DRAGO
J'avais décidé de ne pas me mêler outre mesure des traitements reçus par Cassiopée. Cela ne me concerne pas, et je dois rester à ma place, même si la limite de cette place est un peu trop floue pour être efficacement respectée.
Pourtant, quand j'ai appris que cela faisait plusieurs jours que les médicomages avaient décidés de la mettre sous potion d'amortissage, mon sang n'a fait qu'un tour. Cette potion est tellement dangereuse ! Certes, les effets sont colossaux, mais le risque d'addiction est grand. Trop grand. Et puis... elle n'est même plus elle même. Elle ne parle plus, elle ne fait même plus l'effort de faire croire qu'elle rétablit. C'est devenue une coquille vide, et son âme se balade quelque part.
Alors, j'ai fait arrêter ce traitement. J'aurais cru que cela suffirait. J'ai bêtement cru que... je ne sais pas, tout allait s'arranger.
Mais rien ne s'est arrangé. Je l'ai réalisé lorsque la petite Rose Granger-Weasley est née, fin Août. Cassiopée est restée stoïque. Elle ne sourit plus, elle ne rit plus.
Quelque chose a changé, et il me fallu 2 semaines de plus pour comprendre. Ce jour-là, j'ai insisté pour que nous rendions visite à Hermione et Ron. C'était encore une tentative désespérée de faire réagir Cassiopée. Elle n'était pas réactive, son regard était perdu dans le vide, et elle passait son temps à triturer la couverture qu'elle avait sur les genoux, à tel point que je suis certain qu'elle finira par la trouer. Je n'ai pas encore trouvé le courage de la confronter, mais j'ai commencé à me douter qu'elle soit encore sous potion d'amortissage. Le blanc de ses yeux avait prit une légère teinte bleutée, et elle montrait des symptômes de manque.
Ce jour-là, alors que nous étions dans la voiture, en train de rouler vers mon appartement, elle ne décrochait pas le regard de l'extérieur. J'avais comme l'impression qu'elle se tendait à chaque fois que nous avons eu à nous arrêter à un feu rouge, à un stop, ou lorsque nous avons été coincé dans un embouteillage.
- Stephen, nous devons nous arrêter à la Tour Malefoy, j'ai quelques documents à récupérer, j'indique à mon chauffeur, scrutant méticuleusement les expressions de Cassiopée. Tu resteras avec Mademoiselle dans la voiture pendant ce temps.
Comme je m'y attendais, elle s'est tendue à cette annonce. Mais, elle n'a pas détourné le regard de la route. Il pleut des cordes, aujourd'hui. Elle adore la pluie. Je la déteste. Le fait qu'aujourd'hui, elle ne s'y intéresse même pas en dit long sur son état. Et cela me fait la détester encore plus.
Lorsque nous sommes arrivés à la Tour Malefoy, j'ai rejoins mon bureau, et de là, j'ai directement transplané à mon appartement. Je me dirige immédiatement vers la chambre qu'occupe Cassiopée, et je commence à fouiller dans ses affaires. Il ne m'a pas fallu plus d'une minute pour trouver ce que j'étais venu chercher : une preuve qu'elle est toujours sous l'emprise de la potion d'amortissage. Dans le troisième et dernier tiroir de la commode, placée à droite de la porte, je découvre avec horreur une vingtaine de petites fioles en verre. Elles étaient à peine dissimulées sous les pulls que j'avais fait acheter à Stephen lors de son arrivée. La plupart de ces récipients, probablement volés dans mon bureau un jour où je me suis absenté, sont vides. Un seul d'entre eux est encore plein de ce liquide bleu vif et pailleté. Elle a du les diluer avec des potions de Sommeil-sans-rêve. Quand et comment est-elle parvenue à faire cela ?! C'est à peine si elle est consciente...
La colère qui me submerge à cet instant est indescriptible. Je pourrais hurler. J'ai envie d'envoyer valser ces fioles et de les regarder se briser contre les murs. J'ai tellement de mal à m'empêcher de le faire que je me demande comment je fais pour garder mon calme.
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Au cœur du brasier
FanfictionLes années ont passé. À Londres, tout est d'une normalité presque ennuyeuse. Les sorciers, comme les moldus, vivent en paix. Mais, malgré cela, deux âmes sont toujours brisées, et se cherchent désespérément, même si elles ne veulent pas l'accepter...