État-major avancé d'Erwan, 12.00.
Les nouvelles en provenance de la seconde forteresse, la Petite, étaient vraiment trop bonnes. Les trois cents hommes de l'Exalar, qui avaient attaqué, avaient non seulement conquis leurs objectifs bien plus vite qu'on pouvait l'espérer, rencontré une très faible opposition, trop faible en vérité et obtenaient beaucoup d'informations sur les forces aziliennes. Mais pas l'essentiel !
Devant les plans de plus en plus précis que ses enseignes dessinaient, c'est le roi Wélaxix qui avait trouvé la solution à ce qui tracassait Erwan : il devait y avoir un ou des tunnels de communication souterrains entre les deux fortifications. C'était assez fréquent dans les montagnes pyrénéennes pour ne jamais interrompre les communications, même lorsque la neige recouvrait tout d'une chape infranchissable.Le jeune prophète pointa le corridor entre les deux forteresses et demanda à voix haute.
— Ça ne peut être que ça, mon oncle. Je veux savoir où sont ces souterrains et combien d'hommes sont passés renforcer la Grande.
Un enseigne notait sa demande et la transmettait aux trans, installées au-dessus d'eux.
Il n'avait jamais été prévu que Tranit doivent affronter l'équivalent de deux garnisons avec ses troupes, mais c'était la seule réponse logique à l'opposition féroce à laquelle elle devait faire face. Près d'un tiers de ses troupes tué ou blessé.
Pour le moment, les tours est et ouest étaient contrôlées par des blessés légers afin de renforcer les hommes descendus dans l'immense muraille. Une quinzaine de blessés graves avaient été stabilisés par les druides et les meilleurs guérisseurs seraient bientôt à leurs chevets.
Vingt hommes surveillaient la grosse centaine de prisonniers aziliens, tandis que presque une centaine d'hommes valides continuaient à fouiller le terrain pris et tentaient de trouver des informations. Tous les autres hommes déployés étaient en train de se battre.
Erwan ne disposait d'aucune autre information depuis que Tranit avait fait confirmer le commencement de la descente du dernier tunnel. Deux fois il s'était levé en voyant son kañv revenir d'un vol de ravitaillement et Wélaxix l'avait empêché de monter à bord pour se faire déposer directement sur le volet de bois d'un poste de tir du niveau central.
Les informations étaient plus importantes et c'étaient donc des enseignes, des officiers de son service cartographique qui faisaient des allers-retours et apportaient des messages.
Presque cinq heures que cette torture durait, c'en était épuisant.
Le caquètement d'un dorkis revenant au galop et des bruits de bottes sur le plancher de son vestibule attirèrent son attention. Cydrac entra en coup de vent, l'air satisfait.
— C'est bon ! La cavalerie de Saert a terminée son mouvement tournant. Elle sera visible d'ici peu et Awèl a pris pied sur le plateau. J'ai fait comme il avait suggéré. Je lui ai envoyé le transport du Barcus et de l'Etxalar pour prendre ses hommes. Il a forcé sur ses équipages pour remonter tout le monde au plus vite.
Le fils cadet de Wélaxix avait fait cette suggestion en début de matinée. Si Erwan pouvait assurer le transport de ses hommes pour débouler sur la plaine du Mas d'Azil, Awèl n'hésiterait pas à faire forcer l'allure à ses transports.
Cela pouvait apporter quelques heures d'avance dans le déroulement du plan et donc accélérer la victoire. Wélaxix avait encouragé Erwan à accepter, lui assurant qu'Awèl déroulerait ainsi une rempart d'acier devant les forteresses, empêchant ainsi tout renfort.
Le jeune homme avait accepté, connaissant très bien la vaillance dont était capable les deux régiments du prince. Près de mille cinq cents hommes, des gaillards dont les épées, les haches et les hallebardes avaient taillées en pièce de nombreux adversaires.
Tous les hommes composant ces unités étaient des vassaux de Wélaxix qui, trop pauvres pour s'équiper en chevaliers, avaient accepté cet engagement, constituant ainsi une armée de garde du corps pour celui que le roi nommait encore le gamin, voyant toujours en lui le petit garçon que lui avait offert sa dernière épouse, le seul de ses fils qu'il eut jamais estimé capable de le remplacer un jour.
Le roi s'avança près du plan de la région, il avait très vite appris à utiliser le système d'Erwan, avant d'observer la clepsydre du bureau.
— C'est bien tout ça, affirma-t-il de sa voix de stentor. Ça te laisse tout l'après-midi pour bloquer la plaine d'Azil et y faire passer la division principale. Ils ne pourront rien faire d'autre que de mettre la cité en état de siège et à la vitesse à laquelle nous nous déployons, ils ne pourront pas prévenir les secours.
Erwan hocha de la tête. Il était bien conscient de tout ça, mais son esprit était toujours là-bas, dans les Imprenables. Ses cartographes continuaient à lui dresser un plan de plus en plus détaillé des deux immenses édifices au fur et à mesure de leur progression et de leurs prises de côte.
Il vit Lonig revenir d'une rotation, l'air grave et lui tendre un papier hâtivement griffonné : depuis 11.45 Barcus Unité annonçait un 10-64 559 avec 10-51 et 10-44-2. Elle terminait en annonçant un situation en 10-02-3, sous contrôle.
Erwan ne croyait pas ses yeux : une putain de bataille d'artillerie et de cavalerie à l'intérieur même de l'immense muraille de l'édifice. Lorsqu'il montra le message à son oncle comme à son frère d'arme, les deux hommes furent aussi abasourdis que lui.
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Vixii
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Les Larmes de Tranit - 6
FantasyDernier couplet (?) de cette aventure, Tranit part finalement en guerre. Un voyage peut-il se dérouler sans aucun incident lorsque des milliers d'hommes en armes errent dans les montagnes sans vraiment savoir où ils vont ? Avec un commandement errat...