Au cœur du brasier

La Potion sur Demande

CASSIOPÉE

La pièce est plongée dans un silence glaçant. Aucun bruit ne résonne sur les mûrs en pierre. Cela ne devait pas se passer comme cela. Mais pourtant, personne ne dit un mot. Il n'y a pas même un applaudissement ou un sourire lorsque la jeune femme en robe blanche passe la porte. Elle n'est pas extravagante. Elle est simple. Un mariage expéditif et arrangé. Arrangeant, même. Pour chacun des partis, pour chacune des familles. Et pour eux aussi. 

C'est un mariage, mais personne ne rit. 

C'est son mariage, et pourtant je ne vois que de la peine dans ses yeux. 

Même assise loin derrière les familles, tout au fond de la grande église silencieuse, je ne peux rater ses yeux tristes alors que sa future femme s'approche doucement de lui. Malgré toute la peine que cela me procure, je suis là. Je ne peux être ailleurs. Je voulais voir cela de mes yeux. Je pensais y être préparée mais... on n'est jamais préparé à assister au mariage de l'homme de sa vie... avec une autre. 

Et le pire dans tout cela, c'est qu'il n'est même pas heureux. Il a toujours caché ce qu'il ressentait, c'est vrai. Cela fait bien longtemps que je suis ne suis plus capable de le déchiffrer, de lire en lui. Mais là, c'est différent. Sa posture droite, faussement fière et ses sourcils froncés pour cacher ses yeux trop émotifs ne dupent personne. En tous cas, ils ne me dupent pas. Ce n'est pas lui. Ce n'est pas le Drago que j'ai connu. 

Mais celui-là a disparu depuis longtemps, si longtemps que j'ai même du mal à m'en souvenir. Il est enfoui sous un masque si épais que personne ne pourra peut-être plus jamais voir à travers. Ce n'est pas ce que je voulais pour lui. Ce n'est pas ce qu'il mérite. 

Après tout, il se marie avec une femme magnifique aujourd'hui. Alors peut-être finira-t-il tout de même par être heureux..?

•     •     •

- Oh, tu arrives si tôt ? s'étonne Harry lorsque je frappe à sa porte, un matin de mars.

- Je... je suis désolée... je bégaie. Il faut que... Je peux entrer ?

Mon ami fronce les sourcils, mais me laisse passer la porte de son appartement après avoir haussé les épaules. Je pénètre dans son petit salon et pars directement vers la cuisine, comme à mon habitude. Il ne fait plus très froid, le soleil commence enfin à réchauffer la ville. Son appartement retrouve enfin sa jolie luminosité. Il a positionné des miroirs à travers la pièce pour que, lors des levés de soleil, il y ai des dizaines de reflets à travers toute la pièce. C'est le cas aujourd'hui, et cela me fait légèrement sourire. Je me suis toujours sentie bien ici. Et lui aussi. En même temps, avec tout le mal qu'il a peu pour trouver ce superbe endroit, à l'abri des fans et des paparazzis... heureusement qu'il s'y sent bien. 

En plus des miroirs (car en réalité, je l'ai aidé), il a aussi essayé de décorer tout seul. Ce n'est pas forcément parfait, mais c'est tout à fait à son image. Les cadres légèrement penchés expriment son côté désordonné, et le bois, un côté authentique. J'ai beau venir ici depuis 4 ans maintenant, je ne m'en lasse pas. 

- Café ? propose Harry, me faisant sortir de mon tourbillon de pensées à propos de sa décoration intérieure. 

- Je veux bien, merci...

Un peu maladroitement, je m'assois sur le tabouret placé devant le bar, laissant mon manteau et mon sac sur son canapé. De toutes façons, c'est déjà le bazar par ici...