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Nous sommes restés une semaine dans l'enceinte du repère des Résistants, dans l'attente que Livio puisse sortir de l'infirmerie. Après avoir constaté les séquelles de sa blessure, nous avons conclu, sans son accord, qu'il faudra probablement l'évincer de la suite des évènements au risque que son état ne lui coûte plus cher qu'une jambe boiteuse.

Comme nous n'avons pas récupéré le peu d'affaires que nous possédions dans la voiture, nous n'avons pas pu recontacter Naïm afin de l'informer de l'avancée de notre partie du plan, ce qui cependant, ne pas m'a dérangée. Je n'ai pas encore digéré le sacrifice délibéré qu'il a fait sans même m'en parler. L'état d'Alary me conforte dans mon idée que j'aurais dû m'opposer à un tel plan. En effet, le métis s'est complètement replié sur lui-même, et d'après Nathanaël, il a de temps à autre l'impression d'entendre la voix de son copain décédé, ou de le voir au détour d'un couloir. Je lui ai assuré que c'était un état normal, mais le voir ainsi me peine énormément, et augmente le poids de la culpabilité un peu plus chaque jour.

Aujourd'hui, SARTORI a finalement conclu que nous pouvions récupérer nos affaires. Je soupçonne DEGOR d'y être pour quelque chose puisqu'il a agréé à notre proposition, mais qu'importe.

- Il faut qu'on appelle Naïm, déclare Owen en posant les papiers et le téléphone abîmé sur le bureau au bout de la chambre dans laquelle nous nous sommes tous réunis, en dehors de Livio, confiné à l'infirmerie jusqu'à demain.

Comme le regard du châtain est posé sur moi, je hausse les épaules.

- Vas-y, je t'en prie.

Owen ouvre la bouche pour protester, mais Nathanaël est plus rapide :

- Lou, tu es à la tête de cette mission, c'est toi qui est censée informer nos supérieurs de notre avancée.

Je me tourne entièrement vers mon cousin pour lui faire face, et hausse brièvement les sourcils.

- Allez-y, rétorqué-je froidement en soutenant son regard.

Je n'ai aucune envie d'avoir à m'adresser à mon père, pas maintenant, pas avant de l'avoir en face de moi et de pouvoir mettre les choses au clair en le regardant droit dans les yeux. Alors, Owen soupire mais attrape le téléphone et appelle le numéro du QG en s'éloignant légèrement. Il salue le chef lorsque ce dernier répond, et je soupire longuement avant de sortir de la pièce sans donner la moindre indication.

Je marche activement jusqu'à la salle où le lieutenant SARTORI supervise l'entraînement des nouvelles recrues, parmi lesquelles j'ai déjà pu identifier Kina. Nous ne nous sommes jamais mêlés à eux, préférant profiter des quelques jours de calme avant notre départ, qui n'est pas encore garanti sans accrocs. J'observe un instant les jeunes, tout comme les plus âgés s'entraîner à se battre et à tirer, puis je m'avance jusqu'au lieutenant. Je m'arrête à ses côtés, et, légèrement surprit, il me salue :

- SADDLER.

- SARTORI, je réponds vaguement en observant Kina tomber lourdement sur le sol.

Je reste muette quelques minutes, observant patiemment la jeune fille se relever, prête à en découdre de nouveau. Son combat recommence, et je jette un bref coup d'œil au lieutenant avant de m'avancer calmement jusqu'à elle. Le quarantenaire n'ose pas me rattraper, et je m'arrête juste à côté de la brune à la longue queue de cheval, qui, surprise par ma présence, se mange un vilain coup de poing dans la mâchoire, et s'effondre sur le sol. Je fais signe à son adversaire de se stopper, et lui tends une main. Kina hésite une seconde, me toisant depuis le sol, puis elle attrape ma main, et je l'aide à se relever. Là, je fais signe à son adversaire de se placer face à elle, et je croise mes bras sur ma poitrine.

ViragoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant