23. 1. On n'est pas sortis de l'auberge

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Le secret du feu... Le secret du feu... Le secret du feu... Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?

Sourcils froncés, ses armes se balançant de par et d'autre de ses hanches, Laguerra finit de parcourir la distance qui la séparait de l'immense maison. Elle s'arrêta et leva la tête, s'abandonnant à une brève contemplation des lieux. L'Espagnole n'était pas du genre à se pâmer devant une parure de luxe, mais les propriétés d'Alejandro avaient le don de susciter son admiration, et la valeur vénale de ce qu'elles arboraient n'avait rien à voir avec ça ; le père de Diego avait toujours été avant-gardiste, qualité qu'avait toujours appréciée son frère de cœur, Fernando Laguerra. L'architecture atypique, le choix du mobilier et des couleurs... Cette demeure était, à l'instar de ses consœurs, ravissante. Tout simplement ravissante. À l'image des Àlvarez.

Elle jeta quatre coups d'œil à sa droite, frissonnante. La gardienne des gemmes sentit son masque se fissurer.

Autrefois, elle aurait adoré se trouver ici. Avec lui. Ils se seraient disputés un nombre incalculable de fois, auraient chevauché de belles montures anglaises et déambulé au gré du vent avant de s'allonger sur l'herbe pour contempler les étoiles. Ils auraient défié Lucifer plus d'une fois et leur séjour aurait été ponctué de baisers langoureux.

Mais il était parti. Du jour au lendemain, sans aucune explication, à la manière d'une hypernova dont l'explosion avait condamné un an et demi de relation. De bonheur factice, d'illusions colorées, de mensonges brillamment enjolivés. Son cœur s'était effondré sur lui-même pour former un trou noir. Comment pouvait-on être aussi lâche et insensible ?

Les effluves et relents de cette trahison saturaient l'air. Elle l'avait aimé d'un amour passionnel, inconditionnel, mortel. Mais son beau blond ténébreux n'avait fait qu'élargir les plaies laissées par son acolyte de toujours.

La fille du Docteur avait été tellement naïve. Une belle idiote. L'amour n'existait pas. L'amour était un fantasme dont l'unique fonction était de remplir les pages flétries de vieux livres poussiéreux et dépourvus d'intérêt. L'amour était un bûcher doré. Isabella était destinée à être une éternelle célibataire et sa condition lui convenait parfaitement. Elle chérissait son célibat et il le lui rendait bien.

Replaçant une mèche derrière son oreille, la brune baissa les yeux, les traits figés. Elle n'était pas venue ici pour penser à lui. Il ne le méritait pas.

La porte s'ouvrit au moment où Isabella posa son index sur la sonnette - son invention. Diego apparut sur le seuil, un sourire contagieux plaqué sur le visage, deux chatons sur l'épaule. Des chatons ?

Appuyé contre l'encadrement de la porte, il la fixait avec appréhension, les yeux étincelants.

- Rassure-moi, tu sais que tu as deux bébés chats sur l'épaule, n'est-ce pas ?

- Tout juste, ma beauté.

Il afficha un large sourire qui dévoila sa dentition et plia les genoux afin de déposer les deux chatons au sol. L'un était blanc et l'autre était noir. Ils se frottèrent contre la jambe du jeune homme dont le sourire s'était agrandi. Cette vue fit fondre l'une des couches de glace qui protégeaient le cœur de Laguerra.

- Isa, je te présente Ari et Isa. Ari, Isa, je vous présente Isa, votre maman, dit-il fièrement.

Tellement mignon. Tellement ridicule. Tellement Diego.

- Je refuse d'être la mère de tes chatons ! lâcha-t-elle dans une grimace.

Déçu, il releva les yeux vers elle et passa une main dans ses cheveux. Il réfléchit un instant avant de caresser la tête d'Ari.

Les Mystérieuses Cités d'Or - Saison 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant