Livre ouvert

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DRAGO

Elle a retrouvé des sensations.

J'aurais du m'en réjouir.

Je m'en réjouis.

J'aurais du me réjouir plus que cela.

Et ce n'est pas le cas.

Je veux que son état s'améliore. Je veux qu'elle aille mieux. Mais je ne sais pas comment gérer cela.

Le kinésimage qui venait une fois par semaine était ravi d'apprendre cette nouvelle. Selon lui, tant que la magie n'avait pas fait son boulot, on ne pouvait pas faire grand chose. Mais, maintenant qu'elle retrouve des sensations, il pense pouvoir rapidement lui faire faire de nouveaux progrès.

Il passe dès le lendemain matin, et me fait signer des nouveau papiers afin d'augmenter la fréquence des rendez-vous. J'en informe Harry et Severus.

Mon parrain ne pourra plus venir aussi souvent désormais. La rentrée approche, et il ne peut pas se permettre de s'éclipser toutes les après-midi.

Je suis complètement dérouté.

Dans la chambre, j'ai perdu le contrôle. Ce n'était pas prévu. Rien de tout cela n'était prévu.

- Drago ?

Je relève la tête. Cassiopée était assise sur son fauteuil, et m'observait depuis le pas de la porte de sa chambre.

- Oui ?

Elle semblait aller mieux, depuis ce matin. La manque est passé, et elle récupère enfin de l'énergie. Sa peau a retrouvé des couleurs chaudes, ses lèvres roses ont repris leur forme charnue. Elle semble toujours sous alimentée, mais si elle essayait, elle pourrait aisément faire croire à n'importe qui qu'elle est une jeune femme normale.

- Tout va bien ?

Sa question me prend de court. Depuis l'accident, tout tourne autour d'elle et de sa survie. Ce n'est pas quelque chose de négatif, mais c'est la réalité. Je n'ai même pas pris le temps de me demander si ça allait. Je devais aller bien, alors j'allais bien. Si elle n'avait pas foutu en l'air mon précieux travail sur le contrôle de mes émotions, je n'aurais même pas à me poser la question.

Mais voilà, elle est là, dans mon salon et elle me demande si je vais bien.

La réponse devrait être oui.

Je ressens pourtant un non au creux de ma gorge.

- Oui, ça va, je réponds. Merci de me le demander.

Elle esquisse un sourire furtif. Mon dieu, que c'est bon de la voir sourire...

- Veux-tu grignoter quelque chose ? J'ai prévu de nous faire livrer italien pour midi, mais il me reste des biscuits.

Cassiopée était restée au lit un peu plus longtemps ce matin, jusqu'à l'arrivée du kinésimage.

- Est-ce que je peux avoir un café ? elle demande timidement.

Je hoche légèrement la tête et m'exécute aussitôt. Du coin de l'œil, je la vois manœuvrer son fauteuil pour s'approcher de l'îlot central. Depuis son emménagement, j'ai fait installer une machine à café. La situation est ironique, n'est-ce pas ? Ève n'a jamais eu le droit d'en avoir une. Ni d'en boire. Je ne supportais plus l'odeur. Je ne supportais plus le goût. Mais, à l'instant où Cassiopée est venue vivre ici, cela ne m'a plus posé aucun problème.

Je m'occupe de remplir le réservoir de grains, tout droit venus du Brésil. J'espérait qu'elle les appréciait. Mais, je crois qu'elle commence à peine à retrouver le goût des choses, alors je ne la brusquerais en lui demandant son avis.

Au cœur du brasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant