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Je ne parviens à reprendre mes esprits qu'une fois que l'un des militaires commence à parler de nous emmener au poste le plus proche pour éclaircir la situation.

Même si nous laissons Ejlan derrière nous, Naïm nous a confié une mission qu'il faut absolument qu'on accomplisse dans les plus brefs délais au risque de se faire dépasser par la situation. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps en suivant les protocoles.

Les éléments se bousculent dans mon esprit, si bien que je vois mal comment nous sortir de ce pétrin sans nous attirer plus d'ennuis. Alors, comme si elle avait lu dans mes pensées, la femme Enfant s'adresse aux militaires :

- Si vous permettez, je suis de la police, et je voudrais discuter seule avec la demoiselle. Commencez à embarquer les autres, je vous rejoins.

Sans avoir trop le temps de comprendre ce qu'il se passe, je me retrouve à l'écart du petit groupe, face à la brune.

- Je suis navrée pour votre ami, toutes mes condoléances, commence-t-elle, mais je l'arrête en levant une main devant moi.

- Allez droit au but, lancé-je, les yeux rivés sur le sol, concentrée sur elle.

Elle opine et jette un coup d'œil aux militaires avant de demander :

- C'est bien vous, Louise SEMPEY ?

Cette fois, je relève la tête vers elle.

- Je suis effectivement connue sous ce nom mais mon véritable nom est Lou. Lou SADDLER.

Elle paraît légèrement décontenancée, mais ne relève pas et poursuit :

- Je suppose que si vous étiez ici c'est pour une raison.

Une idée me traverse aussi brusquement l'esprit que tous les évènements remontent dans mon cerveau, et j'opine avant de débiter :

- J'ai raconté aux quatre policiers que les Enfants s'étaient servis de nous comme escortes pour vendre des stupéfiants. Vous êtes réellement de la police ou c'était un prétexte ?

- Non, je suis officiellement de la police.

- Très bien, nous devons remonter sur la capitale le plus rapidement possible, il n'y a pas moyen que vous parveniez à nous faire sortir de...

Je désigne vaguement les militaires.

- Ça ?

Elle réfléchit quelques secondes, sourcils légèrement froncés, avant de hocher doucement la tête et se tourner vers les hommes grâce à qui la majorité d'entre nous avons certainement la vie sauve. Elle se met alors à parler d'une voix forte et assurée :

- Bien, mes doutes sont confirmés, il s'agissait des problèmes de trafic d'une sorte de gang dans lequel la police m'a infiltrée, d'où ma présence sur le terrain.

L'attention de tous se focalise sur elle, et elle continue en déclarant que nous devons impérativement nous rendre au poste parisien dans lequel elle a été engagée, et qu'elle s'occupera du transfert en personne. Elle termine en désignant les trois autres Enfants rebelles, qu'elle déclare ne pas connaître, et elle charge alors les militaires de les escorter là où ils en ont l'ordre après avoir dégainé un badge de police de sa poche.

- Il faut sécuriser la zone, marmonné-je en m'approchant d'elle. Il y a des morts partout sur le parking, et un dans les bois. Attendez qu'un touriste parisien qui rentre de vacances s'arrête ici pour déjeuner.

Elle a une légère grimace avant de rapporter mes paroles, et personne ne la conteste. Ainsi, nous embarquons tous dans la voiture dans laquelle Nathanaël a assit Livio. Ce dernier se met à l'arrière avec Alary, les lèvres pincées, et Owen et Nathanaël se mettent au milieu alors que je prends la place passager et la femme le siège conducteur.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant