Terreur rationnelle

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DRAGO

J'avais quitté la boutique, incapable d'entendre un mot de plus. Le passé. Elle a utilisé le passé ! Alors elle ne m'aime plus ? Moi qui espérait stupidement que ce qui était écrit dans ses carnets était vrai. Moi qui espérait encore qu'elle m'aimerait toujours, même après tant d'années, même après l'avoir frappée.

Mais non. C'est terminé. Tout est fini.

Des inconnus de nouveau... avec seulement une collection de souvenirs. Plus douloureux les uns que les autres. Qui me rappellent à chaque instant que maintenant, je suis seul. Que jamais elle ne se réveillera à mes côtés. Que jamais elle ne me réapprendra à aimer. Que jamais elle ne sera là pour me sauver de moi-même.

- Bordel de merde. Qu'est-ce que je suis en train de devenir ?

Je n'avais réussi à m'éloigner que de trois rues que je m'effondrais déjà. Tout s'écroule. Mes espoirs que Cassiopée soit toujours celle qu'elle a été. Même au boulot, tout part en vrille.

Et puis finalement, j'ai fait demi tour. Je ne pouvais pas laisser ça comme ça. Elle a fait l'erreur de ne rien me dire, il y a 6 ans, je ne ferais pas de même. Il faut dire les choses. Et la vérité c'est que je tiens tout de même à elle. L'amour, ce n'en est pas. Je refuse que cela en soit. Mais c'est une forme d'affection, ou au moins de nostalgie.

Malheureusement, lorsque j'arrive près du magasin, tellement près qu'il ne me reste que quelques mètres, le bâtiment explose et s'effondre sous les yeux, emportant avec lui les bâtisses voisines. Le temps semble ralentir alors que des particules de béton s'envolent. Je ne me rends pas bien compte de ce qui arrive alors je suis projeté à plusieurs mètres de la porte d'entrée. Mais la porte d'entrée n'est plus. Parce que ce n'est plus qu'un énorme tas de pierres, de bois, enfumé de poussière qui commence déjà à retomber. Mes oreilles sifflent et résonnent dans ma tête pendant longtemps, m'empêchant de me rendre compte. Puis finalement je parviens à me redresser. Et la boutique n'est plus rien qu'une ruine en feu. Oh non...

Mon sang ne fait qu'un tour, et je m'élance tant bien que mal vers le nuage de poussière, hurlant ce nom, encore et encore, priant pour qu'elle m'entende.

- Cassie ! Cassie où es-tu ?

Je laisse tomber ma veste qui bloquait mes mouvements et commence à escalader les débris. Mais je ne vois strictement rien. Cette foutue fumée me gâche la vue.

- Bordel de merde Cassie ! Est-ce que tu m'entends ?

J'étais terrorisé, tétanisé par la peur. Elle ne peut pas mourir. Putain non elle ne peut pas-

Et finalement, j'entends un bruit ! Une plainte qui m'écorche le cœur. Cassiopée...

Je me dirige vers ce son et crois voir des doigts. Sous une énorme poutre de bois. Bordel de merde, ma baguette était dans ma veste. Je vais devoir soulever cela à la force de mes bras. Difficilement, je l'agrippe et le soulève pour l'aider. Et elle est là. En vie. Son visage est blessé à de nombreux endroit. Elle a tellement mal. Son chemisier blanc est complètement teinté de rouge. Elle est blessée.

- Cassiopée... bon sang...

Je tente de retirer le bloc de débris qui lui coinçait les jambes, mais je n'y parviens pas. C'était trop lourd. Je ne peux pas le faire. Je suis incapable de l'aider. De la sauver...

- À l'aide ! je commence crier, espérant que quelqu'un viendrait nous aider, l'aider elle.

Mais j'avais beau hurler, mes cordes vocales ne faisaient que s'user, et le sang de Cassie se rependait toujours.

Au cœur du brasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant