Virago

13-

Lorsque Nathanaël et Owen débarquent dans ma chambre ce matin, le châtain semble de mauvais poil.

- Un problème ? demandé-je en m'approchant d'eux.

Mon cousin hausse les épaules en jetant un coup d'œil à son colocataire.

- Naïm l'a chargé de s'occuper de Livio.

- Oh, je vois. C'était à prévoir.

- Tu as enlevé tes lentilles, constate Owen en ignorant royalement ma remarque.

Amusée, je souris.

- Oui, j'ai enlevé mes lentilles.

Je referme la porte de ma chambre derrière moi, et nous nous dirigeons vers la chambre-cellule de Livio, Owen le pas traînant. Soupirant, il ouvre la porte et pointe son pistolet dans la chambre.

- Debout tout le monde, on y va...

- Je suis réveillé, commente Livio en s'approchant, et Owen lui passe les menottes.

- Tant mieux pour toi...

Il se tourne vers nous.

- Dîtes à Amal que j'aurais du retard, je dois l'emmener voir une vidéo.

- C'est encore Amal qui vous entraîne ? m'étonné-je.

- Oui, Naïm a trouvé qu'il nous canalisait mieux qu'Adil, confirme Nathanaël en refermant la porte de la chambre-cellule de Livio. On transmettra, Owen.

Le châtain lui adresse un signe de tête pour le remercier, et indique à Livio le chemin à prendre, opposé au notre. Nous nous séparons alors, et après quelques minutes dans le silence, Nathanaël déclare :

- Ça l'a beaucoup affecté, tu sais.

Je soupire.

- Il me l'a fait comprendre.

- Il est devenu ingérable, ou presque. Je crois qu'il s'en voulait de ne pas avoir été en pleine possession de ses moyens ce jour-là. Ta disparition en plus de son échec face à Livio l'ont fait se remettre en question, vraiment.

Je hoche doucement la tête, pas vraiment étonnée.

- Dès qu'il a pu reprendre, il s'est tué à l'entraînement, tu n'imagines même pas. Naïm a été obligé de lui imposer des horaires restreints, et j'ai dû surveiller son alimentation. Si on l'avait laissé faire, il se serait entraîné jusqu'à s'évanouir, il l'avait déjà fait plus d'une fois, et il n'aurait rien mangé par la suite.

Je soupire.

- J'avais espoir qu'il s'en remette vite.

Mon cousin secoue négativement la tête.

- Tu comptes plus à ses yeux que ce que tu penses. On arrivait encore à le contrôler parce qu'il avait l'espoir que tu sois en vie, mais je ne sais pas ce qu'il aurait fait, si tu n'avais pas survécu.

- Peut-être qu'il aurait été obligé de s'y résoudre.

- Comme nous tous, mais ça ne garantit pas qu'il l'aurait accepté quand même.

- Je sais, soupiré-je. Mais je vois mal ce que j'aurais pu faire d'autre.

- A part attendre qu'ils toquent à la porte du QG, pas grand-chose. Je ne le dirai jamais devant Owen, mais je pense que tu as pris la bonne décision. Ne refais jamais ça, ajoute-t-il aussitôt, mais tu avais raison.

Je ris légèrement.

- Ça a laissé à Naïm le temps de construire son mur.

- Oui, c'est la seule solution qu'il a trouvé pour les arrêter. Depuis, on a repris le contrôle de la zone. En fait, si avant il la monopolisait, il l'a achetée aux propriétaires, je ne savais même pas qu'il y en avait, et donc le terrain lui appartient, maintenant. On les voit venir de loin et on les abat une fois qu'ils arrivent devant le mur. Et puis, leurs hélicos n'arrivent même pas jusque-là.