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Je ressors du bureau de DEGOR, le regard fixe, et constate avec amusement que SARTORI a ordonné à l'homme que j'ai bousculé de s'éloigner de Kina, avec les clefs lui permettant de libérer son pied. Elle me fusille du regard alors que le chef crie :

- Qu'on m'amène des infirmiers d'urgence pour celui-là !

Il désigne Livio d'un geste de la main, et aussitôt, deux hommes détalent. J'aide le châtain clair à s'installer sur une chaise, et il ferme brièvement les yeux en prenant une grande inspiration. Il est anormalement pâle et tremble malgré lui.

- SARTORI, nos invités resteront parmi nous jusqu'à ce qu'ils se soient remis. Je les place sous votre responsabilité.

Je me retiens de répondre que personne n'a à être responsable de nous, et le lieutenant opine fermement. Satisfait, le chef se retire dans son bureau, et des infirmiers débarquent dans l'espèce de salle d'attente. L'un d'entre eux s'avance immédiatement jusqu'à Livio, et il lui suffit d'un coup d'œil global pour grimacer et interroger :

- Vous avez fait un garrot ?

Alary confirme d'un hochement de tête, mais j'ajoute :

- Nous l'avons défait quelques heures pendant la nuit.

L'infirmier s'apprête à demander pourquoi, mais Nathanaël l'en empêche :

- Nous voulions éviter qu'il perde sa jambe.

- Les espoirs sont minces... marmonne Livio, la tête appuyée sur le mur, les yeux fermés.

Je pose une main sur son épaule en pinçant les lèvres, mais le châtain clair ne réagit pas, la respiration légèrement hachée.

- Il faut que nous l'emmenions maintenant, conclut l'infirmier en faisant signe à ses collègues, qui pénètrent dans la salle avec un brancard, sous les regards inquisiteurs des hommes et femmes présents.

Alary et Nathanaël soulèvent alors Livio afin de le hisser sur la civière, et ce dernier prend une grande inspiration entre ses dents serrés, les poings fermés, les paupières closes. J'échange un regard légèrement inquiet avec Owen, et les infirmiers se hâtent en dehors de la salle. Une jeune femme dans la même tenue que ses collègues se tourne vers nous.

- Suivez-nous, vous nécessitez des traitements également.

Soulagée à l'idée de ne pas laisser Livio seul aux mains de ces inconnus, je ne me fais pas prier et emboîte le pas du petit convoi. Owen me rattrape en enroule ses doigts autour des miens, les yeux rivés droit sur les infirmiers transportant Livio. Nous ne tardons pas à arriver dans ce qui s'apparente à une infirmerie, et les médecins emmènent Livio dans une salle à part.

Des infirmiers nous prennent alors en charge, et nous nous retrouvons plus ou moins séparés. Une femme d'une cinquantaine d'années se positionne en face de moi, et m'étudie rapidement avant de secouer négativement la tête :

- Mon Dieu, vous êtes dans un état...

Si habituée à ressentir la douleur depuis la prise de la prison que je n'y prête plus attention, je hausse vaguement les épaules.

- Je ne suis pas la pire.

- Retirez votre haut, s'il vous plaît.

J'acquiesce et retire lentement mon gilet pare-balle, puis mon gilet, pour terminer avec mon t-shirt. La femme me fait signe de tourner sur moi-même, et étouffe un cri de surprise en observant mon dos, qui doit effectivement faire peur à voir, puisque je me suis fait brûler par le souffle de deux bombes.

- Il va falloir désinfecter tout ça, ça risque de ne pas...

- Faîtes ce que vous avez à faire, la coupé-je, les sourcils légèrement froncés.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant