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- Arrête-toi, là, c'est suffisant, indiqué-je à Owen, qui se gare sur le trottoir. Nous sommes à une rue du bâtiment, dis-je plus fort, pour les autres. On sort ici, ayez l'air de touristes normaux. Dans le meilleur des cas, vous savez parler anglais ?

- Je savais bien, que ça allait me servir un jour... marmonne Ejlan dans le fond. Non !

- Super, soupire Owen, moi non plus.

- Naïm ne vous a pas appris ça ? m'étonné-je.

- Si, mais Ejlan et Owen ont toujours trouvé ça inutile et n'ont jamais rien écouté, se moque Nathanaël.

- Génial, soupiré-je en ouvrant ma portière, allez, ce n'est pas grave, dépêchez-vous.

Je m'engage dans la rue d'un pas décidé, et les cinq autres m'emboîtent le pas. Il est dix heures, et pourtant la rue est presque déserte, ce qui m'embête quelque peu. Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant le bâtiment. Il est immense, fait de pierre blanche, taillé si soigneusement que je serais prête à parier que cela a été fait à la main. A première vue, l'espèce de maison ne paraît pas très large, mais je ne doute pas que les maisons autour appartiennent également à celle-ci, sans pour autant en avoir l'air. Je jette un coup d'œil au toit, attentive.

- Il faudra que les personnes qui restent devant la porte soient habillés en civils, fait remarquer Livio. Il n'y a quasiment nulle part où se dissimuler sans se faire repérer.

- Pas faux, approuve Owen.

- Il y a trois fenêtres de chaque côté du toit du bâtiment, fais-je remarquer, comme la face route sera surveillée par les deux qui gardent la porte, il faudra une personne par face. Vous allez devoir vous déplacer sur le toit en même temps que moi dans la salle. J'essaierai de ne pas trop me déplacer, dans la mesure du possible.

- Bouge comme tu auras besoin de bouger, rétorque Nathanaël, les sourcils froncés, ses yeux noirs posés sur le toit.

- Ils en sont encore aux préparatifs, remarque alors Ejlan en observant lui les quelques personnes qui s'agitent à la porte d'entrée.

Deux hommes en tenue de bricolage, tâchés de peinture et de poussière, crient pour pouvoir passer, transportant difficilement une immense planche de bois que je soupçonne être destinée à servir de table. Une camionnette est arrêtée devant la grande porte d'entrée, un homme, qui semble être le chef de groupe, parle sérieusement avec deux de ses ouvriers, qui l'écoutent attentivement, mains sur les hanches.

Détournant mon regard des hommes affairés, je continue d'avancer de manière à dépasser le bâtiment. Par précaution, nous avons préféré rester sur le trottoir d'en face. Je désigne vaguement le petit immeuble collé à notre édifice, et indique :

- Je pense que tout est relié par l'intérieur. Si j'étais amenée à changer de bâtiment, alors l'un d'entre vous ira se positionner non loin de la porte de celui-ci. Je ne veux pas que les deux qui surveillent la porte principale bougent.

Les immeubles qui entourent le lieu de la fête son en bien piteux état à côté. Je ne doute pas cependant qu'ils doivent être habitables et certainement habités, ils reflètent plus la majorité des façades d'immeubles parisiens, datant du vingtième siècle, gris, mornes, aux fenêtre usées, rénovées par-ci par-là. A la différence des autres immeubles du quartier, celui-ci ne comporte pas de balcon. Une femme au deuxième ferme sa fenêtre, et Alary commente en levant une main en l'air :

- Il pleut.

Par réflexe, je lève la tête, et une goutte d'eau s'écrase dans mon œil. Je jure dans ma moustache alors qu'Owen se moque gentiment en passant son bras autour de mes épaules. Effectivement, le temps se couvre, et la pluie se fait de plus en plus intensive.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant