Retour sur le lieu du crime

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DRAGO

- Elle m'a dit non, Potter.

- Foutaises ! beugla-t-il, essayant de pénétrer dans l'appartement.

Posté devant les portes de l'ascenseur, je lui bloquais le passage. Au fond, j'aurais aimé qu'elle accepte. Mais je respecterais son choix. Contrairement à lui, qui ne faisait que de hurler, au lieu d'écouter.

- Potter, je reprends, maintenant largement irrité par ses cris. Elle ne manquera pas la cérémonie, et tu le sais parfaitement. Elle est avec l'infirmière, et si j'en crois ses dires, les soins sont déjà bien assez compliqué pour que tu ne viennes interrompre son travail. Alors je vais te demander de te calmer, de rentrer chez toi. Tu devrais aussi te doucher... j'ajoute en grimaçant.

Il sortait apparemment d'une garde de nuit, si j'en crois sa tenue, et l'odeur qu'il dégage.

- Accepte son refus.

- Comme si tu allais me faire croire qu'elle a accepté de venir ici.

Sur ce point, il ne se trompait pas. Je l'avais forcée. Et je ne serais pas honnête si je disais que je suis triste qu'elle ne veuille pas voir Potter. J'ai tellement peur qu'il me l'enlève. J'ai tellement peur qu'elle parte, définitivement cette fois.

- Elle n'a nulle part où aller. Si elle vivait chez toi, tu devrais quitter ton travail pour t'occuper d'elle. Weasley et Granger attendent un enfant, et Severus n'a pas plus de temps que toi. Oui, je lui ai forcé la main, parce que sinon, elle se serait déjà tuée.

Mes mots semblent le choquer, et il s'arrête enfin de tourner en rond dans l'ascenseur. Ses yeux exprimaient toute la détresse que je venais de provoquer en prononçant ces mots.

- A ce point..? murmura-t-il.

Je me contenta de hocher légèrement la tête. Son regard s'assombrit encore plus. Et il soupira avant de reculer.

- Nous nous verrons cet après-midi alors ?

- Oui. Et j'espère qu'elle acceptera ton aide. Car, avec toute la bonne volonté du monde, tu sais que je ne suffirais pas.

- Et pourtant...

Sa voix s'estompa avant qu'il n'ai eu le temps de finir sa phrase. Je décide de ne pas approfondir. Cela ne servirait à rien. Je fis un signe de tête à Stephen, qui était resté derrière moi. Il monta dans l'ascenseur, et les portes se refermèrent sur le visage désolé et inquiet de Potter.

Cette entrevue a eu le don de m'irriter. Je savais, en faisant envoyer cette lettre, qu'il viendrait. Mais elle me l'a demandé, et je n'arrive pas à lui refuser ce genre de choses.

Les quelques jours qu'elle a passé ici ont été éprouvants, presque autant pour moi que pour elle. Elle se laisse mourir. Son regard n'a jamais été aussi vide. Et pourtant... pourtant je l'ai vue survivre à tellement d'épreuves. Elle a traversé l'enfer et s'en est remise. Mais le vide dans ses yeux indique qu'elle n'a même pas envie de traverser cet océan de problèmes. J'ai conscience de ce qu'elle ressent. Malgré le fait que j'ai appris à contrôler mes émotions il y a bien longtemps, je m'autorise à ressentir de l'empathie pour elle. Cassiopée penserait nécessairement que c'est de la pitié. Mais ce n'est pas le cas. Je n'ai jamais ressenti de pitié envers elle. Cependant, je dois bien avouer être désarmé. Je voulais croire que je suffirais à l'aider, mais ce n'est pas le cas.

Au fond de moi, je sais ce que je dois faire. Je sais que je devrais contacter le médicomage qui l'a soignée, et lui dire. Mais je n'en ai pas la force pour le moment. Pour le moment, je rêve seulement de l'enfermer dans cet appartement et de ne jamais la laisser partir.

Au cœur du brasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant