Prologue 2-

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Emily :

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur, le cœur battant à toute allure. Haletante, j'essuie les larmes qui dévalent mes joues, et me redresse. Je suis bien dans ma chambre, sur mon lit, chez moi. Tout va bien.

Et pourtant...

Pourtant je ne dors plus, chaque nuit, des cauchemars, des scènes toutes aussi horribles les unes que les autres se déroulent dans ma tête. En un an, je n'ai toujours pas réussi à me défaire du traumatisme que la forêt et Naïm m'ont laissé.

A la télé, je ne peux plus regarder de film, plus aucune violence. A chaque fois que je vois une arme, je me revois avec un pistolet dans les mains, visant les hommes de Naïm pour protéger Justin. Quand je mange, je ne peux plus utiliser de couteau. Les objets coupants me ramènent irrésistiblement à Hugo, que Lou' a tué de sang-froid. Le souvenir de cette scène m'a fait vomir plus d'une fois. Comme si sur le moment, j'avais été anesthésiée, mais aujourd'hui, je ressens tout. 

Je jette un coup d'œil à mon réveil. Quatre heures. Je ne pourrais plus me rendormir. Chaque nuit, je rêve d'eux. Je me souviens de tout, de chacun. De Lou' et son sang-froid sans égal, de ses coups de colère contre Justin, de sa tentative de suicide. John', de ses armes impeccables, de son silence qui pourtant nous a été d'une grande aide plus d'une fois, puis de son refus de nous revoir pour parler de ce qu'il s'est passé.

De Ky' et sa bonne humeur perpétuelle, la balle qu'il s'est pris dans l'épaule, de sa frustration lorsqu'il devait vider un oiseau. De Nathanaël et son détachement de tout ce qui pouvait se passer, son air paniqué lorsque Justin lui a volé sa lettre, puis de la haine dans ses yeux quand il le regardait. Je me souviens de Justin, tremblant de peur que nous le tuions, puis finalement agissant pour sa pomme, nous forçant à nous rendre, la manière qu'il avait de faire péter les plombs à Lou'...

Et puis je me souviens de Tom', et de ses décisions parfois égoïstes qui nous ont en partie menés à nous rendre, de sa fuite pour retrouver Lou', de son désir de se racheter par la suite.

A cette pensée, une larme coule sur ma joue. A peine sommes-nous rentrés chez nous que John' a déclaré qu'il coupait tous les ponts, qu'il ne voulait plus entendre parler de cette histoire et qu'il ne voulait plus nous voir. Ça m'a fait énormément de mal, mais nous avons été obligés de respecter sa décision. Je ne l'ai pas revu depuis que nous nous sommes séparés ce jour-là. Et puis Thomas, Kyle et moi avons décidé de nous réunir une fois par semaine, afin de ne pas oublier, et puisque nous ne pouvions en parler à personne au risque de nous faire tuer, nous en parlions entre nous.

Mais petit à petit, Thomas s'est absenté. Il s'excusait, il n'était jamais libre, toujours occupé. Alors je me retrouvais avec Kyle, seuls. Un jour, il ne s'est pas excusé, il n'a pas donné de nouvelles. Nous avons attendu, longtemps, qu'il revienne, avant de nous impatienter au bout de trois semaines et d'aller le chercher chez lui.

Là, nous sommes tombés face à sa mère. Elle nous a dit qu'il était mort. Qu'il avait été tué, on ne savait pas par qui, et qu'une enquête était en train d'être menée. Je me suis effondrée. Nous avons immédiatement compris. Thomas avait dû parler de Naïm à quelqu'un d'extérieur, alors ses hommes l'avaient tué.

Depuis, je ne peux empêcher de tourner ça en boucle. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi s'est-il senti supérieur à Naïm au point de franchir la seule interdiction qu'il nous avait donnée ?

Je renifle et saisis mon téléphone. J'ai besoin de parler. Je compose un numéro, et lors de la troisième sonnerie, une voix fatiguée me répond :

- Emily, il faut que tu fasses quelque chose pour tes cauchemars, ça ne peut pas durer... -

Je déglutis.

- Je sais Kyle, je sais, mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi...

- Il faut que tu ailles voir quelqu'un, un psychologue ou un psychiatre ! Je l'ai fait moi, et je ne fais plus de cauchemars. –

- Mais je ne peux pas ! protesté-je en laissant une larme couler. Je me connais Kyle, je ne serai pas capable de garder ça pour moi, et ils me tueront ! Je ne veux pas mourir.

- Tu ne vas pas mourir, Emily... tu vas réussir à te taire et tout ira mieux. –

- Non, je sais que je n'y arriverai pas...

A l'autre bout du fil, il soupire.

- Je passe te chercher devant chez toi à neuf heures, on discutera. D'accord ? –

Soulagée, j'opine, avant de me souvenir qu'il ne peut pas me voir.

- D'accord, merci beaucoup. Et désolée de t'avoir réveillé.

- Ne t'en fais pas, je suis habitué... -

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