CHAPITRE CENT VINGT-DEUX .3

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Tranit se pencha vers un hublot de la salle et regarda vers le catamaran le plus éloigné, celui où l'escadron d'Adacie était installé. Il ne semblait n'y avoir rien d'inhabituel, mais sur le pont du patrouilleur on semblait s'agiter.

Et Tranit aperçut le petit appareil de Suwane surgir d'au-dessus des broussailles alentour et se diriger droit vers eux.

Petite Fée ! s'exclama-t-elle avant de se précipiter vers l'extérieur, bousculant tous ceux se trouvant sur son passage.

Tranit remonta à l'extérieur et sortit sur l'arrière du poste de pilotage du patrouilleur. Elle vit que les marins étaient déjà à leurs postes de combat, un mortier multiple et un canon SR dressés vers le ciel.

Tranit vit distinctement le kañv s'approcher et comprit qu'il emportait un second passager. Un enseigne qui manipulait un TOP en direction de celui du patrouilleur.

L'enseigne Bronu, qui faisait fonction de second pour le jeune commandant du navire, vint à ses côtés.

— Vous pensez qu'elle peut se poser ici ? demanda-t-il à Tranit, en montrant la plateforme sur laquelle les hommes aimaient se retrouver pour se détendre.

Comme la jeune femme faisait oui de la tête en observant l'appareil de la jeune écuyère, le marin leva la main et le TOP du patrouilleur envoya un bref message, un 10-04, estima Tranit qui connaissait maintenant la sonorité de ce signal.

Son cœur battait à toute vitesse bien qu'elle se rassurât en voyant que Suwane n'avait rien et que son kañv semblait se comporter parfaitement. Mais où étaient les deux autres ?

Suwane se posa comme si de rien n'était et l'enseigne qui s'était faufilé derrière son siège de pilote en gardant le torse dehors pour pouvoir utiliser son TOP fut tiré par deux marins rigolards. Mais le gamin calma tout le monde en hurlant son message d'une voix épuisée.

— Barcus 41 en 505. 95-3 en 28-1. 55 par 90, 10-02-4 !

Tranit n'avait pas encore retenu le 95 ni le 55, mais le 90 concernait les oiseaux et le dernier code indiquait une situation dangereuse.

L'enseigne Bronu se tourna vers elle.

— Un problème de ravitaillement ? Une attaque par des oiseaux ?

L'idée fit son chemin dans sa tête. Il pouvait s'agir d'une revanche des corbeaux, après la raclée qu'ils avaient subie quelque temps plus tôt ? Deux oiseaux avaient probablement réussi à s'échapper et rapporter ce qui s'était passé.

Tranit se précipita vers Suwane qui sortait de son appareil et se précipita dans ses bras.

Tranit la serra très fort contre elle avant de l'examiner.

— Tu n'as rien ?

La jeune muette eut un sourire un peu las et sortit son cahier. Tranit reconnut l'écriture d'Adacie, plusieurs phrases concises, bien écrites.

Tranit entraîna la jeune femme avec elle pour rejoindre Erwan. L'enseigne y était déjà, racontant les larmes aux yeux ce qui s'était passé.

— ... alors la capitaine a décidé que j'irai avec la lieutenante pour transmettre le rapport au plus vite. Les kañvs n'ont plus d'énergie ! Et il y a probablement un faucon qui a réussi à rentrer.

Erwan avait le visage grave, mais leva les yeux vers Tranit et Suwane pour en apprendre un peu plus.

— Les bouteilles se sont vidées trop vite au retour, Adacie ne comprend pas pourquoi, dit Tranit en tendant le cahier à Erwan.

Et c'est à ce moment-là que trois ou quatre chevaliers volants ont fondu sur les appareils, alors que tout le monde était déconcentré. Pas de blessés graves chez nous, une belle frayeur et un engin endommagé ; les perches.

Avec toutes les carabines présentes à bord des engins, les rapaces ont été déchiquetés. Deux se sont enfuis, mais un seul a réussi à s'éloigner indemne. Ils nous attendent là. C'est à moins de dix lieues d'ici.

Le jeune seigneur montagnard ferma un instant les yeux, comme prit d'un léger vertige puis sembla se décontracter.

— Bien, enseigne. Merci pour ce rapport. Tranit ? Il reste assez de bouteilles pleines pour aller les chercher ?

— Oui, confirma la jeune femme. Toute la journée d'hier a été consacrée à la recharge. Je propose d'utiliser un 341 pour leur en apporter de nouvelles avec des pièces de rechange.

Moins de deux heures pour y aller faire l'échange et revenir. Je laisse les deux équipages sélectionnés pour l'assaut ici et dès ce soir nos gens seront sur place. Pas besoin de modifier nos plans.

Erwan fit signe que c'était exactement ce qu'il avait besoin d'entendre.

— Bien. Fais-y aussi monter un FLACA, j'en ai un dans mes affaires ! Tranit, tu vas préparer un appareil toi-même, je serai ton copilote et Cydrac sera avec nous, ajouta-t-il avant que son hussard ne proteste. Je vais faire la nav. On va les chercher ensemble et on revient ensemble !

— À tes ordres, dit Tranit en se mettant au garde-à-vous, comprenant qu'Erwan était à bout, mais faisait tout pour garder son calme.

Tranit entraîna l'enseigne et Suwane avec elle, alors qu'Erwan ordonnait au patrouilleur se rejoindre le catamaran.


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Vixii

Les Larmes de Tranit - 6Où les histoires vivent. Découvrez maintenant