Paul est mort.
On est si peu de chose quand l'autre s'en va ! J'aimerais tant lui tenir encore la main. Juste pour un jour, juste pour une heure. Oui, rendez le moi juste une heure pour que je puisse lui offrir mes bras, mes épaules et mon dos. Que je puisse continuer de partager mon cœur avec lui. Juste une heure. Il était ma force, mon repère et ma lumière. Sans sa lumière, je ne voyais que la profondeur abyssale des limbes. Attirant, inexorablement tous les rayons lumineux; les capturant pour éteindre la lumière dans mes yeux.
Il pleuvait dans ma mémoire et j'avais très peu de souvenirs de cette période bien que quelques flashes me revenaient. D'autres personnes ont comblé les trous pour moi. Les situations et leurs conséquences se rappellent trop souvent à moi, comme une brûlure dans mon âme. Mais tous ces souvenirs restaient brumeux. C'est mieux ainsi, de toute façon, ils ont peu d'importances:
- Je suis dans sa chambre à l'hôpital. Paul ne se réveille pas. Mes jambes ne me tiennent plus. Marlène et mon père sont là mais je ne les vois pas. Ils me parlent mais je ne les entends pas.
- Je me réveille, je reconnais ce plafond, c'est celui de ma chambre. Je regarde autour de moi et tout est dévasté. Les meubles sont cassés, le miroir est brisé, les rideaux arrachés. Des déchets jonchent le sol. Hyde est passé par là. Mes mains sont douloureuses.
- Je regarde un arbre, ses premiers bourgeons sont sur le point d'éclore. Il fait beau. Sur une branche, je crois reconnaître un Rossignol Philomèle. Il faudra que je demande confirmation à Paul. Le petit Rossignol pleure quand il voit la boîte blanche descendre en terre. Moi, je chante. Ou alors, c'était l'inverse. Je ne me souviens plus.
- Je suis à table, mon assiette est pleine. Les autres sont vides. On attend quelque chose de moi. Je n'y arrive pas.
- Je regarde le plafond de mon ancienne chambre. Je lis la lettre de Paul. Il m'a tout avoué et il m'attend dans la cabane du vieux Ben. Je suis pressé d'aller le retrouver. Avant de quitter la maison, j'aperçois ma mère assise à la cuisine. Elle pleure.
- Je suis couché dans nos collines. J'aperçois les étoiles. Je le cherche. Les nuits sont encore froides. Mes amis me cherchent aussi. J'entends crier mon prénom.
- Je ne connais pas ce plafond. Ils m'ont donné une blouse pour la nuit. Elle est moche. Ils aimeraient que je reste là. Désolé, il m'attend, je ne peux pas rester là. Je n'ai plus de chaussures.
- Je marche dans les collines. Mes pieds me font mal, ils sont en sang. Enfin mon père arrive. Il va m'aider à chercher. Peut-être qu'à nous deux, nous le trouverons.
- Je me réveille, encore ce même plafond inconnu. Encore cette blouse hideuse. Mes pieds sont bandés. Des sangles me retiennent au lit.
- Je discute avec quelqu'un. Je crois que je l'ai déjà vu. Il me parle des étapes du deuil. Je lui explique qu'il faut que je prévienne Paul. Il ne doit surtout pas prendre son vélo.
- Je suis à la fenêtre de ma chambre. J'attends l'orage. Je n'ai toujours pas faim.
- Je me réchauffe avec les rayons du soleil. Je suis assis par terre, devant la cabane de Ben. Mes parents m'ont accompagné pour mon pèlerinage. La petite Mady escalade mon dos, passe sa tête par-dessus mon épaule, elle me sourit :
"Tu es triste parce que tonton Paul est parti ? C'était ton amoureux ?"
Je lui souris.
- Je suis assis sur une couverture dans le jardin. Il y a beaucoup de monde. Il y a trop de bruit. Ma mère me demande de déballer des cadeaux. Aujourd'hui j'ai 18 ans.
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Le Garçons Perdus (BxB)
Любовные романыEscalade de la sexualité entre 2 garçons. Histoire terminée. Cette histoire raconte l'éveil des sentiments entre deux adolescents (2 garçons) et la naissance de leur sexualité. Attention fleurs bleues. Y-a-t-il un âge pour s'aimer ? Le plus jeune...