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Naïm est partagé. Selon lui, il y a deux solutions : soit CIRILLO prépare un coup d'une telle envergure que peu importe nos alliances et nos actions passées, nous n'y survivrons pas, soit il y a quelque chose que Naïm comme moi ignorons. Car même mis en difficulté par notre réseau d'espion au sein des Enfants, en plus des rebelles, le chef aurait dû agir il y a déjà bien longtemps.

Cela m'inquiète autant que cela me rassure. Cela m'inquiète car j'ignore si nous serons capable de faire face, cela me rassure car nous avons plus de temps pour nous remettre sur pieds. Voilà deux semaines que nous sommes rentrés de l'opération sauvetage. Owen va beaucoup mieux. A ma grande surprise, ses relations avec Livio se sont améliorées ces dernières semaines, et ce grâce à la présence de John notamment. Le blond passe désormais la totalité de son temps en notre compagnie. Moi qui le connaissais silencieux et toujours sérieux, j'ai été étonnée de voir à quel point il est parvenu – sans le vouloir – à remonter le moral de notre unité. Alary a enfin accepté la mort d'Ejlan, et même s'il paraît plus triste qu'avant, la phase de déni est passée. 

De fait, nous avons fait des modifications dans les collocations. Nathanaël, qui dormait avec Owen, a déménagé dans la chambre du métis, et Owen est venu dans ma chambre à moi. John, quant à lui, s'est installé dans celle de Livio.

En effet, le blond s'est très bien entendu avec Livio ; ils élaborent ensemble des techniques pour se battre avec une béquille. Leurs séances sont très drôles car la plupart du temps, elles se concluent sur un échec. Mon cousin, quant à lui, passe beaucoup de temps en compagnie d'Amal. Il étudie les techniques des Enfants pour pouvoir s'y parer. Lorsqu'ils trouvent une combine, ils me mettent sur le ring, et Nathanaël l'essaie sur moi, car selon l'entraîneur, j'ai encore des réflexes de l'armée. En l'occurrence, peu de leurs inventions ont été fructueuses également.

De ce fait, lorsque Naïm reçoit un coup de fil de Nicolas MARTINET, l'homme qu'il a placé à la tête de l'organisation du QG pyrénéen le temps qu'il soit parti, nous n'aurions pu être plus parés. Mon père est assis devant un bureau, qui, au vu du bazar monstre qui y règne, ne peut être que le sien, ses yeux bicolores sont rivés sur son ordinateur. Il semble surpris. Je suis assise en face de lui, Amal à ma gauche. Il nous avait convoqués tous les deux pour faire un bilan global de l'avancée de mon unité, et pour discuter du cas de John, qui n'a jamais semblé aussi épanoui que ces derniers jours.

Lorsqu'il raccroche, il ne semble pas vraiment savoir quoi dire. Ses sourcils sont haussés.

- Ils attaquent le QG aux Pyrénées, déclare-t-il finalement.

C'est à mon tour d'arquer les sourcils.

- Il y a concentré toutes ses forces ?

- Si j'en crois ce que MARTINET m'a dit, alors oui.

- Quoi, deux semaines pour mobiliser ses forces et attaquer notre QG ? s'indigne Amal.

- La moitié des hommes est ici, déclaré-je en me levant, paumes posées sur la table. CIRILLO ne tardera pas à s'en rendre compte. Il faut qu'on se dépêche d'agir, ou ce sera un massacre là-bas. MARTINET ne les retiendra pas longtemps. Lorsque CIRILLO verra un deuxième front se former, il sera obligé de rappeler une partie de ses hommes pour se protéger lui-même.

Naïm hoche la tête, et souffle sur l'une de ses mèches blondes qui tombe sur son front.

- Alors nous allons attaquer leur QG. J'appelle DEGOR.

Il saisit son téléphone, et Amal se lève à son tour. Là, mon père ancre ses yeux dans les miens, et déclare :

- Quoiqu'en soit l'issue, ce soir sera la dernière bataille.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant