CASSIOPEE
Je n'ai pas envie d'être là.
Je ne devrais pas être là.
Je devrais être morte avec eux.
Cette phrase tourne en boucle, me rappelant encore et encore qu'ils sont morts, et pas moi. Ce n'est pas juste. Tout cela n'a rien de juste.
Et, tandis que Malefoy pousse mon fauteuil et que nous nous rapprochons inexorablement de cette église, j'ai de plus en plus envie de vomir, alors même que je n'ai rien avalé depuis un moment. Avant que nous n'atteignons l'entrée, une lourde cloche se mit à sonner, tout en haut du clocher. Les groupes, tous habillés de noir, se dirigèrent vers l'entrée, et nous fumes les derniers à entrer.
Il faisait plus frais, à l'intérieur de l'église, et la couverture que Drago avait pensé à me donner allait être la bienvenue. Le sol était recouvert d'un carrelage brun et chaleureux. Les bancs de bois étaient alignés de chaque coté de l'allée centrale, et un ruban blanc avait été noué sur chacun d'eux, dans une symétrie presque parfaite. Tout au fond, une grande alcôve surplombait l'estrade en bois. Au plafond, on pouvait observer de nombreuses moulures et fresques. Sur le mur, juste derrière l'autel, une grande croix en bois était installée. Et, devant l'estrade, un cercueil trônait. Celui-ci était recouvert d'un drap rouge foncé, brodé de doré. De nombreuses fleurs et plantes entouraient l'objet, ainsi que deux énormes bougies. De plus, une grande photo de Katelyn avait été positionnée au dessus. Voir cette image coupa ma respiration. Cette photo, c'est moi qui l'avait prise. Avant que Malefoy ne rachète le magasin. Avant que Miles ne prenne sa retraite. Avant que notre vie ne s'effondre, en même temps que le magasin. Avant, quand tout allait pour le mieux.
Cette constatation me fit l'effet d'une bombe, et, l'espace d'un court instant, je me dis qu'il vaut bien mieux que je sois dans ce fauteuil, sinon je me serais effondrée. Il y a tellement de monde. Tellement de gens à qui je devrais présenter des excuses. Drago resta silencieux, me poussant à travers la grande allée pour atteindre le cercueil. D'un coup de baguette discret, il fit apparaître un bouquet de roses rouges. Seule l'un d'elles était blanche, et il me la tendit. Je le pris d'une main faible et tremblante. Je ne veux pas faire cela. Je ne devrais pas faire cela. C'est trop dur.
Pourtant, c'est ce que l'on attend de moi. Alors, lorsque Malefoy plaça son bouquet avec les autres, je déposa la rose solitaire tout au bout du cercueil. La blancheur de la fleur détonnait de la couleur plus chaude du tissu. Cela me rappela seulement à quel point Kate était pure, et à quel point elle aurait mérité cette vie au moins dix fois plus que moi. Pourtant je suis là, et pas elle.
Je devrais être morte avec eux.
Après quelques longues secondes, Drago se replaça derrière moi et me mena jusqu'au deuxième rang, à droite de l'estrade. A cause de mon fauteuil, nous n'avons pas eu d'autre choix que de nous placer en bout de rangée. De là où j'étais, je ne voyais plus le cercueil, mais je voyais toujours l'autel, ainsi que l'immense photo. Après m'avoir installée, Malefoy s'assit à ma gauche. Du coin de l'œil, j'aperçus Harry, mais je me refusais à le regarder. Pas encore. C'est trop dur. Je savais que Georges était là lui aussi, et peut-être que Ron et Hermione avait fait le déplacement.
Hermione ! Son bébé est-il né ?
Un sentiment encore plus lourd de culpabilité m'envahit lorsque je réalise que j'ai négligé mes amis, au profit de ma petit personne. J'étais trop concentrée sur moi même, sur la boutique, et sur Drago, pour réaliser que le bébé aurait dû naitre. Peut-être est-il né ? Ou peut-être que je ne suis même pas assez attentive pour réaliser qu'il reste encore du temps ?
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Au cœur du brasier
FanfictionLes années ont passé. À Londres, tout est d'une normalité presque ennuyeuse. Les sorciers, comme les moldus, vivent en paix. Mais, malgré cela, deux âmes sont toujours brisées, et se cherchent désespérément, même si elles ne veulent pas l'accepter...