Acte I, 7e Epître - Les Séraphins se rassemblent

45 1 0
                                    

Le Palais Céleste, habituellement calme et solennel, était parcouru d'un murmure insistant, qui croissait à mesure que l'inquiétude se répandait dans ses couloirs. Malgré le verrouillage strict de Métatron, certain s'étaient posés des questions sur la fébrilité des Archanges, et la rumeur enflée sur un événement majeur survenu dans le monde physique. Au milieu de ce tumulte, un homme fendait la foule droit comme la justice, arborant une armure dorée ornée d'une tête de lion en guise de plastron. Sur son passage, les bruissements cessaient, le silence reprenait ses droits, et les anges inquiets s'écartaient avec déférence.

Le Séraphin Michaël n'avait pas usurpé son titre de chef des Armées Célestes. Sa simple présence suffisait à imposer le respect, et sa droiture et son dévouement total en faisaient un exemple pour les cadets. En pleine séance d'entraînement avec un bataillon de Thrones, il avait pris congé séance tenante pour répondre à la convocation de leur Maître. Les raisons de celle-ci étaient vagues, mais c'était un fait suffisamment exceptionnel pour justifier à lui seul une exécution immédiate.

Alors qu'il approchait de la salle du Trône, il se fit aborder par une femme d'âge moyen, aux longs cheveux blonds vénitien, portant une robe vert émeraude et une longue cape en peau de bête, fixée par une broche en forme d'oiseau.

« - Quelle fière allure, Michaël ! s'exclama-t-elle. Que nous vaut l'honneur de te voir ainsi en tenue de combat ? En saurais-tu plus que moi sur les raisons de cette convocation impromptue dans les appartements du Très Haut Père ?

- Que nenni, ma chère Gabriel, réfuta le Séraphin. Il se trouve juste que j'étais en train de former les troupes quand Métatron m'a contacté. Sinon, tu penses bien que j'aurais opté pour une tenue moins magistrale !

- Il est vrai que c'est tellement peu toi de prendre des grands airs, quand nous sommes en présence du Très Haut Père, railla un ange en armure rouge adossé contre un mur à côté de l'imposante porte de la salle du Trône.

- Raphaël... Toujours aussi prompt à distiller ton venin...

- Comment disent les mortels, déjà ? « Il n'y a que la vérité qui fâche ? »

- Il suffit, messieurs. Nous nous retrouvons beaucoup trop rarement tous les trois pour que je vous laisse gâcher cet instant par vos luttes d'égo, temporisa la Séraphine. De plus, je doute que le Très Haut Père goûte vos enfantillages vu les circonstances...

- Certes... D'autant que si j'en crois mes sources, il n'y a pas matière à plaisanter dans l'affaire qui nous concerne...

- Tu as eu vent de quelque chose, Raphaël ? s'enquit Michaël.

- Ma foi, rien de bon, j'en ai peur... Mais le Très Haut Père aura tôt fait de confirmer mes informations, si elles sont exactes, répondit le Séraphin aux cheveux couleur de jais, avant de faire une révérence à destination de Gabriel. Et si nous y allions, très chère ?

- Avec plaisir, rétorqua Michaël, avec une pointe d'agacement, en s'avançant pour ouvrir la porte et pénétrer dans la salle du Trône, ses deux condisciples lui emboîtant le pas. »

Une lumière éclatante accueillit les Séraphins à leur arrivée, aussi intense que le Soleil lui-même. Mais ce n'était pas un astre quelconque qui en était à l'origine, mais le Maître des lieux en personne. N'importe quel humain aurait fini aveugle à la seconde où il aurait posé les yeux sur Sa magnificence, mais les anges avaient été nantis d'une vision leur conférant le privilège de soutenir Sa vue. Ils avancèrent en direction du trône, traversant une haie de colonnes d'aspects divers, allant du dorique au néo roman. Installé au fond de Sa chaire divine, Celui dont les noms étaient légions, que ce soit Dieu, Yahvé ou Allah, attendait patiemment que les Séraphins s'agenouillent à Ses pieds pour débuter leur entretien.

DIES IRAE - Cycle I : L'AngicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant