Sensation

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CASSIOPÉE

Je n'avais pas conscience d'avoir perdu l'usage de mes sens avant de les récupérer. C'est comme marcher le long d'une falaise, puis le sol se dérobe, mais tomber ne provoque aucune douleur. C'est comme se relever après une chute indolore est être abattue par une brise. Plus rien ne fait de sens. Alors que justement, tout reprend du sens. 

La lassitude est d'abord revenue. 

La fatigue d'être constamment en stress, en alerte. Je me sentais tellement bien avec cette potion que la peur de perdre ce sentiment de bien être m'a paralysée et a annihilé tout le reste. 

Et puis, après cela, la douleur. 

Ce n'était pas la même qu'avant la potion. Ce n'était pas non plus la même qu'avant l'accident. Ni même celle d'avant Drago, lorsque je n'étais encore que la Fille derrière la porte à ses yeux. Non, c'était à la fois physique et psychologique. 

Drago était là. Il était tout le temps là. Physiquement. Son odeur était partout. 

Il ne m'a pas quittée. J'ai vécu ces heures d'attente comme une trahison de mon propre corps. Mais, cela a fini par passé. 

La culpabilité est revenue également.

Mais, j'étais bien trop épuisée pour y penser. 

Je me suis laissée aller entre les bras de Drago, et je me suis presque sentie en paix, le temps d'un cours instant. Et puis j'ai sombré dans le sommeil.

Lorsque je me suis réveillée, j'étais de retour dans mon lit. J'étais enroulée dans les draps, et un petit plateau avait été déposé sur la table de nuit. J'y trouve un verre d'eau, ainsi qu'une assiette avec des petits gâteaux. J'avais étrangement faim. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti cela, et pas seulement à cause de cette potion. 

Tant bien que mal, et presque habituée à ma condition déplorable d'infirme, je me suis redressée. 

- Oh, tu es réveillée. Tant mieux. 

Drago venait de passer la porte. Il m'a sourit, s'est approché et à déposé une tasse fumante à côté du reste, sur le plateau. Il en garda une pour lui et s'appuya contre mur, à quelques centimètres de moi. 

- Comment te sens-tu ? 

Il s'était changé, enfin je crois. 

- Combien de temps ai-je dormi ? 

- Deux heures, a-t-il répondu tranquillement. 

Cela m'avait fait du bien. Et, maintenant je meurs de faim. Sous le regard acéré de Drago, j'ai attrapé l'assiette de biscuits. Ce sont des cookies industriels. 

Sans un mot à son égard, j'en prend un et mords dedans. Manger me fait un drôle d'effet, presque désagréable. Mais, je me fais violence. Merde, je n'ai pas fait tout ça pour rien !

De son côté, Drago reste silencieux. 

Sur les 4 biscuits, j'en avale 2 et demi. J'attrape la tasse de café fumante et colle mes mains dessus. La chaleur de la boisson agit comme des aiguilles qui me transpercent la peau. Ce n'est pas désagréable. 

- Tu penses que la crise de manque est passée ? je demande.

J'avais besoin de briser ce silence pesant. Les mots n'ont jamais manqué entre nous, et l'absence de ces mots n'était pas non plus un problème. Mais je me sentais mal par rapport à tout ce qui s'était passé. 

- Oui. Tu feras peut-être encore un peu de fièvre, mais normalement, ça ira. 

- Merci... je chuchote. 

Au cœur du brasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant