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Alors que je m'assois sur une souche d'arbre, exténuée, Ejlan ricane, les yeux rivés sur notre plaque d'immatriculation :

- Nous sommes alsaciens...

J'esquisse un sourire alors qu'Owen vient s'assoir à côté de moi. Après avoir quitté Paris et pris l'autoroute sans plus de problèmes, nous nous sommes arrêtés à une station essence où nous avons refait le plein et échangé notre plaque d'immatriculation avec une voiture semblable à la nôtre. Alary s'avance jusqu'à Ejlan, regarde brièvement la plaque, avant de lever les yeux au ciel :

- Cinquante-trois c'est la Bretagne, espèce d'abruti.

Ejlan rit de sa propre erreur avant que les deux ne viennent s'assoir avec nous.

- On va dormir ici ? s'enquiert Nathanaël alors qu'Owen passe son bras autour de mes épaules.

- Je pense. A moins que vous préfériez qu'on se relaie toute la nuit au volant.

Owen secoue négativement la tête.

- Personnellement, je suis trop fatigué pour conduire, et je pense qu'on a tous besoin d'une bonne nuit de sommeil.

J'acquiesce, du même avis. Livio hausse les épaules.

- Va pour dormir à la belle étoile, alors.

- Il ne va pas faire un peu froid ?

- On n'a qu'à faire un feu, répond Nathanaël en s'étirant.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous allons chercher du bois, allumons un feu, et lorsque je suis sûre qu'il tiendra une bonne partie de la nuit, je me laisse tomber contre Owen. Après avoir délibérer pour savoir s'il nécessitait des tours de garde, nous décidons de prendre le risque de ne pas en faire pour cette nuit. Ainsi, je ne tarde pas à tomber dans les bras de Morphée, imitée par mes cinq compagnons.

C'est en frissonnant que je me réveille le lendemain matin. Le feu s'est éteint, et Owen, qui était déjà réveillé, m'a relevée en position assise, entourée de ses bras, et a posé sa tête sur mon épaule, somnolant. J'esquisse un sourire en me redressant.

- Bonjour. Quelle heure est-il ?

- Je n'en sais rien, me répond-t-il d'une voix rauque, six, sept heures peut-être.

Je hoche la tête en me levant, et il me laisse partir avec un grognement mécontent.

- Il faut qu'on reprenne la route, si on ne veut pas arriver trop tard.

- On ne doit plus être très loin, lance Livio, que ma voix a réveillé, en s'étirant. Il doit nous rester trois ou quatre heures de route.

- Allons-y, alors, annoncé-je en m'accroupissant auprès de Nathanaël, que notre discussion n'a pas réveillé.

Livio s'occupe de réveiller Ejlan et Alary, entassés l'un sur l'autre, et je secoue doucement mon cousin, qui grogne.

- Debout, il est l'heure d'y aller, souris-je.

Encore visiblement fatigué, le brun ouvre lentement ses yeux noirs. Il me fixe un instant, avant de bougonner dans sa moustache en se redressant.

- Ça va, j'ai compris, j'arrive...

Amusée, je secoue négativement la tête en me relevant, et mon cousin s'assoit en tentant tant bien que mal de recoiffer ses cheveux ébouriffés.

- On n'a pas de petit déjeuner ? interroge Ejlan en se levant à son tour.

- On va tenir jusqu'au QG, rétorque Owen en ouvrant la portière de la voiture. Et plus vite on partira, plus vite on arrivera.

Ainsi donc, nous reprenons la route. Nous roulons durant plusieurs heures dans la bonne humeur, les garçons ayant insisté pour rallumer la radio. Je vérifie encore régulièrement nos arrières quand nous arrivons dans la forêt donnant accès au QG de mon père. Les garçons se mettent alors à chanter à tue-tête sur des musiques que je ne connais absolument pas, heureux d'être enfin arrivés.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant