologue. Notre rupture avait fait émerger les problèmes latents de son passé. Son père m'expliqua que ce n'était pas une mauvaise chose. Il savait que cela allait ressortir un jour et le plus tôt était le mieux. Il ne m'en voulait plus et j'ai même senti qu'il cherchait à me faire déculpabiliser. Il m'expliqua que Léa était bien entourée et qu'il espérait que nous retrouvions bientôt notre amitié. Sa confiance m'avait profondément touché.

Ma journée avait été longue. Pendant la soirée, je voulais essayer de montrer à Paul un petit film ou une série. J'avais jugé que c'était un bon portail sur le monde extérieur. Une fenêtre qui lui permettait de maintenir une certaine distance. La difficulté était de choisir quelque chose de pas trop long, qui se passe en extérieur, qui soit actuel et sans scène de violence. C'était presque une mission impossible pour réunir toutes ces conditions.

Mon choix s'arrêta sur la série "Code Quantum", bien que vieillotte, c'était un joli clin d'œil à notre situation.

Mon deuxième choix était la série "Malcom", je trouvais que les conditions sociales de cette vie de famille étaient très proches de la réalité.

Mon idée avait suscité de vives contestations de la part de Paul, il ne voulait pas passer ses soirées devant la télé. Il m'expliqua de manière très naturelle qu'il avait passé tout l'après-midi à m'attendre. Donc, il préférait passer son temps avec moi pour partager un moment de tendresse et se faire des câlins. J'étais fasciné avec quelle simplicité, il arrivait à dire les choses qu'il ressentait. Autant, je n'étais pas pudique sur le plan sexuel, mais autant j'exprimais mes sentiments avec pudeur. Chez Paul, c'était l'inverse, il aurait caché son sexe pour donner son cœur. Il avait mis du temps pour me donner sa confiance, mais une fois accordée, il livrait ses sentiments avec une aisance surprenante.

Paul était en manque de tendresse et son passé en était probablement la cause. Ses attentes pour nos soirées n'étaient pas sexuelles, il voulait juste passer un moment de complicité et de tendresse à partager. Paul donnait autant, voire plus qu'il recevait.

Il m'avait convaincu et j'avoue que j'étais, moi aussi, très friand de ces moments passés avec lui. J'avais tout de même gardé la face en lui expliquant le fonctionnement du lecteur DVD et je lui demandais de regarder quelques épisodes durant ses après-midi de libre. Paul était ravi de sa victoire.

Cette nuit-là, ma dispute avec Max était venue hanter et troubler mon sommeil.

Le lendemain, j'avais décidé d'écourter notre balade dans les collines. Il fallait que je parle à Tim, seul à seul. Je voulais le mettre dans la confidence et le mettre sur le coup de l'identité de Paul. L'échéance de l'arrivée de mes parents approchait aussi vite que l'épée sur mon cou.

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant