15. Alliances fracassantes

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- Mais ce n'est pas vrai ! Gaspard, fais un peu attention, c'est la cinquième fois qu'on change de chambre et j'en ai marre de me prendre des murs en pleine tête, moi !

Le barbu roula des yeux avant de s'étirer avec un long gémissement, qui arracha une grimace à Tao. Ce dernier se hâta de rejoindre le marin.

- Bon, à partir de maintenant, on fait ce que je dis, décréta le naacal. Il y a cinquante-deux chambres et mille et un couloirs dans ce fichu labyrinthe ! Ce n'est pas en se cognant partout et en testant gentiment tous les pièges de cet endroit qu'on arrivera à retrouver Mendoza et les autres !

Fronçant le nez, son compagnon d'infortune le toisa.

- Attends voir, la crevette marron... qu'est-ce qui te dit qu'on cherche cette mouche bleue ? Messire Ambrosius m'a demandé d'assurer ta sécurité. Et c'est ce que je fais, gamin. On reste ensemble et on cherche la señorita. Mille écus, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé...

Un pli inquiet barrait le front de Gaspard. Sourcils froncés, Tao répliqua :

- Et je peux savoir pourquoi tu suis cet ordre à la lettre ? Ma vie n'a aucune valeur à tes yeux et personne n'est là pour te surveiller. Alors pourquoi est-ce que tu ne me laisses pas me débrouiller tout seul ? Si tu veux retrouver Laguerra, personne ne te retient, tu n'auras qu'à dire qu'on a été séparés, en supposant - bien évidemment - que tu restes en vie jusque-là.

Il n'y avait aucune animosité dans les paroles du jeune savant. Juste de la curiosité et une confusion apparente. Éclairé par la forte lumière émise par la seule lampe qu'il leur restait, le visage du conquistador prit une teinte rosée, convulsé d'embarras. Il ne répondit pas tout de suite, pressant le pas, sa main gauche collée à son crâne douloureux. Il grimaça et jura dans sa barbe quand un nouvel halo de lumière bleue vint colorer son champ de vision. Toutes ces chutes ne lui avaient pas été bénéfiques.

- Gaspard ?

Soufflant bruyamment, le concerné lâcha :

- Ambrosius tient à ce que tu restes avec nous. Alors tu restes avec moi et ce n'est pas négociable, le môme. Si tu te perds ou qu'il t'arrive quelque chose, je peux dire au revoir à ce travail et à la récompense que m'a promise Ambrosius.

Au fond de lui, l'ancien marin savait pertinemment qu'être séparé de Laguerra lui serait plus pénible que de perdre sa nouvelle fonction ou quelques pièces d'or. Mais il se garda bien de le dire à cet enfant aussi irritant qu'irritable qui semblait fasciner son maître. Un sentiment étrange se mêlait à l'attirance qu'il ressentait pour la fille du Docteur et cette prise de conscience le déconcerta.

- Je ne vous comprendrai jamais.

Tenant toujours leur seule source de lumière, Tao s'arrêta devant un mur. Enfin des gravures ! Un indice, pas trop tôt.

- Qu'est-ce que tu dis, gamin ? s'enquit le capitaine d'armée, poings sur les hanches.

L'adolescent roula des yeux avant de les plisser.

- L'or. Encore et toujours de l'or ! Les Espagnols ne pensent vraiment qu'à ça. Vous travaillez pour un monstre sanguinaire, une crapule immonde, pleine de vice et d'avidité malsaine. Et pourquoi ?

Il s'était retourné vers lui pour lui couler un regard dédaigneux.

- Quelques pièces d'or. Et Laguerra. Oh, oui, cette femme qui accapare ton esprit et celui de Mendoza ! Belle, mystérieuse et fougueuse, que demander de plus ? Vous, les hommes adultes, vous ne voyez que cela parce que ça vous arrange !

Il secoua la tête avec hargne.

- Je me demande bien ce que vous pouvez lui trouver. Elle s'est servie de Zia et de Mendoza tout comme Zarès se sert de vous et de moi, Gaspard. Elle ment constamment, manque de respect à tout le monde et qui sait ce qu'elle complote également contre Ambrosius ! Tout cela me dépasse et je n'ai même pas envie d'essayer de vous comprendre vous, elle, votre maître adoré et le reste du monde.

Les Mystérieuses Cités d'Or - Saison 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant