Au cœur du brasier

Appartement miteux

DRAGO

Au beau milieu de la nuit, j'avais entendu des gémissements qui m'avaient réveillé. Lorsque j'ai émergé, Cassiopée était en train de se tordre de douleur. Mon sang ne fait qu'un tour et la panique me tord le ventre, si bien que je bondis du matelas pour la rejoindre. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi a-t-elle mal ainsi ? Ce n'est pas normal.

- Bordel Cassie, pourquoi n'as-tu pas appelé les infirmiers ?!

Je fais le tour du lit et attrape la télécommande pour le faire moi même. Putain... Je croyais que ça allait aller, qu'elle appellerait en cas de besoin.. Je croyais que... Merde, il faut que quelqu'un vienne l'aider !

En moins d'une minute, l'infirmier roux de tout à l'heure arrive, alerté.

- Qu'est-ce qui passe ?

- Je... Je ne sais pas... Quand je me suis réveillé, elle était comme ça, je bégaie, complètement paniqué.

Je ne le montrais pas, ou du moins le moins possible, mais dans ma tête c'est l'anarchie la plus totale. Et si elle n'était en réalité pas sauve, qu'elle mourrait à cause de cette foutue attaque... à cause de moi.

L'homme fronce légèrement les sourcils, puis se penche vers elle, la remet sur le dos et tente de lui parler. Mais elle ne fait que gémir. Son visage est tiré tant la douleur semble insupportable. La dernière fois que je l'ai vue ainsi c'était... c'était il y a tellement d'années. Et j'espérais ne jamais revoir cela. Je tente d'attraper sa main, comme pour lui dire que je suis là, comme pour la rassurer, mais elle se dégage de mon emprise d'un coup. Alors l'homme n'a d'autre choix que de l'endormir à l'aide d'un sort. Elle se calme d'un seul coup, et laisse échapper un soupir satisfait.

- Je vais chercher des potions, dit l'infirmier.

Il quitte la pièce, ne revenant que quelques secondes plus tard. Il lui fait boire trois potions en tout. Je ne sais pas exactement ce que c'était, je n'ai pas fait attention à autre chose que sa poitrine qui se soulevait de nouveau normalement, mais j'espère que ça marchera. Ce n'est qu'après le départ du rouquin que je me calme et que je recommence à penser normalement.

- Putain de merde, Cassie, tu m'as fait peur... je souffle.

Je décide de m'installer sur le tabouret, près d'elle. Elle a l'air d'aller bien, quand elle dort. Elle n'a pas cette lugubre ombre de culpabilité sur le visage. Comme si tout cela était de sa faute. Et je suis sûr qu'elle pense que c'est la cas. Qu'elle aurait pu... ou dû faire quelque chose.

Sa paralysie la ronge, aussi. Ça me peine de la voir ainsi. Elle déteste avoir besoin de quelqu'un pour faire tout ce qu'elle pouvait faire avant. Avant, elle ne pouvait rien faire, tout ce qui est normal de faire et de découvrir lorsque l'on est enfant, parce qu'elle était enfermée dans une minuscule pièce. Maintenant, elle n'a plus ses jambes, et elle ne peut plus faire toutes les choses qu'elle rêve surement encore de faire.

Son monde vient de s'effondrer autour d'elle, encore une fois.

- Tu dois t'accrocher Cassie. Parce que, même si tu ne le vois pas, je sais que ça va s'arranger...

En même temps, la situation ne peut pas s'aggraver. Mais, la dernière fois, au Manoir, je lui avais dit que cela allait aller. Et ça a été le cas. Alors cette fois aussi, ça sera le cas. Et je m'y engage personnellement.

Lorsque j'ai dit la détester il y a quelques semaines, je me rends compte que ce n'était qu'un mensonge. J'ai cru le penser. Je l'ai pensé durant des mois, après son départ. Son retour a tout fait remonter, et je croyais que cette haine était toujours là. Elle s'est pourtant dissipée à l'instant même où j'ai prononcé ces mots.