4-

17 2 0
                                    

Je marche derrière Taran, silencieuse. Livio marche à côté de moi, pistolet enfoncé dans ma côte. Lorsque Taran prend un virage, il se penche et me chuchote :

- C'est ton sosie en homme.

Sa remarque me fait lâcher un petit rire, et j'opine. Visiblement, il m'a écoutée et est allé faire des recherches sur Naïm.

- C'est ton père ? marmonne-t-il.

J'acquiesce de nouveau. Nous arrivons devant le centre de conformité, Taran passe sa main sur le capteur, et on annonce la salle trois. Là, il se tourne vers Livio.

- Je te laisse t'occuper d'elle le temps qu'elle est au centre. Dès que vous sortez, tu m'appelles.

Le stagiaire hoche la tête, et nous pénétrons dans la salle blanche alors que mon Garde fait demi-tour. Les détenus sont toujours là, crispés devant leurs visualisations.

- Qu'est-ce qu'ils voient ? interroge alors Livio.

- Les interventions des Enfants. Et en fond, une voix qui répète en boucle : « pour le bien ». Et puis après, ils voient les rébellions de leurs congénères, et la voix répète : « c'est mal. »

- C'est à devenir fou, grimace-t-il en observant les prisonniers.

- C'est le but. Plus instables psychologiquement on est, plus il est simple de nous manipuler.

Pour montrer sa désapprobation, Livio secoue négativement la tête.

- C'est horrible.

J'opine, mais il enchérit :

- Je me suis fait engueuler par Taran, hier.

- Pourquoi ?

- Parce que tu me portes « trop d'attention », dit-il avec dédain en imitant les guillemets. En fait, Taran a reçu pour ordre de préserver le soi-disant amour que tu lui portes pour pouvoir te contrôler.

Je ricane. Je savais bien que s'il en avait eu l'autorisation, il m'aurait rembarrée sèchement plus d'une fois.

- Et comme ils te pensent assez instable et que je suis stagiaire, ils ont peur que tu changes de cible. D'après eux, si tu te désintéresses de Taran, ils perdent tout contrôle sur toi et ça deviendrait dangereux.

- Ils sont au courant qu'ils n'ont déjà, aucun contrôle sur moi ?

- Non, c'est pour ça qu'on m'a demandé de m'éloigner de toi. Et pour me faciliter la tâche, cet abruti m'ordonne de m'occuper de toi ce matin.

Je ris légèrement.

- CADOXO te demandera de quitter les lieux de toute façon.

Il opine. Je continue :

- Et par rapport à tes doutes ?

- Je ne sais plus où donner de la tête, soupire-t-il. Qui croire ou ne pas croire...

Je hausse les épaules en m'engageant dans le couloir sombre. Je m'arrête devant la salle trois, et déclare :

- Si je dis quoi que ce soit on dira que je t'influence. Le mieux serait que tu ailles voir par toi-même.

- C'est-à-dire ?

- Passe plus d'une semaine loin des Enfants, tu verras.

- Ils ne me laisseront jamais faire ça.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant