Le Garçons Perdus (BxB)

Chapitre 13 - b

Diapo Pagnol 

Musique de Vladimir Cosma

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C'est le bruissement régulier du gravier qui m'informa de l'arrivée du Range Rover. Le sourire de ma mère apaisa mon anxiété et je leur souriais malgré mon inquiétude. C'est en les serrant dans mes bras que je me rappelais à quel point ils m'avaient manqué.

J'aidais ma mère à porter ses valises dans l'entrée de la maison. Immédiatement, tous les deux scrutèrent la pièce principale qui était propre et rangée. Je ne leur laissai pas le temps de faire un commentaire.

- Venez-vous asseoir dans le canapé, j'ai quelque chose d'important à vous dire.

En ces quelques mots, j'avais assombri leurs visages. Je pouvais lire l'inquiétude de ma mère sur le sien. Son anxiété devait déjà presque égaler la mienne et elle me dit:

- J'espère qu'il n'est rien arrivé de grave.

- Non, mais j'ai un aveu à vous faire.

- Ah bon ! S'exclamèrent-ils ensemble.

- Oui, en fait pendant votre absence je ne suis pas resté seul à la maison ...

Mon père me coupa la parole en souriant.

- Tu sais fiston, on se doutait bien que Léa viendrait passer ses vacances avec toi. Nous en avions discuté avec ta mère et cela ne nous pose pas de problème.

- Non, ce n'est pas ça. J'ai rompu avec Léa. D'ailleurs elle ne va pas très bien ! Elle fait une dépression et elle a dû partir dans sa famille en Normandie.

Mes parents étaient passés de l'inquiétude à un comportement compatissant. Ma mère avait une gestuelle très expressive et elle me lança:

- Mon pauvre chéri, tu as dû te sentir très mal. Pourquoi n'as-tu rien dit ? Nous n'étions pas loin, nous serions rentrés.

- Oui effectivement ma situation avec Léa est difficile mais ce n'est pas de ça dont j'aimerais vous parler ! La nuit de votre départ, j'ai oublié de mettre le système d'alarme et quelqu'un s'est introduit dans la maison...

Ainsi, je leur racontai toute l'histoire ou presque. Certains détails, que je jugeai personnels, étaient passés à la trappe.

Évidemment, devant un tel discours, il ne pouvait que s'inquiéter de ma santé mentale. Ils ne disaient rien et m'écoutaient attentivement en essayant de tenir les tenants et les aboutissants dans cette affaire éberluée.

Je savais que mon père était très factuel, il avait besoin de preuves. Je savais aussi que même avec des preuves, il continuerait à douter. Je ne pouvais pas lui en vouloir car j'étais passé par le même chemin.

Avec l'autorisation de Paul, j'avais sorti sa boîte à biscuits. Il m'avait également permis de lire sa lettre. L'émotion qui en transpirait avait touché ma mère.

Sur la petite table du salon, une à une, je posai les photos de Paul datant des années 60. Je posai également l'article de sa disparition où figurait sa photo portrait et celle du vélo. J'avais également imprimé les documents de la mairie.

J'expliquais que Paul était simplement revenu chez lui car à ses yeux c'est nous qui étions dans sa maison.

Ils regardaient tous ces documents avec attention dans un silence religieux. Alors j'enchainais:

- Ces événements sont tellement inexpliqués, irréalistes, qu'il est évident que je ne vous demande pas de croire à cette histoire. Mais dans tous les cas, nous avons quelqu'un qui a besoin d'aide. Je l'ai soigné et je me suis engagé auprès de lui pour lui apporter mon aide. Pour lui comme pour moi, il est hors de question de le remettre aux autorités et je ne pourrai pas accepter que cette pensée vous effleure l'esprit. J'attends de vous que vous l'accueillez comme un ami qui vient passer des vacances chez nous. J'aimerais que vous lui laissiez une chance de faire votre connaissance. Ce temps nous permettra de figer la situation et de trouver des solutions.