Chapitre 22 - a

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C'était le matin, je tenais une rambarde et mon nez pointait vers le bleu du ciel. Paul était juste à côté de moi. Nous étions à côté du terminal et nous regardions leur avion s'envoler. L'avion avait disparu pour laisser place à un ciel désert. L'immensité du vide que je contemplais s'était emparée de moi. Les dix jours de visites étaient passés aussi vite qu'une étoile filante et maintenant mes parents brillaient par leur absence.

Nous étions moroses de les voir partir et ils nous laissaient un sentiment de solitude. Mais d'un autre côté, nous étions heureux de nous retrouver seulement tous les deux. Aucun échange entre nous n'avait été nécessaire pour savoir comment nous allions meubler le reste de la journée. Nous allions rester dans la chambre et j'allais vite trouver de nouveaux jeux. C'est fou comme les adolescents ne peuvent penser qu'à une chose ! C'est fou comme les adultes regrettent leurs adolescences !

Après dix jours de vie communautaire, il nous avait fallu deux jours pour que nous daignions mettre le nez dehors et reprendre une vie normale. Nous avions alors repris nos activités de randonnées sportives afin de ne pas nous installer dans une vie de débauche. Mes envies et mes désirs grandissaient avec le temps et je m'inquiétais que ma perfidie prenne le même chemin. Bien que Paul était très engagé et me suivait dans mon cheminement, je le percevais comme plus modéré. J'avais l'impression qu'il avait trouvé son équilibre.

Plusieurs jours plus tard, lors d'une de nos ascensions, j'abordais le sujet de mon obsession du sexe. Je m'inquiétais de ces récurrences, d'en vouloir toujours plus. Je remettais en cause ma normalité et ma moralité. Était-ce une attitude naturelle lors du passage à l'âge adulte ? Ne fallait-il pas freiner mes pulsions ?

Paul m'avoua qu'il ne se posait pas ces questions. Il était prêt à me suivre et à assumer totalement ma libido sous réserve qu'il devait en être le seul bénéficiaire.

Visiblement, mes fantasmes que je trouvais pervers ne l'étaient pas forcément pour lui. Il finit donc par conclure que tant que nous étions sur la même longueur d'onde, ces questions n'avaient pas lieu d'être. Avec un petit ton sarcastique, il promit de m'avertir s'il se sentait "dépassé" par ma libido.

Cette conversation me rassura car si je sortais de la "normalité", nous étions deux. Paul assumait mes désirs et cela comblait les siens. D'ailleurs en parlant de ses désirs, il ne se gênait pas pour se servir allègrement de moi en fonction de ses envies.

Ce jour-là, arrivé au sommet, Paul en avait décidé ainsi. Assis sur une couverture que nous avions déposée au sol, nous admirions la vue. Je n'arrivais pas à lâcher ce paysage grandiose. Se sentir si petit devant cette immensité.

Quant à Paul, il avait gentiment dévié du sujet de contemplation principale pour mon anatomie.

Je devinais où cela allait nous mener. Je n'étais pas bien chaud car nous étions trop exposés aux autres randonneurs. Mais mon avis n'avait aucune importance et mon sort était déjà joué. Paul, en mode chasseur, avait mis tous ses sens en éveil. J'étais la souris dans les pattes du chaton.

Je le sentais me regarder, m'observer, m'étudier. Mais sa vue réveillait inexorablement ses autres sens.

Le deuxième, le toucher, fit rapidement son apparition. Ainsi ses mains partirent sous ma chemise, au contact de ma peau. Ses mains étaient si douces ! Mais cette douceur n'égalait pas sa frénésie. Après les mains, ses lèvres réclamaient aussi le droit à ce sens et le premier baiser arriva. L'éréthisme de son cœur le conduit très vite à la suite, car bien évidemment le toucher ne lui suffisait plus.

Avec ardeur il ajouta le troisième sens, l'odorat. Il me sentit dans le cou, puis il prit de profondes inspirations dans mes cheveux.

À force de caresses descendantes, il put satisfaire son ouïe en entendant le plaisir qu'il me procurait. Qu'il était bon d'être la victime de sa passion et de ses désirs !

Le Garçons Perdus (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant