Mais elle n'eut pas le temps de le redouter. Alors que le catamaran semblait s'approcher du rivage, de nouveaux cris de joie se firent entendre. Le catamaran du Barcus arrivait enfin sur le lac, fort probablement suivi par celui de l'escadron de kañvs.
Mais ce dernier, bien moins chargé, n'avait pas connu les mêmes soucis que les trois autres navires. Erwan et Tranit finissaient silencieusement leurs chopes qu'un mousquetaire s'approchait du jeune prophète avec des messages papier.
Lorsqu'il releva les yeux, Tranit lui souriait et lui fit signe d'y aller.
— On te réclame à la forteresse, j'imagine ?
— C'est à peu près ça, maugréa-t-il en se levant presque à regret. Cydrac et Adacie exigent ma venue au plus vite.
— Je m'occupe de tes chariots et du débarquement. On se revoit demain ?
Erwan confirma d'un signe de tête.
— D'ici deux jours au plus tard.
Il rendit son salut à la jeune femme avant de partir d'un pas rapide. Tranit vida une bouteille d'eau et lâcha discrètement un long rot pour se soulager d'avoir mangé trop vite, avant d'appeler l'enseigne d'astreinte et de lui ordonner de préparer le bagage d'Erwan.
La jeune femme quitta le véhicule et monta sur le dessus de la cale pour découvrir le paysage. Le catamaran était juste au pied d'une paroi rocheuse qui avait été travaillée par l'homme et à presque trois cents toises de hauteur la forteresse surveillait bien les environs.
Elle fut envahie d'un sentiment de joie en découvrant ce nouveau paysage et le fut encore plus en voyant que le catamaran s'était approché de la rive et avait déjà installé ses passerelles, alors que les premiers dorkis arrivaient seulement en vue de l'escadre.
Comme si c'était la moindre des choses, Tranit se rendit d'elle-même à la cabine de pilotage et félicita longuement le capitaine et ses officiers pour leur plus grande joie. La fatigue et les difficultés passées se lisaient sur leur visage creusé et leur teint hâve.
Bien que les hommes continuassent à travailler d'arrache-pied, les exclamations de joie ne cessaient de se répéter d'un navire à l'autre. Les cavaliers arrivant saluaient leurs camarades marins, les équipages s'interpellaient d'un navire à l'autre. Dès qu'une nouvelle était apprise, elle était accueillie d'exclamations, d'applaudissements.
Alors que les dorkis du train d'Erwan remontaient à bord, Tranit profitait de la gentillesse d'un patrouilleur pour regagner le bord du dernier catamaran où se trouvaient ses chariots et une partie de son état-major.
Elle y fut accueillie comme si c'était grâce à elle que les navires étaient parvenus jusqu'ici et Tranit ne put que sourire bêtement aux dizaines de marins et de soldats l'applaudissant. Mais elle avait aussi remarqué que le petit 011 de Suwane était là, en train d'être inspecté par une équipe, aussi chercha-t-elle à écouter les félicitations.
Tranit se précipita dans la cale, ignora tous ceux qu'elle croisait sur son passage pour rejoindre son chariot dans lequel elle découvrit Suwane sortant de la douche. Elle se précipita vers la jeune femme qu'elle sera longuement dans ses bras et s'enivra de son odeur.
Pas besoin de prononcer un seul mot. Seulement s'embrasser le plus longtemps possible et se laisser bercer par l'émotion.
Ce fut Suwane qui la repoussa doucement et lui montra son cahier sur lequel Adacie lui avait écrit en grosses lettres de calmer ses ardeurs.
Tranit reprit son souffle, examina Suwane qui lui montra qu'elle était entière, lut la suite du message d'Adacie. Elle la rejoindrait à la nuit tombée, une fois les troupes débarquées. Tranit reprit ses esprits.
— Oui. Kalonig à raison. On récupère les dorkis et on débarque en face. On fera la remontée par nous-mêmes. Je te laisse avec ton équipe, je dois superviser le débarquement. On se retrouve toutes les trois ce soir ?
Suwane fit vigoureusement oui de la tête et Tranit, après un dernier baiser, se laissa entraîner par les évènements.
À petite vitesse, pour laisser leurs animaux de propulsion se remettre des puissants efforts qui leur avaient été demandés, les catamarans récupérèrent en un peu plus de deux heures les animaux des unités qu'ils transportaient.
Mais réharnacher les attelages, dégager les chariots des liens les ayant maintenus en place lors de la navigation et surtout de la remontée demanda beaucoup plus de temps.
* * *
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 6
FantasyDernier couplet (?) de cette aventure, Tranit part finalement en guerre. Un voyage peut-il se dérouler sans aucun incident lorsque des milliers d'hommes en armes errent dans les montagnes sans vraiment savoir où ils vont ? Avec un commandement errat...