En cet été 2010, avec le retour de mes parents, le mas reprenait vie. Pour finir l'été, mon père avait repris une activité partielle administrative à la maison, juste quelques heures par jour. Quant à ma mère, elle n'avait pas prévu de reprendre les consultations avant le mois de septembre.
Mon stage s'était terminé et je pouvais enfin commencer à profiter de mes vacances. C'est dans ces conditions, accompagné de Paul, que je vivais le plus heureux de mes étés.
Le soleil généreux de ma Provence, les cyprès, les lavandes et les oliviers nous offraient un cadre paradisiaque. Et c'était parmi eux, que commença la féerie de l'été. Une vie sans chaussures, une vie sans t-shirts. Une vie de bohème où nous étions fatigués de nous reposer.
Il fallait prendre le temps ! Apprendre le "Lâché-prise" de Marlène. Apprendre à ne rien faire. Apprendre à se satisfaire des petits bonheurs tout simples que nous offrait la vie.
Quand le soleil était au zénith, nous nous retrouvions dans les hamacs, à l'ombre des pins, à nous faire bercer par le Mistral, une citronnade à la main. Comme bruit de fond, nous écoutions, une platine qui jouait l'air d'un vieux vinyle. Pour le grand bonheur de tous, le temps s'était arrêté, comme sur une photo qu'il aurait été impossible de dater.
Habituellement, l'oisiveté était loin d'être le mot d'ordre dans cette famille. L'exception faisait du bien à tous. C'est dans cette parenthèse de sérénité que mes parents commençaient à découvrir Paul. De nous tous, c'était lui le plus occupé, le plus demandé et le plus partagé. C'était sans se concerter que nous avions partagé notre temps pour amener Paul dans son Nouveau Monde.
Comme je l'avais prédit, la complicité entre Paul et ma mère n'avait pas mis longtemps à s'installer. Notamment lors de la préparation des repas, ma mère avait été stupéfaite des talents de Paul. J'avais très vite compris que je n'avais pas ma place dans la cuisine, ni dans ce duo. J'observais ma mère transmettre chaleur et tendresse à Paul. Quant à lui, avec son grand sourire et ses yeux de chat, il vénérait cette nouvelle prêtresse de la maison. Comment aurait-elle pu lui résister ?
Lors de mes observations de ce duo, il arrivait que je croise le regard de Paul. Aussitôt il changeait de direction, il ressentait une gêne de cette complicité naissante qu'il avait trouvée avec ma mère. Cette culpabilité de sentiments m'attendrissait. Je ne souhaitais que son bonheur et ce partage maternel m'emplissait de joie.
Je fus beaucoup plus surpris de la complicité que Paul avait réussi à installer avec mon père. Ils leur arrivaient fréquemment de faire d'interminables parties d'échecs dans lesquels mon père lui expliquait le monde. Et mon paternel, certainement trop pris dans ces explications, faisait régulièrement tomber son roi devant le petit fou.
Je crois qu'il avait enfin trouvé un fils à sa hauteur. J'étais soulagée de cette complicité car elle m'avait semblé plus qu'incertaine. Mon père, avait ressorti sa vieille platine vinyle "Bang et Olufsen". Avec Paul, il l'avait installé sur la terrasse. Cette musique qui venait d'un autre temps, celle de la jeunesse de mon père, avait transformé notre jardin en lui donnant vie. Il était devenu une pièce à vivre festive pour nos soirées.
Je ne sais pas si c'était moi qui avais changé ou mon père, mais il avait définitivement changé son attitude à mon égard. La vision du "moi enfant" avait disparu et une relation égalitaire s'était naturellement installée. C'est ainsi que je découvrais une nouvelle complicité entre nous. Nos échanges étaient plus libres, plus spontanés et pour la première fois, j'avais l'impression que mon avis comptait. Le soir, alors que mon petit œdipien s'affairait au fourneau avec ma mère, mon patriarche venait m'offrir une bière sur la terrasse. C'est ainsi que les cigales se taisaient pour laisser place à nos discussions père-fils.
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Le Garçons Perdus (BxB)
RomantizmEscalade de la sexualité entre 2 garçons. Histoire terminée. Cette histoire raconte l'éveil des sentiments entre deux adolescents et la naissance de leur sexualité. Attention fleurs bleues. Y-a-t-il un âge pour s'aimer ? Le plus jeune garçon, Paul...