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Je fronce les sourcils alors que John se redresse, essoufflé, ses cheveux blonds collant à ses tempes tant il transpire.

- Tu as continué à t'entraîner, n'est-ce pas ? j'interroge en lui lançant une bouteille d'eau, qu'il attrape au vol.

Il en vide la moitié avant d'acquiescer d'un hochement de la tête.

- Je ne regrette pas.

Son œil gauche est bleu, à moitié fermé, et sa lèvre inférieure porte la trace des coups des Enfants. Malgré son état physique affaiblit, John a insisté pour venir s'entraîner en notre compagnie. Emily a fermement refusé, et j'ignore si Kyle a suivi le mouvement pour la soutenir ou parce qu'il ne le désirait pas non plus. Dans tous les cas, je n'ai jamais vu le blond aussi acharné.

Placé derrière lui, Livio lui donne un léger coup de béquille dans l'épaule.

- Quand tu combats, ne baisse jamais les yeux, lui indique-t-il en jetant un coup d'œil à Amal, occupé à superviser un combat amical entre Nathanaël et Alary. Ne montre jamais à ton ennemi qu'il t'impressionne, même si c'est le cas.

Prenant ses conseils très au sérieux, John hoche la tête, et j'esquisse un sourire :

- Je ne suis pas très impressionnante, en plus.

Il ricane en passant une main dans ses cheveux, et je réenroule des bandages autour de mes phalanges. L'intensité avec laquelle je me suis entraînée ces derniers jours n'a laissé aucun répit à mes mains, qui ont finit par s'ouvrir sur le punching-ball.

Owen est à l'infirmerie depuis cinq jours. Il a l'interdiction formelle de se lever. Comme lorsqu'il avait été confiné après avoir été poignardé par Livio, il le vit très mal. Aujourd'hui est son premier jour de rééducation, mais Naïm a tenu à ce que je ne sois pas présente. Je n'ai pas émis d'objection, malgré la forte désapprobation d'Owen. Je ne lui dirai pas, mais je rejoins l'avis de mon père ; il doit apprendre à faire les choses sans moi. De ce fait, je sais que même si la rééducation se passe bien, il sera d'une humeur massacrante ce soir.

- Tu pourrais apprendre à te battre avec ça, commente John à l'adresse de Livio en donnant un léger coup de pied dans sa béquille, et je me détourne d'eux pour me diriger vers ma mère, assise sur une chaise, concentrée sur le combat de mon cousin et du métis.

Je la rejoins, et m'adosse contre le mur à côté d'elle, bras croisés sur ma poitrine. Depuis que nous avons repris les entraînements, elle a tenu à être là la plupart du temps. Naïm l'y a autorisée.

- Ils s'en sortent bien, déclare-t-elle alors, sans me jeter un regard.

J'acquiesce.

- Ils s'entraînent dur depuis longtemps.

- Ils me rappellent ton père lorsqu'il avait leur âge.

J'arque un sourcil, surprise, et lui glisse une œillade. Ses yeux bleus sont toujours rivés sur les deux garçons. Alary a pris le dessus. Il s'est incroyablement amélioré depuis la mort d'Ejlan. Afin d'évacuer son chagrin, il place toute son énergie dans l'entraînement. Il m'a semblé remarquer que c'est un réflexe que nous avons tous plus ou moins. Owen faisait de même lorsque je me suis fait emprisonner, et je me tue à l'effort pour sortir Thomas de mon esprit depuis plusieurs jours.

- A quel âge as-tu rencontré Naïm ? j'interroge alors.

Mes parents sont tous les deux très jeunes, les deux n'ont pas encore la quarantaine, et si je sais que ma mère m'a donné naissance lorsqu'elle n'avait que dix-huit ans, j'ignore si elle connaissait Naïm depuis longtemps. Elle esquisse un sourire nostalgique, et soupire.

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