Madrid, 1522.
- Il s'appelait donc Antoine De Poireauté ?
- En effet, señorita, lâcha Olga dans un rire incontrôlé.
Son interlocutrice, assise en tailleur sur son grand lit, plissa les yeux, la main perdue dans les longs cheveux ondulés d'Isabella.
- Ce nom est affreux.
- Je vous entends et partage votre humble et légitime avis, ma chère, acquiesça la charmante rouquine aux courbes parfaites, en avalant une tartine de beurre. Il était amusant... mais notre relation n'a pas duré.
- Quel dommage, il semblait si... pertinent ! lança l'amante d'Athanaos sur le ton de l'humour. À quoi ressemblait le suivant ?
- Oh, Henry Shittirley... un Anglais qui avait fait escale en Espagne. Notre liaison était ponctuée de disputes passionnées, de discussions profondes et de promesses illusoires. Il était beau, charmeur et passionné par la peinture ! Hélas, cet amour n'a duré que quelques semaines mais je n'en garde que de bons souvenirs. Il faut savoir aimer, apprendre de nos erreurs et s'amuser sans jamais rien regretter !
Le rire mélodieux de la belle blonde aux yeux gris enveloppa la chambre qu'elle partageait avec l'oncle préféré de la fille de Laguerra. Cette dernière, couchée sur le ventre, leva les yeux au ciel alors que ses jambes s'agitaient de façon synchronisée.
- Au risque de me répéter... son nom n'était pas des plus flatteurs, Olga.
- Je le sais ! rit la concernée. Le suivant s'appelait Arnold Von Markeinette. Un Allemand que j'ai rencontré il y a six ans. C'était un marchand avec lequel mon défunt père avait noué un lien spécial, malgré la différence d'âge assez importante. Il avait une dent en or et des cheveux couleur miel, luisants et soyeux. Il jurait souvent et adorait danser avec moi. Une vraie bouffée d'air frais ! Hélas, le destin a voulu que sa famille le force à épouser sa cousine. Quant à moi, j'ai dû panser les blessures de mon cœur romantique toute seule, pendant près de huit mois...
- Oh, j'en suis navrée, mon amie, dit Angélique en posant une main chaude sur celle d'Olga.
- Navrée ? Ne le soyez pas, ma chère ! Je n'en suis ressortie que plus forte, plus aimante et plus vivante que jamais ! Il a fini par réaliser son rêve et devenir chevalier et moi... j'ai fait la connaissance de quelqu'un d'autre, un an plus tard.
- Dans ce cas... je ne vais pas me priver de souligner la laideur de son nom, à lui aussi.
Complices, elles échangèrent un regard de connivence, savourant leur petit goûter, tandis que leur protégée ne prêtait attention à rien d'autre que son carnet noir en velours - cadeau d'Angélique. Il sentait la lavande, comme sa splendide amie inca.
- Ruggero Pardicolinardo. Un Italien orphelin. Le meilleur ami de mon cousin, Patrick. Il m'offrait des fleurs et de doux baisers salés. Nous nous sommes fréquentés pendant plus de six mois. Il aimait les animaux et m'a appris maintes choses à leur sujet. Son seul défaut était peut-être sa ténacité parfois agaçante, mais elle contrastait si harmonieusement bien avec ma tendance à sombrer dans le pessimisme qu'elle en devint presque attrayante.
Du coin de l'œil, Angélique - de son vrai prénom Angelica - pouvait voir le début d'un rictus moqueur étirer les roses de feu d'Isabella. Amusée, elle pinça les siennes avant de tirer sur les bretelles de sa robe noire.
- Mais il est tombé gravement malade et a décidé de couper les ponts avec ma famille et moi, à la fin du printemps, de peur de me voir contracter la même pathologie. J'ai eu plus de mal à l'oublier, ce papillon rafraîchissant...
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Les Mystérieuses Cités d'Or - Saison 4
FanfictionAprès avoir découvert la quatrième cité d'or, Esteban, Zia, Tao et leurs trois amis marins entreprennent une course contre la montre, à la recherche des trois dernières cités, alors que leur redoutable ennemi Ambrosius, aussi connu sous le nom de Za...