Chapitre 3 - b

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J'avais dû l'aider à marcher pour l'installer sur mon lit. Depuis mon premier stage, j'avais fait acheter à mes parents mon propre matériel de soins pour les premiers secours. J'étais donc plutôt bien équipé. Paul était dans un sale état. Pas un seul de ses membres n'était pas couvert de sang frais ou de sang séché. Son short était déchiré au niveau de la hanche droite où je devinais une plaie qui saignait encore.

Je lui expliquais quelles étaient mes intentions :

- Premièrement, il va falloir que l'on enlève tes vêtements. Je t'en donnerai d'autres. Ensuite, il va falloir enlever tout le sang séché afin que je puisse voir l'étendue de tes blessures. Dans un deuxième temps, je pourrais nettoyer tes plaies, les désinfecter et arrêter les saignements. Pour finir, je te mettrais des bandages.

Paul avait écouté attentivement mes instructions, mais son reflet dans le miroir de mon armoire le ramena en état de choc. Il est resté figé devant la glace. Il prenait la mesure de la gravité de son état. Les yeux rougis, il contenait ses larmes par fierté devant moi et me fuyait du regard. Il était terrorisé ! Ses émotions étaient extrêmement communicatives et un profond sentiment d'apathie s'empara de moi.

Instinctivement, je m'étais mis à sa hauteur et je posai ma main sur sa nuque. Ainsi, je coupais la vision de son image et je captais son regard.
D'une voix douce, je lui dis :

- Paul, regarde-moi... Ça va aller. Je vais t'aider.

Une larme roula sur sa joue et Paul me faisait un sourire forcé pour me dire merci. Tout doucement, en essayant de lui faire le moins mal possible, je lui enlevais ses vêtements. Son slip était maculé de sang qui coulait encore de sa hanche, il fallait également le changer. Je ressentis son malaise. Il était clairement gêné de se mettre nu devant moi. Malheureusement, il n'y avait pas d'alternative possible pour le soigner. Pour respecter sa pudeur, j'étais allé chercher un linge pour couvrir son intimité. Toujours avec le plus de douceur possible, j'essayais de le rassurer comme je pouvais.

- Paul, je sens que cette situation te gêne. On peut toujours commencer à te nettoyer avec ton slip. Mais pour soigner ta hanche, il faudra bien l'enlever. Il ne faut pas que tu t'inquiètes, je ne suis pas là pour te juger. Et puis on mettra la serviette,  Ok?

Au bord de l'épuisement nerveux, le pauvre petit Paul n'arrivait plus à contenir ses larmes. Il les laissa couler et c'était mieux ainsi car il en avait besoin. Il me fit quand même un signe de la tête pour me confirmer qu'il avait accepté. Avec bienveillance, je lui ébouriffais lentement les cheveux en lui offrant mon plus beau sourire pour lui donner un peu de compassion. Une fois son sous-vêtement retiré, je l'avais rapidement couvert avec le linge. Lors de cette opération, j'ai dû feindre de ne pas être surpris, je ne m'attendais pas à ça !

Bien sûr, je n'ai rien fait paraître pour ne pas mettre Paul mal à l'aise. Je m'attendais à découvrir un petit sexe de quelques centimètres d'un garçon prépubère. Visiblement, je m'étais trompé sur l'estimation de l'âge de Paul. Il avait beau avoir le visage d'un enfant, c'était déjà un adolescent. Son sexe n'était pas beaucoup plus petit que le mien. Certes, il était un peu moins poilu mais complètement développé. Je comprenais maintenant pourquoi il avait l'air tant gêné. En mettant ses vêtements sur le côté, je me risquais à lui poser une question entre deux sanglots:

- Quel âge as-tu ?

- J'ai 14 ans, presque 15.

- OK presque 15, je vais faire le plus doucement possible pour te nettoyer les plaies. Mais cela risque de faire un peu mal. N'hésite pas à me dire si c'est trop douloureux.

Je lui avais dit cela en souriant afin de détendre l'atmosphère. Avec un gant et de l'eau tiède, il me fallut plusieurs minutes pour débarrasser le sang et voir enfin les plaies. En lui passant le gant dans son dos, je constatai trois marques qui étaient antérieures aux autres blessures. Je ne fis aucun commentaire. Les blessures étaient nombreuses, certaines étaient superficielles et d'autres moins.

