Acte IV, 1ère Épître - L'indignation de Michaël

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Dans la salle de contrôle du Palais Céleste, Michaël bouillonnait intérieurement. Il avait clairement vu la tentative d'ingérence de Leliël dans le face à face entre Ben Maners et l'esprit frappeur choisi par Gabriel pour éprouver « l'Angicide », et cette intervention était contraire aux exigences du Très Haut Père. Il avait spécifiquement demandé à ce que personne ne s'immisce dans cette mise à l'épreuve, qui devait établir une fois pour toute si ce mortel était un danger pour autrui ou non. Et le courage ou la prise d'initiative ne faisant pas partie des qualités premières du Dominion, le Séraphin soupçonnait fortement que sa consœur ne soit liée d'une façon ou d'une autre à cette affaire.

« - Bon, écoutez bien, Archanges ! Rétrogradez la surveillance au niveau 2 sur l'ensemble des intervenants, et informez-moi immédiatement de tout changement remarquable. Gabriel, joins-toi à moi je te prie. J'ai à t'entretenir en privé, somma le chef des armées.

- Cela ne puit point attendre ? Je souhaitais rejoindre la plateforme de téléportation pour questionner Leliël dès son retour, et...

- J'insiste, l'interrompit le Séraphin doré. Il s'agit d'une affaire urgente, ne pouvant souffrir aucun délai. »

Voyant l'air sérieux et inflexible de Michaël, elle ne persista pas et consentit à le suivre à l'extérieur. Il garda le silence tandis qu'ils s'éloignaient du tumulte de la salle de contrôle, ce que ne manqua pas de relever la Séraphine.

« - Tu me parais bien sombre, Michaël. Quelle peut bien être cette affaire qui te préoccupe tant ?

- Quelles directives as-tu donné à Leliël, en amont de sa mobilisation ?

- Rien de plus que ce que le Très Haut Père nous avait ordonnés. Pourquoi ?

- N'insulte pas mon intelligence, veux-tu ? Je ne suis pas né de la dernière pluie, et je n'ai point non plus été frappé de cécité. L'immixtion de ton aide-de-camp était au mieux négligée, au pire désespérée. Et tu sais aussi bien que moi qu'il te craint plus que le courroux du Très Haut Père.

- Et donc ? Quel rapport avec moi ?

- Tu persistes à nier l'évidence ? L'ingérence de Leliël porte indubitablement ta marque !

- Tes accusations me blessent, Michaël ! Jamais je n'oserais défier aussi ouvertement les ordres du Très Haut Père !

- Cesse ces simagrées ridicules ! Tu oublies à qui tu t'adresses ? Je te connais depuis notre naissance. Nous avons fait nos classes ensemble, et nous avons aussi gravi les échelons ensemble. Je sais tout de ton caractère soupe au lait et de ta rancune tenace. Et je ne puis croire que tu ne gardes point rancune envers ce mortel pour la blessure de Raphaël et pour l'admonestation que tu as reçue pour t'en être prise à lui.

- Mes compliments, tu m'as percée à jour ! Oui, je l'avoue, j'abhorre cette engeance infidèle, qui fanfaronne en toute impunité malgré ses crimes ! S'il ne tenait qu'à moi, il aurait été rayé de la face de l'existence depuis des lustres !

- Mais ce n'est point à toi d'en décider, n'est-ce pas ? Notre Très Haut Père seul a le droit de vie ou de mort, et ce serait sacrilège de vouloir se substituer à Son auguste jugement !

- Épargne-moi tes fadaises ! Tu n'étais pas si absolu quand tu as organisé ton petit interrogatoire clandestin dans le dos de notre Très Haut Père adoré !

- Il s'agissait de démasquer un traître en notre sein, et non pas d'exercer une quelconque vendetta mesquine !

- J'avais oublié que « sa Grandeur » Michaël n'était jamais pris en défaut ! Sur les sujets triviaux, du moins. Car lorsqu'il s'agit d'une question d'importance, ce n'est que tergiversations et circonspection !

DIES IRAE - Cycle I : L'AngicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant