Quand elle rangea son cahier, elle vit que Cydrac et Suwane les avaient rejoints. Le jeune seigneur montagnard regarda Tranit droit dans les yeux, ses magnifiques grands yeux bleus qui aujourd'hui étaient un peu plus clairs que d'habitude.
— Ça va ? lui demanda-t-il avec un léger soupçon d'inquiétude.
— Ça ira, lui affirma Tranit. J'ai tout ce qu'il me faut ! Mais comme je chante très mal et ne joue d'aucun instrument de musique hormis mon flutiau, tu fourniras les bardes pour composer mes chansons ?
— Tes chansons ?
La plupart des gens étaient déjà heureux d'avoir leur propre chant de gloire, mais Tranit lui désigna les deux monstruosités derrière elle.
— Vu la taille de ces dingueries, j'aurais besoin d'au moins deux chansons, si ce n'est le double !
Suwane apprécia la pirouette et même Cydrac se dérida un peu, cette fois-ci. Erwan eut un petit sourire mystérieux en hochant la tête, amusé.
— On risque d'avoir très bientôt la visite de certains membres de ma famille d'adoption. Avec eux, tu seras servie. Rentrons maintenant, nous allons être plutôt occupés.
Ils regagnèrent leur transport, plus bas, et Tranit passa quelques instants avec le chef de patrouille, à lui rappeler les consignes. Avec ses hommes, il allait passer une nuit plutôt désagréable : il faisait un peu froid au goût de la jeune femme, mais sa vigilance était primordiale.
La jeune femme resta silencieuse la plus grande partie du trajet de retour au camp. Erwan et Cydrac discutaient d'autres affaires et la jeune femme se demandait si elle avait bien tout préparé ou rien oublié.
Quand Erwan et Cydrac lui demandèrent une nouvelle fois si ça allait, Tranit se força à sourire. Elle devait faire une drôle de tête pour qu'ils s'enquièrent de son état d'esprit plusieurs fois. Tranit s'efforça de respirer calmement et de sourire.
Peu avant dix-huit heures ils étaient de retour parmi les leurs et la jeune femme convoqua tous ses officiers pour après le dîner qui allait commencer.
Erwan la laissa se débrouiller seule, comprenant que ce n'était pas le moment de vouloir être trop attentif alors qu'elle avait besoin de rassembler tout son courage et son attention sur son objectif.
Tranit s'accorda une petite assiette de brouet chaud avec quelques quenelles de poisson puis réfléchit à ce qu'elle allait dire à ses hommes. Ils arrivèrent aussi vite que la politesse les y autorisait. Tous avaient hâte d'en savoir plus et tous la dévisageaient.
Les deux cent soixante-trois officiers des deux régiments d'infanterie furent rapidement tous là : le jeune colonel Alioz comme les huit autres commandants, les dix-huit capitaines accompagnés de tous leurs lieutenants et des enseignes. Adacie était venue avec tous ses pilotes et leurs assistants. Même les officiers des troupes non-combattantes devaient assister à cette réunion.
Tranit donna immédiatement ses impressions sur ce qu'elle avait vu et ne put que confirmer ce qu'ils avaient supposé et envisagé pour l'attaque. Elle annonça que le lendemain, alors que les régiments feraient route vers le camp de base, tous les officiers iraient en kañv, pour voir par eux-mêmes.
Tranit avait l'illusion que peut-être l'un d'eux aurait soudainement une idée de génie en voyant enfin leur objectif. Elle ne les garda pas longtemps avec elle. Tous savaient exactement à quoi s'en tenir et ce qu'ils devraient faire le jour de l'attaque.
Ils avaient établi plusieurs possibilités d'évolution pour leur assaut et tous sauraient s'adapter à la situation. Une fois qu'ils seraient à l'intérieur, ils aviseraient.
Tranit remercia tout le monde et annonça qu'elle répartirait elle-même les officiers qui iraient voir les citadelles.
Ensuite, elle resta seule. Adacie et Suwane étaient parties avec les pilotes pour encore une fois méticuleusement réviser leurs chariots volants. Une fois les listes établies, Tranit n'avait rien d'autre à faire. Erwan était plongé dans de longues discussions avec Benwan et Cydrac. Le TOP fixé au-dessus d'un de ses chariots semblait fonctionner en permanence.
Elle prit une douche chaude pour tenter de se détendre, nota quelques impressions qu'elle voulait partager avec son père et sa sœur dans une lettre qu'elle n'écrivait que phrase par phrase et qu'elle n'enverrait probablement jamais, puis chercha à dormir.
Elle resta immobile et éveillée, attentive aux moindres bruits. Finalement, elle ne dormit pas un seul instant. Elle ne pouvait plus dormir. Dans son esprit, elle passa en revue la quasi-totalité des hommes de son régiment, puis de nombreux de l'Etxalar qu'elle avait croisé.
Elle se revit écoutant ses officiers pour constituer les groupes d'assaut qui allaient partir avec elle au combat.
* * *
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 6
FantasyDernier couplet (?) de cette aventure, Tranit part finalement en guerre. Un voyage peut-il se dérouler sans aucun incident lorsque des milliers d'hommes en armes errent dans les montagnes sans vraiment savoir où ils vont ? Avec un commandement errat...