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- Impressionné, on a même les voitures spéciales Enfants, ricane Ejlan en observant la voiture dans laquelle nous sommes invités à monter.

Nous avons fait connaissance et repéré les visages de nos coéquipiers il y a quelques heures, et nous sommes désormais sur le point de quitter le QG. Pour plus de discrétion, Naïm a confectionné des voitures de sept places afin de faire rentrer l'entièreté d'un escadron et pénétrer dans le territoire de la prison plus facilement. Nous rentrons à l'intérieur après un dernier débrief, et cette fois, ce n'est pas moi au volant, mais Amal. Nathanaël s'est installé à côté de lui, et je suis sur la banquette arrière entre Livio et Owen. Derrière nous, Ejlan et Alary.

Après presque une heure de trajet rythmée par les conversations régulières des garçons, Owen, qui paraît préoccupé depuis ce matin, interroge :

- Comment peut-on savoir qu'on ne s'apprête pas à libérer des tueurs ?

- On s'apprête, à libérer des tueurs, Owen, je réponds d'une voix froide. Mais au cas où ça t'aurait échappé, j'ai passé un an en compagnie de ces gens, j'ai pu voir plus ou moins comment ils fonctionnent. La grande majorité d'entre eux ont une notion de justice encore assez prononcée et c'est la raison pour laquelle ils détestent les Enfants, tout comme moi.

- Et la minorité ?

- La minorité sera assez intelligente pour quitter le pays avant de se faire rattraper et ils se referont une vie sur un autre continent. Une prison comme celle-ci démotive même le plus grand des tueurs, Owen.

Le châtain grimace à ma remarque, et attrape ma main en opinant, comme s'il était désolé.

- Une grande partie d'entre eux souhaitera se joindre à nous, appuie Amal, le regard rivé sur l'autoroute. Quand on subit la torture, l'esprit de vengeance est bien souvent exacerbé.

Nathanaël tilte à ces paroles et se retourne vers moi.

- Attends, tu as...

Je lui envoie un regard appuyé qui le stoppe net dans sa phrase, et il ferme brièvement les yeux en se mordant la lèvre avant de se retourner vers l'avant du véhicule.

- Très bien, murmure-t-il en soupirant.

La suite du trajet se déroule sans plus de discussions, la voix du conducteur de devant parvient régulièrement dans mon oreillette pour demander si tout va bien de notre côté, et Amal répond d'une voix monotone. Mais lorsque nous arrivons non loin du territoire où repose la prison, je sens mon cœur accélérer l'allure, et je prends une profonde inspiration.

- Nous procédons à l'infiltration – nous informe le conducteur de la première voiture, partie une demi-heure avant nous.

- Bonne chance – répond un homme du deuxième escadron.

Nous arrêtons notre voiture sur le bas-côté, et une attente interminable débute. Mais soudain, une voix essoufflée nous parvient :

- Les gardes sont neutralisés. L'un de nos hommes est grièvement blessé mais... tout va bien. Vous pouvez entrer. –

J'essuie mes mains devenues moites sur mon pantalon alors qu'Amal prend une inspiration, et démarre sans un mot. Alors que nous nous approchons, Livio, assis à côté de moi, serre fermement sa manche, et murmure :

- Je déteste cette tenue.

Comprenant tout à fait son sentiment, je lui réponds :

- Moi aussi.

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