Avant qu'Adacie ou Tranit ne puisse exiger la moindre explication, le hussard se leva et les arrêta d'un geste de la main.
— Je viens d'arriver voici moins de vingt minutes. Ordre de Sa Seigneurie de ne pas interrompre votre soirée.
— Mais que se passe-t-il, lieutenant ? Un problème ?
Le jeune homme eut une petite grimace.
— Réunion d'urgence avec Sa Seigneurie à bord de son patrouilleur pour vous deux. La lieutenante Suwane doit se reposer le plus possible, ses services risquant d'être demandé très bientôt.
Adacie ne chercha pas à comprendre et poussa Suwane à l'intérieur du chariot.
— On passe une tenue de travail plus facile à porter ; nous sommes prêtes dans deux minutes.
En un tour de main, Tranit et Adacie se changèrent alors que Suwane était poussée sous la douche.
— Lave-toi bien, lui ordonna Adacie. Bois beaucoup d'eau et dors tout de suite. Tes affaires sont déjà prêtes.
La jeune muette se laissa faire, sourire aux lèvres et leur envoya quelques baisers aériens en les voyant repartir.
Ses yeux brillaient d'excitation et Tranit se dit que les choses sérieuses commençaient maintenant.
En même temps qu'elle attrapait sa carabine et sa musette d'épaule, elle s'emparait de la boite en cuir dans laquelle elle conservait tout ce qui concernait son objectif et ses unités.
Précédée d'Adacie, elle rejoignit le lieutenant Suan, alors qu'il finissait sa chope. Le jeune homme les précéda pour rejoindre le flotteur droit du catamaran, là où une rampe d'accès permettait de rejoindre la rive ou de passer sur un autre navire. Un jeune enseigne de marine attendait, un TOP à la main.
— Aquitaine Unité dans cinq, lieutenant. Il vient d'embarquer Arthèz unité et passe prendre Etxalar d'abord.
Suan remercia le jeune homme et le laissa retourner à ses occupations avant se tourner vers les deux jeunes femmes.
— Voici un peu moins de trois heures, un patrouilleur parti en éclaireur est revenu à toute vitesse, puis un binôme de dragon a atterrit sur le pont du 03-35, le catamaran transportant le RCC.
Le hussard eut un petit sourire en y repensant. — Des tarés, ces dragons, avoua-t-il. Je revenais de patrouille d'exploration, quand j'ai vu le binôme bien chargé se poser comme si de rien n'était. Je ne sais pas exactement d'où ils sont partis, mais à la puissance de leurs hurlements je pense qu'ils ont réalisé un sacré exploit.
Tranit fronça les sourcils, cherchant à se rappeler les mots d'Alioz.
— De combien était le record du caporal, Adacie ?
— En pleine nuit ? Il avait parlé de cinq lieues.
— Ce sera bien plus, les interrompit Suan. De ce que je sais, les dragons les plus proches d'ici sont ceux en observations autours des Imprenables, de la cité d'Azil. C'est à plus de vingt lieues d'ici, dans les montagnes, plein sud !
L'énormité de la distance installa un long silence. D'accord, cela ne représentait qu'une seule heure de vol à dos de goéland, mais il n'y en avait pas ici.
Erwan n'avait pas voulu en déployer pour ne pas donner l'alerte et le peu qu'il avait engagé serait bien plus utile à l'ouest, en cas de récidives des alliées des impériaux.
L'arrivée d'un patrouilleur se déplaçant à vive allure les sortis de leurs pensées. Le navire se positionna parallèlement au flotteur de l'immense catamaran et les marins firent pivoter la rampe.
Un enseigne du patrouilleur la parcourut pour accueillir les visiteurs. Adacie rappela à Tranit qu'elle devait demander la permission de monter à bord, puis de saluer le pavillon qui flottait juste derrière le mat du TOP.
La jeune femme s'exécuta et l'enseigne lui rendit son salut avec fierté.
— Bienvenue à bord, colonel. Sa seigneurie vous attend.
Tranit réalisa qu'il s'agissait du même patrouilleur sur lequel elle avait déjà navigué et entra dans le caisson posé sur la coque centrale du petit navire.
Le salon des officiers avait été transformé de toute urgence en salle d'état-major. Les tables réunies au milieu, recouvertes de cartes, de documents.
Laroz et Luria de l'Etxalar étaient déjà en grande conversation avec Benwan et son adjoint. Cydrac discutait avec un dragon que Tranit n'avait encore jamais rencontré.
Suan le rejoignit pour lui montrer Tranit et Adacie. Erwan n'était pas encore présent. Le colonel des hussards s'approcha des tables.
— Bien, nous sommes tous là, nous allons retrouver Erwan pour faire un point complet sur la situation. Je vous présente l'adjudant-chef Ronet, seconde compagnie du premier dragon.
Tranit vit alors son teint bistre. Jamais elle n'avait vu une telle couleur de peau. Ce n'était pas seulement une peau cuivrée au soleil. Bien plus sombre avec d'incroyables reflets verdâtres. Elle vit que les autres participants, à l'exception d'Adacie, étaient aussi étonnés.
Le dragon ne sembla pas s'en formaliser et ricana.
— Si vous aviez vu mes parents, vous pourriez pleurer. Sachez que de l'autre côté des cimes pyrénéennes il existe des hommes à la peau noire. Il y en a beaucoup chez les Carthaginois.
Il roulait ses r différemment des pyrénéens, c'était plus profond dans la gorge. Comme un fauve se dit Tranit.
— Mais nous ne sommes pas là pour parler de ta famille. Dis-nous d'où tu viens ! s'exclama Cydrac en faisant signe à tout le monde de prendre un siège.
Le dragon resta debout mais regarda chacun des participants, comme s'il jugeait s'ils étaient dignes de l'écouter.
***
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 6
FantasyDernier couplet (?) de cette aventure, Tranit part finalement en guerre. Un voyage peut-il se dérouler sans aucun incident lorsque des milliers d'hommes en armes errent dans les montagnes sans vraiment savoir où ils vont ? Avec un commandement errat...