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Les policiers pénètrent dans la salle et la main de Bill sur mon épaule me fait sursauter. Je me retourne vers lui. Il paraît secoué.

- Merci, murmure-t-il, les yeux rivés sur les policiers. Tu m'as certainement sauvé la vie.

Encore sous le choc, je hoche la tête.

- Je vous en prie...

- Est-ce que tu vas bien ? s'inquiète alors Abel en se levant pour m'inspecter sous toutes les coutures.

- Oui, ça va. Ils ne m'ont pas touchée.

Les policiers, qui ont commencé à rassembler les personnes présentes, clament :

- Restez calmes, s'il vous plaît ! Le danger a normalement été écarté mais restez calmes en cas de toute autre éventualité ! Rassemblez-vous ici, je vous prie ! rajoute un autre en prenant les devants.

- Ils sont partis, informe Owen dans l'oreillette. Certains policiers les ont pris en chasse, et ils ont mobilisé des militaires, je crois. Ils ont trois otages. On ne s'écarte pas du plan, ce n'est pas le moment. –

Je hoche la tête, d'accord avec lui. Mine de rien, ces bandits m'ont donné un sacré coup de pouce. La garde de Bill à mon égard a considérablement baissé.

- Allez voir les policiers les enfants, je vous suis.

Obéissant, nous nous rapprochons des agents, qui sont en train d'expliquer la situation.

- Nous avons bloqué toutes les routes qui sortent de Paris. Ils sont coincés dans la ville, et nos équipes sont à leurs trousses, ne vous en faîtes pas. Tous ceux qui vivent en dehors de la capitale vont devoir trouver un endroit où se loger en attendant le déblocage des routes.

J'arque un sourcil. Décidément, ils sont décidés à me faciliter la tâche.

- Mince, marmonné-je.

- Un problème ? demande Abel.

- J'habite en dehors de Paris et mes parents ne sont pas là. Aucun taxi ne pourra me ramener chez moi et je ne connais personne ici...

Le jeune homme aux cheveux courts réfléchit quelques secondes, avant de se tourner vers son père.

- Clara n'habite pas dans Paris. Elle ne connaît personne, il faut qu'elle vienne à la maison.

- Quoi ? s'étrangle Bill.

- Je sais que tu détestes ça, mais hors de question qu'on la laisse à la rue.

- Je ne veux pas m'imposer, interviens-je.

- Ne t'en fais pas, répond Abel en posant une main sur mon épaule, il n'y a pas de problème. N'est-ce pas, papa ?

Mâchoire contractée, l'Enfant réfléchit quelques secondes, avant de soupirer :

- Je te dois bien ça. C'est d'accord.

- Merci, monsieur.

Nous patientons dans la grande salle encore près d'une demi-heure, quand les policiers nous invitent à rentrer chez nous. C'est donc avec soulagement que je suis Abel et Bill en dehors de la bâtisse. Une fois à l'extérieur, l'air froid me gifle le visage, et je prends une grande inspiration. Le plus dur reste à venir.

- Les gars, vous pouvez quitter vos positions en restant prudents, Lou' est sortie. Elle est avec Bill HOAREAU et son fils. –

- Parfait, on descend. –

- On se rejoint à la voiture. –

Je retiens un soupir. Pour l'instant, tout se passe à merveille. Nous arrivons devant la voiture de Bill, et je hausse les sourcils. Je sais dans quoi il dépense son argent. Abel m'invite à monter à l'arrière pendant que lui et son géniteur montent à l'avant. Alors que nous démarrons dans un silence de mort, Abel finit par demander :

- Pourquoi est-ce que tu étais armé ?

- Pour la même raison que les trois autres qui ont été pris, répond son père, concentré sur la route.

Cette attitude, froide et détachée, me fait irrésistiblement penser à Luc. Ce sont deux profils quasiment identiques. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Naïm m'a envoyée moi à cette mission. J'ai déjà échappé à Luc, je devrais pouvoir échapper à Bill.

- Ça ne me dit pas pourquoi, insiste son fils.

Les mains crispées sur le volant, Bill soupire.

- En prévoyance de ce genre d'incident, Abel. Il y a énormément de gens sur Terre qui en veulent aux hommes riches parce qu'ils ont ce qu'eux n'auront jamais. Certains d'entre eux seraient prêts à tuer pour détruire cette injustice.

Abel opine du chef. Cette excuse semble lui convenir. Elle ne m'aurait pas convenue, à moi. Si ces gens venaient réellement pour déposséder les plus riches de la société, alors soit ils les auraient tous tués, soit ils auraient procédé autrement, comme braquer les banques où est stockée leur argent. Or, ici, ils ont simplement procédé à une fouille et ont kidnappé les porteurs de pistolet, ce qui signifie qu'ils devaient en réalité chercher quelqu'un de bien précis.

Et en l'occurrence, une forte intuition me pousse à croire que cette personne était Bill HOAREAU. 

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