CHAPITRE CENT VINGT-TROIS .3

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Il siffla brusquement, fit quelques signes à son escorte qui remonta dans le gros 341 pendant que Tranit se remettait derrière le manche et décollait en suivant ses indications.

À moins de trois lieux de leur piton rocheux, avait signalé Cydrac, dont elle vit le 021 qui cerclait au-dessus des rives d'un lac.

Erwan se penchait presque à l'extérieur pour voir ce qui se passait en bas et un dragon le força à se rasseoir sans aucun respect pour son statut de prophète.

Se rapprochant du petit kañv, Tranit laissa les enseignes communiquer entre eux puis écouta les instructions d'Erwan. Elle bifurqua vers l'ouest d'une dizaine de degrés et moins d'une lieue plus loin déboucha sur la bordure d'un lac tout en longueur. À l'altitude à laquelle elle se trouvait,, Tranit ne manqua pas l'oiseau échoué sur la berge et un corps non loin de lui.

Le 021 se posa sans aucune difficulté mais Tranit cercla deux fois avant de trouver un endroit convenable pour son appareil bien plus imposant.

L'escorte d'Erwan jaillit de son kañv, alors que le jeune prophète prenait son temps, observant les environs.

— Tu peux rester seule ? Nos batteries sont encore assez pleines ?

— Je vais m'en assurer, confirma Tranit. Je n'ai besoin de personne, pourquoi ?

Erwan eut une petite grimace.

— Il faut faire très vite. Le pilote est blessé et inconscient. Je dois le garder en vie mais j'ai aussi besoin d'informations. Je risque d'avoir à agir de façon... guère convenable.

L'hésitation avec laquelle ces deux derniers mots avaient été prononcés, après une brève hésitation, ainsi que l'air résolu d'Erwan mirent la jeune femme mal à l'aise. Elle sentit un long frisson désagréable lui partcourir la nuque mais elle opina silencieusement du chef. Elle n'approuvait pas mais comprenait. Ils avaient un besoin plus qu'urgent d'informations.

Erwan lui adressa un petit sourire triste avant de sauter hors du kañv et de rejoindre les autres en courant.

Pour ne pas penser à ce qui risquait de se passer, Tranit se plongea dans ses notes mises à jour concernant les bouteilles et s'appliqua à en vérifier les niveaux. Son kañv était doté de ces prises de bois imaginées par Erwan et elles ne présentaient aucunes malfonctions.

Tranit y brancha l'ustensile, imaginé par les druides, qui permettait d'estimer de combien d'électricité elle disposait. Tous les indicateurs étaient encore au vert. Une légère différence entre les bouteilles situées sur le flanc gauche, mais rien d'inquiétant.

La bouteille de son rotor affichait le même niveau, signe qu'elle disposait encore d'une bonne heure d'autonomie. Elle ne comprenait pas pourquoi cet engin n'avait pas de problèmes comme la plupart des autres. Chaque jour de nouvelles questions se posaient, de nouveaux problèmes surgissaient.

Quoiqu'en disent les autres, il n'était jamais facile de réaliser un miracle.

Tranit essaya d 'ignorer les exclamations puis les hurlements étouffés qui lui parvinrent par moment et se concentra sur le ciel et les alentours, sa carabine à la main et le regard scrutateur.

Elle dut certainement rêvasser débout, car elle eut l'impression d'avoir de brève absence avant de reprendre pied dans la réalité.

À un moment, elle aperçut Erwan revenir dans sa direction. Il portait toujours son uniforme TTA mais avait ôté sa veste et son brelage, restant dans ce vêtement moulant qu'Adacie nommait maillot ou tee-shirt, selon les moments.

Le jeune homme se séchait les mains, affichant un air satisfait mais contrarié. Il regarda la jeune femme et le kañv.

— Serais-tu capable de ramener le corps du faucon jusqu'au piton où Adacie nous attends ?

Tranit écarquilla les yeux, ne s'attendant pas du tout à une telle demande.

— Combien pèse-t-il ? Nous ne sommes que cinq à bord. Je dois disposer d'une centaine d'outres en capacité d'emport.

Erwan poussa un soupir et s'alluma une clope en regardant l'arrière de l'appareil dont la rampe était abaissée.

— J'aimerais bien ramener la carcasse de l'oiseau, ça pourrait nous être utile. Un faucon de cette taille ça doit faire à peine un kilo. Sans doute moins. Il regardait ses doigts, comme s'il comptait avec comme le font les enfants.

— Ouais, fit-il d'un air plus convaincu. Une bonne douzaine d'outres, pas plus de trois... non, quatre avec l'équipement plus notre invité. Compte quatre jarres, ça irait ?

Avec la distance pour rejoindre les autres, Tranit estima ne pas courir de risques et dès qu'elle eut donné son accord, Erwan lança des ordres.

Le rapace mort fut ficelé pour prendre le moins de place possible et traîné jusqu'à l'hélico de Tranit. Elle n'avait jamais vu de rapace d'aussi près mais vit que l'animal avait été beau, que son fauconnier en avait pris grand soin.

Son harnachement était de haute qualité. Tranit reconnaissait le travail du cuir soigné du premier coup d'œil, ayant passé assez d'heures avec Alèr lorsqu'elle avait acheté celui de son dorkis.

Le jeune chevalier inconscient fut transporté sur une civière par les dragons d'Erwan, sous la direction d'un apprenti liaig confirmé. Ses affaires avaient été réunies dans un paquet mais Tranit reconnut les armoiries d'un lignage Miélannais.

La jeune femme rejoignit son poste de pilotage et attendit qu'Erwan lui assure que le cadavre de l'oiseau était bien fixé avant d'entamer son décollage.

C'était comme s'il embarquait une section d'assaut au complet. Les réactions de son kañv étaient un peu plus lentes, mais elle en avait l'habitude et, pour ne pas risquer l'accident, elle grimpa et resta le plus longtemps possible juste au-dessus de la canopée des ronciers.

Ce fut un peu plus turbulent pour les gars à l'arrière, mais en moins de dix minutes ils retrouvaient la hauteur où leurs amis les attendaient et se joignirent à la bonne humeur ambiante.

Les hélicos avaient été réparés. Deux kañvs étaient déjà retournés à l'escadre avec les renforts qui allaient participer à l'opération et la plus grande partie du ravitaillement. Suwane les avait escortés, et était revenue pour annoncer que tout s'était bien passé.

Le retour d'Erwan fut salué par une explosion d'activité. Le rapace tué sur place était en train d'être recouvert de bois sec, d'herbe, de tout ce qui pouvait servir de combustible.

Le jeune homme fit débarquer le faucon ramené par Tranit pour qu'il rejoigne son congénère sur le bûcher improvisé puis, alors que les hommes poursuivaient leurs tâches, un petit conseil de guerre fut improvisé.

***

Merci pour votre lecture et désolé pour le retard. Je pense avoir récupéré toutes les parties de ce chapitre et le publierai le plus vite possible. 

Ça va être malheureusement un peu plus lent pour le chapitre 124, j'ai vraiment merdé avec cette auvegarde qui a foirée !

Si vous avez aimé, m'offrir un petit vote serait fort sympa.

Vos avis, vos commentaires sont toujours les bienvenus.

Vixii


Les Larmes de Tranit - 6Où les histoires vivent. Découvrez maintenant