Il est assez surprenant de sortir d'un sommeil médicamenteux. Tranit se rappela brièvement la fois où elle avait été assez sérieusement malade, peu après son admission dans la milice et les jours pendant lesquels elle avait dû garder la chambre, gavée de potions par son père et sa sœur.
Alors qu'elle se réveillait le plus souvent reposée, détendue, là, une tension sourde l'habitait encore et elle se sentait dépourvue de toute vitalité. Elle serra la couverture contre elle et écouta les bruits alentour.
Le son sourd des flotteurs coupant le courant du fleuve, des bruits de marins au travail et des appels pour que les hommes viennent aider à d'autres postes. Pas d'urgence apparemment, pas de danger, mais tout le monde devait être au travail et Tranit sentit un sentiment de culpabilité l'envahir. Elle aurait dû refuser la potion d'Erwan.
La jeune femme se redressa, se leva, récupérant sa veste d'uniforme et son ceinturon qui avaient été posés à ses côtés. Elle était seule, mais entendait plusieurs voix à l'extérieur. Tranit attrapa une cruche d'eau qu'elle vida en deux longues gorgées avant de passer la tête par l'entrebâillement de la bâche.
Un jeune mousquetaire, vraiment trop jeune pensa-t-elle, l'aperçut et se leva pour la saluer.
- 910, colonel. Sa Seigneurie est avec l'amiral et reviendra bientôt.
- Quelle heure est-il ? s'inquiéta Tranit.
- Sept heures quarante-cinq.
Juste un peu plus de trois heures de sommeil. Cela en valait-il vraiment la peine ? Tranit poussa un profond soupir.
- Vous avez un 10-13 pour Barcus 41 ?
- 10-10, répondit le garçonnet avant de préciser : combats en cours. Tout est 10-04, colonel. C'était voici une heure.
Tranit était descendue du chariot et regardait autour d'elle, il y avait beaucoup moins de monde que d'habitude.
-Et nous ? s'enquit-elle, alors que la cale semblait se soulever.
- Un peu plus compliqué que ce que Sa Seigneurie envisageait. C'est un peu difficile pour les catamarans. Heureusement, un vent de plaine s'est levé voici peu et nous pouvons utiliser nos voiles.
Nos hommes aident les marins pour lever les mâts au plus vite en même temps. Les autres navires suivent, mais celui du Barcus à eu des soucis avec ses dorkis de charge. Je crois qu'un animal est mort d'épuisement et le navire a dû faire une escale impromptue pour changer les animaux.
Le cœur de Tranit se serra. Si le moindre problème survenait à son régiment, tout serait raté. Les kañvs ne servaient à rien sans les hommes pour y embarquer. Mais le jeune mousquetaire se fit rassurant.
- Sa Seigneurie s'est assurée que tout allait bien. Nous serons très bientôt en position.
- Et moi ? Erwan a -t-il laissé des instructions ?
- Il pensait revenir avant votre réveil. Je vais le lui signaler.
- Ça ne sera pas nécessaire, cadet. Merci.
Erwan apparut de derrière un de ses chariots d'accompagnement et remercia le jeune garçon d'un sourire alors que Tranit le saluait en se mettant au garde-à-vous.
Il lui fit signe de remonter dans le chariot et envoya le mousquetaire lui chercher à manger. Dès qu'il grimpa à l'intérieur de son véhicule, Tranit l'interrogea du regard.
- On va y arriver, affirma-t-il. Adacie a envoyé un signal voici dix minutes. Les combats ont cessé. La seconde forteresse est tombée entre nos mains juste après cinq heures avec moins d'une heure de combat. Quelques prisonniers complètement sonnés mais aussi quelques pertes. Un dragon tué et deux hussards blessés.
- Et la première forteresse ?
- Un peu plus confus. Apparemment notre attaque à commencée alors que la forteresse s'apprêtait à faire partir un faucon. Il y avait deux oiseaux et malgré l'obscurité ils ont senti, vu nos dragons qui s'approchaient.
Suwane était en pointe du dispositif et elle n'a pas hésité à tirer ses douze flammèches. Pas très discret et le commandant local a tenté de sonner l'alarme. Adacie a directement débarqué la moitié des hussards sur le rempart pour soutenir les dragons qui faisaient face à un peu trop de monde dès leur arrivée.
Erwan haussa les épaules, fataliste.
- On va avoir quelques pertes mais Adacie et Cydrac semblent avoir la situation bien en main. On va en savoir plus lorsque nous serons enfin sur le Rieux, premier lac sur notre chemin.
- Quand y.....
Un long craquement se fit entendre puis des bruits de raclement. Un flotteur du catamaran toucha un rocher ou le fond. Tranit se raidit instinctivement mais Erwan leva la main pour attirer son attention.
* * *
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 6
FantasyDernier couplet (?) de cette aventure, Tranit part finalement en guerre. Un voyage peut-il se dérouler sans aucun incident lorsque des milliers d'hommes en armes errent dans les montagnes sans vraiment savoir où ils vont ? Avec un commandement errat...