Paul avait supporté la douleur sans se plaindre. J'avais dû enlever quelques impuretés dans les plaies avec la brucelle. Une fois le nettoyage terminé, j'ai pu les désinfecter. Les paumes de ses mains étaient particulièrement abîmées. Mais ce qui m'inquiétait le plus, c'était la blessure à sa hanche. Bien qu'elle ne soit pas trop large, elle était plus profonde que les autres. Dans l'idéal, il aura fallu faire quelques points de suture. À défaut, j'avais suturé la plaie avec des agrafes autocollantes. L'inconvénient était qu'elles tenaient beaucoup moins bien. Il fallait donc impérativement que Paul ne bouge pas trop pendant sa convalescence.

J'avais fini par lui mettre des bandages et quelques pansements. Comme mon expérience pour bander des mains était restreinte, j'avais dû faire plusieurs tentatives. Mais au final, j'avais trouvé que mon travail était satisfaisant.

- Et voilà, dans quelques jours, tu seras comme neuf.

Pour finir, je pris un de mes caleçons dans ma commode et je l'avais aidé pour l'enfiler. Je sentais qu'il était au bord de l'épuisement. Je l'ai recouvert d'un drap et lui ai calé sa tête avec un oreiller. Je pris mon thermomètre digital et en m'approchant de son oreille je lui dis :

- Je vais juste encore te prendre la température.

- Dans l'oreille ?

- Oui, je pourrais la prendre ailleurs mais c'est bien moins agréable. Avais-je répondu en rigolant.

J'avais à peine fini ma phrase que le thermomètre bipait et m'indiquait 37,6 degrés. Vu ce qu'il venait de vivre, cela me semblait être une valeur acceptable.

- Voilà, c'est tout bon monsieur Paul !

Avec sa main, emballé comme une moufle, il essaya d'attraper la mienne au moment où je m'éloignais. Je le regardai et je sentis dans son regard, plein de reconnaissance.

- Merci. Me dit-il.

- Bon, il est 4h20 et le jour va bientôt se lever. Nous devrions dormir un peu. Mais avant, c'est à mon tour d'aller me débarbouiller, j'ai mis du sang partout. Je vais prendre une douche et je reviens.

Dans la salle de bain, je fouillais les vêtements de Paul. Malheureusement mes recherches furent vaines, il n'y avait rien dans ses poches. En regardant ses habits, je fus surpris de ne trouver aucune étiquette. Aucune marque ni aucune consigne pour le nettoyage. Ces habits étaient clairement inhabituels. Je pris une douche bien chaude me relaxer et réfléchir. Pendant que l'eau ruisselait sur mon corps, mille questions se bousculaient dans mon esprit.

En sortant de la douche, je traversais ma chambre, volontairement nu pour aller me chercher un caleçon dans ma commode. En passant, je regardai Paul qui ne s'était pas encore endormi malgré la fatigue. Quand je vis son visage se détourner, je lui dis :

- Tu vois, je t'ai vu nu et tu m'as vu nu ! Donc, on dira un partout, la balle au centre. Et comme tu le constates, nous ne sommes pas très différents.

Paul me sourit, rassuré par cette marque de confiance. Je voulais nous mettre sur un pied d'égalité pour obtenir ses confidences.

- Tu ne dors pas encore ?

- Non, je crois que j'ai un peu peur de m'endormir. Me dit-il d'un air désespéré.

- Ici, tu ne crains rien.

- Mais vos parents ne vont pas rentrer ?

Non, ce n'est pas prévu. Je suis seul et un peu de compagnie me fera plaisir. Je vais aller dormir dans mon ancienne chambre à l'étage. Je vais laisser la porte ouverte donc si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas !

- Euhhh tu... est-ce que vous pouvez rester avec moi, jusqu'à ce que je m'endorme ?

Il semblait tellement perdu et tellement gêné par sa demande qu'il en était attendrissant. Je ne savais pas à quoi étaient liées ses peurs mais je lui répondis avec un sourire et je me posai dans mon lit à ses côtés.

Trois minutes plus tard, il dormait déjà. Pendant plus d'une demi-heure, je l'observais pendant son sommeil. Son visage était crispé, les dents serrées et il était agité. De quoi pouvait-il avoir si peur ? Je ne pus résister à mon envie de passer ma main dans ses cheveux pour le rassurer de ses cauchemars. Il se calma et je finis par regagner la chambre supérieure. A mon tour, je sombrais rapidement dans les bras de Morphée.

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant