1. Pyramides et tracas

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Il faisait chaud. La température moyenne annuelle flirtait avec les trente degrés Celsius. Le ciel était dégagé et son sobre teint bleuté contribuait pleinement à la magnificence du paysage. S'y élevait une longue série de pyramides dont la légère vétusté, conséquence des années passées après leur construction, ne faisait que rendre plus apparentes l'essence et la richesse culturelle et historique de cette partie du monde.

Le silence était maître des lieux. Seules quelques brises légères animaient un modeste fond sonore. C'était précisément ce dont elle avait besoin : de calme, paix et sérénité. Sérénité qui fut bien vite troublée par une voix dont le timbre lui était - malheureusement - familier.

- Nous sommes enfin arrivés ! Quel paysage splendide ! C'est magnifique ! Bien qu'il fasse un peu...

- Silence, Gaspard ! vociféra une deuxième voix, coupant court à la tirade de l'Espagnol.

Ledit Gaspard s'exécuta aussitôt, toute trace d'enthousiasme et d'ébahissement ayant quitté son organisme pour laisser place à un sentiment de frayeur et d'intimidation, bien connu de ce dernier.

- A... A vos ordres, capitaine Ambrosius, chevrota-t-il.

Pour toute réponse, le concerné émit un grognement étouffé, la vision et l'esprit accaparés par la feuille de papier rectangulaire qu'il tenait entre ses mains gantées. Un énigmatique rictus fendant ses lèvres, il releva le menton afin de poser son regard brillant sur le monument qui s'élevait en face de lui, le surplombant de toute sa grandeur.

Laissant ses bras retomber le long de son corps, il annonça d'un air triomphant :

- Nous y sommes ! La Pyramide des Âges Éternels ! Je l'ai trouvée !

Il marqua une pause et pivota la tête vers celle qu'il avait toujours considérée comme étant son bras droit.

- Qu'en dis-tu, Laguerra ?

Demeurée silencieuse jusqu'à lors, la jeune femme mit fin à sa contemplation du beau paysage qui s'offrait à elle afin de reporter l'intégralité de son attention sur l'alchimiste. Rage, amertume et tristesse s'emparèrent de son être à l'instant où ses pupilles se posèrent sur ce dernier. L'image des enfants et du capitaine, l'écho de leurs voix absorbées par le vide, son incapacité à esquisser le moindre mouvement : tout lui revint en mémoire. Le cœur lourd, semblant peser près de cinquante tonnes sur sa poitrine, elle dû se faire violence pour ne pas cracher au visage d'Ambrosius - également connu sous le nom de « Zarès » - toutes les insultes et les atrocités qui ne cessaient de lui traverser l'esprit tandis qu'elle continuait de le toiser.

Bien qu'étant habitée d'un calme absolu et d'un sang-froid inébranlable à l'ordinaire, Laguerra sentait ses nerfs faiblir à chaque minute passé en compagnie de ces deux énergumènes. Il allait de soi que ces longues heures de voyage où la voix exaspérante de Gaspard et sa bêtise légendaire avait été omniprésentes ne lui avaient en aucun cas été bénéfiques.

Ils avaient été contraints de faire escale en Inde dans le but de récupérer un objet dont ils ne pouvaient, selon ledit alchimiste, se passer. Ce dernier avait bien évidemment pris toutes les précautions nécessaires pour ne pas se faire remarquer dans ce pays qui leur était désormais peu favorable.

- J'en dis que nous avons finalement trouvé ce que nous cherchions, finit-elle par répondre, le visage impassible.

- Exactement ! se réjouit son interlocuteur. Allons, il ne faut surtout pas perdre plus de temps. Entrons !

Joignant le geste à la parole, il se précipita vers ce qui semblait être l'entrée du monument égyptien, laissant les deux Espagnols derrière lui.

Les Mystérieuses Cités d'Or - Saison 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant