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Voilà deux semaines que je suis rentrée et que Livio a commencé à s'intégrer au groupe de Naïm. Je ne pensais pas qu'il lâcherait les Enfants si vite, mais très rapidement, au fur et à mesure qu'il apprenait la vérité, il s'est mis à les haïr presque autant qu'Owen. J'aimerais pouvoir dire que ça les a rapprochés mais ça serait mentir. Cependant, ils peuvent passer une journée d'entraînement ensemble sans que le châtain soit tendu et muet comme une tombe. Nathanaël et moi avons estimé qu'il s'agissait d'une amélioration.

Ce matin, j'ai été convoquée chez Naïm. Encore légèrement ensommeillée, je frappe à la porte, qui s'ouvre presque instantanément. Je pénètre dans la pièce, et mon regard croise les yeux vairons de mon père, assis sur sa chaise de manière totalement décontractée. Pourtant, je devine à la lueur qui brille dans ses yeux qu'il ne l'est pas tout à fait.

- Tu m'as demandé ? j'interroge.

Le chef blond foncé opine en se redressant.

- Qu'est-ce que tu penses de l'évolution de Livio ? me demande-t-il de but en blanc.

Je réfléchis quelques secondes alors que les portes se referment derrière moi.

- Je pense que les Enfants ne forment pas des acteurs.

Les yeux de Naïm restent fixés sur moi, attendant ma conclusion.

- Je suis allée le voir tous les soirs pour évaluer l'évolution de son point de vue, et je crois qu'on peut s'accorder à dire qu'il n'est plus loyal aux Enfants, et qu'il n'effectuera pas de retour en arrière.

Le chef hoche doucement la tête.

- C'est à peu près ce qu'Amal m'a dit aussi. Tu penses qu'on peut lui faire confiance ?

Cette fois, je secoue négativement la tête en grimaçant.

- Je ne suis pas encore prête à passer ce cap. La dernière personne que j'ai laissée presque sans surveillance parce que j'avais confiance m'a fait un coup de pute.

Naïm émet un léger rire à l'évocation de Justin.

- Oui, oui, je suis du même avis. Enfin, ce n'est pas vraiment pour ça que je t'ai demandée.

Il pianote un instant sur son ordinateur, avant de le tourner vers moi.

- Ces deux dernières semaines, les Enfants ont tenté de nous attaquer trois fois.

Il désigne son ordinateur, sur lequel brille une carte du territoire.

- La première fois, nous les avons arrêtés ici, à la rivière. La deuxième fois, ils sont venus par la voie des airs et nous les avons abattus dès qu'ils ont passé la frontière, mais la troisième fois, ils sont parvenus jusqu'au mur et nous les avons éliminés là.

Son doigt se pose sur la seule et unique porte donnant accès à la suite du territoire. Puis, il relève la tête.

- Je ne sais pas combien de temps on va pouvoir les repousser, mais j'ai peut-être une idée pour les éloigner de nous.

Je l'encourage à continuer d'un signe de tête. Alors, il appuie sur la touche « Entrer » de son clavier, et la photo d'un homme aux cheveux très courts, aux yeux noirs et à la mâchoire carrée s'affiche sur l'écran. Cet homme porte également un piercing au sourcil.

- Bill HOAREAU. Enfant haut gradé, proche de CIRILLO. Il détient toutes les informations relatives aux oppositions aux Enfants, ainsi que celles de la prison spécialisée où tu étais enfermée.

Concentrée, les sourcils légèrement froncés, j'acquiesce.

- Cet homme-là est intouchable mais ses informations pourraient se révéler cruciales pour nous. J'ai déjà essayer d'infiltrer plusieurs de mes hommes, sans succès. L'un d'entre eux a cependant pu rapporter que CIRILLO lui avait expressément ordonné de garder les informations chez lui, et non pas au QG. Mais impossible d'y accéder, c'est plus surveillé que la Maison Blanche, râle-t-il en grimaçant légèrement.

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