20. Faux-semblants

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Le début du dîner se passa sans encombre, malgré une ambiance pour le moins tendue. Sancho et Pedro avaient rejoint leurs amis et, fidèles à eux-mêmes, ne s'étaient pas gênés pour se jeter sur le repas somptueux qui ornait la belle table blanche. De l'entrée au dessert, l'ensemble des plats se révélait délicieux et beau à contempler, comme l'avait prédit Kenna. Cette dernière, de son côté, répondait du mieux qu'elle pouvait aux questions d'Esteban qui désirait obtenir des informations quant à Gerardo Domínguez, le célèbre père de Marina.

- Hum... Ce nom ne me dit rien, mais je te promets d'en toucher un mot à mon oncle Arthur. Il a beaucoup de relations.

- Formidable, sourit le garçon. Merci beaucoup, Kenna, t'es un ange.

Zia poussa son dixième soupir de la soirée. Levant les yeux au ciel, elle détourna le regard et fit mine de détailler les morceaux de viande qui jonchaient son assiette. La jeune Inca avait beau martyriser le coffre-fort de sa mémoire, elle ne parvenait pas à se rappeler avoir délaissé le fils du Soleil après s'être fait un nouvel ami une seule fois. Mais ce dernier ne semblait pas voir les choses de la même façon.

On ne sera jamais séparés.

C'est ce que je vois, en effet, Esteban.

Mais qu'avait-elle de si envoûtant ? De plus que Zia ? La trouvait-il plus belle ? Plus mature ou plus amusante ? Et quelle était l'origine de cette jalousie piquante qui lui nouait la gorge, brûlant son ventre ? Éprouvait-elle plus que de l'amitié pour le fils d'Athanaos ? Son affection pour lui confinait-elle à ce sentiment sacré qu'on nommait l'amour ? Ou bien était-elle simplement contrariée par la prise de distance de l'élu qui, à l'instar de Tao, avait toujours été là pour elle depuis leur toute première rencontre ?

Tao. De nouvelles pensées éblouissantes de gaieté s'immiscèrent dans la pénombre de son esprit. Après avoir repris du poil de la bête, ils pourraient rendre une petite visite au señor Domínguez et tenter de soutirer des informations à Diego. Ainsi, ils seraient libres d'aller porter secours à leur ami pour ensuite se consacrer à la récupération des quatre gemmes.

Ambrosius ne pouvait, de toute façon, pas s'en servir selon les dires de Marina ; Esteban et elle étaient sûrement les seules personnes capables de le faire. C'était, d'ailleurs, peut-être l'une des raisons pour lesquelles leur ennemi avait enlevé Tao...

- Kenna est une claveciniste hors pair. Elle a toujours eu une capacité d'apprentissage extraordinaire ; à cinq ans, elle savait déjà lire et écrire. Cela fait à peine un mois qu'elle a commencé à jouer de l'orgue et son professeur ne cesse de faire l'éloge de ses progrès remarquables. Elle lit beaucoup, de surcroît : au moins trois livres par semaine, des ouvrages de tout genre, dit Avice avant de s'essuyer élégamment la bouche.

- Une jeune fille résolument brillante, déclara son interlocuteur avec un sourire réservé, le regard vissé sur la concernée. Peut-être pourrais-tu nous faire une petite démonstration. Je serais ravi de te voir jouer du clavecin, ma grande.

Elle croisa le regard insistant de sa mère avant de hocher la tête en redressant le dos.

- Ce sera avec grand plaisir, Mr Mendoza, sourit-elle, les battements de son cœur se répercutant sur ses mains tremblantes.

- J'aimerais bien voir ça, moi aussi, fit le porteur du médaillon en souriant malicieusement.

La jeune Anglaise s'empourpra. Tout sourire, elle se détourna en faisant valser sa belle crinière.

Enroulant une mèche claire autour de son index, la veuve termina son verre de vin blanc et adressa un sourire de circonstance à Esteban, qui venait d'engloutir toute son assiette. Elle se retourna ensuite vers Mendoza et se pencha vers lui, laissant apparaître la naissance d'une petite poitrine. Les yeux chatoyants, la rousse se mordilla la lèvre, l'air de réfléchir, avant de sourire.

Les Mystérieuses Cités d'Or - Saison 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant