Chapitre 12

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Hange s'ennuyait ferme. Sa patience avait des limites  et cela faisait huit jours qu'elle tournait en rond dans la chambre de Levi, qui, depuis deux jours, faisait tout pour rester loin d'elle. Elle était couchée sur le lit à regarder le plafond, comme tous les après-midi depuis qu'elle était là. Elle n'avait ni livre, ni microscope. La binoclarde avait déjà essayé de fouiller dans les affaires de l'homme afin de trouver quelque chose à faire, mais ce dernier ne semblait n'avoir aucun effet personnel à part quelques produits ménagers, une boite de thé noir et les habits de civils qu'il s'était acheté pour la suivre. C'était décidé, ce soir, quand il rentrerait, elle allait lui demander de lui apporter son carnet et les deux volumes noirs reliés qu'elle avait du laisser dans sa table de nuit. 

De son côté, l'homme ne revenait quasiment plus dans sa chambre, préférant la compagnie d'Erwin ou de son cheval à celle d'Hange, trop dérangeante. Il ne voulait pas se laisser déstabiliser par elle, pourtant, sans qu'il puisse s'en empêcher, ses joues rougissaient, son cœur s'emballait et ses mains devenaient moites à chaque fois qu'il la voyait. C'est pour cette raison qu'il rentrait tard, un soir de plus. A peine était-il rentré dans la chambre ce jour là, qu'il sentit une ombre se dresser devant lui, le surplombant d'une vingtaine de centimètres.

" Déjà bonjour. Alors écoute moi bien mon petit Levi, j'en ai plus que ras-le cul ! Je m'emmerde toute la journée ! Monsieur est fâché, on ne sait pas pourquoi ! En parlant de ça, j'en ai aussi ras-le cul d'être traitée comme une merde ! Je suis venue sans résister alors maintenant, tu as intérêt à être gentil deux minutes, fit-elle d'une voix qui ferait fuir n'importe qui. Je suppose que je n'ai pas le droit de sortir, alors tu vas chercher mon putain de carnet de note et les deux livres que j'ai laissé dans ma table de nuit. Ok ? "

Levi soupira et sans un mot ressortit de la chambre. Il culpabilisait. Il n'avait pas pensé à ce que la femme pourrait ressentir en le voyant s'éloigner d'elle au maximum. Bien décidé à se faire pardonner, il entra dans la chambre sale de la binoclarde, fouilla pendant quelques minutes dans son bordel, et, quand il eu trouvé ce qu'elle lui avait demandé, il attrapa les trois objets avant de courir aux cuisines, totalement vides à cette heure. 

Il revint alors dans la chambre d'un pas triomphant. Entra, déposa les affaires d'Hange sur la table avant de dévoiler ce qu'il avait volé en cuisine. Une bouteille dont le nom était illisible à cause de l'état de l'étiquette.

"- Je voulait m'excuser pour mon comportement de ces derniers jours. Alors tient, pour fêter ta première semaine clean.

- Pourquoi t'es sympa d'un coup ?

- Putain, me fais pas chier.

- Ok. C'est bon te fâche pas."

Elle attrapa la bouteille, l'ouvrit et en bu une gorgée. 

" - Bordel ! ça arrache ton truc ! C'est quoi ?

- Aucune idée, j'ai volé ça aux cuisines.

- Tu serais pas en train de m'empoisonner avec du produit à vitre ?

- Ah ah. Très drôle. Non, j'ai pas encore trouvé de cachette pour ton corps."

Pour prouver sa bonne foi, l'homme but quelques gorgées à son tour avant de donner à nouveau la bouteille à la femme.

"Fais doucement, tu as pas mangé."

Cette dernière avala quelques gorgées du liquide qui lui brulait la gorge avant que l'homme ne lui reprenne la bouteille et la porta à ses lèvres. Il avait besoin de courage pour affronter les sensations qui naissait dans son ventre et lui annihilait l'esprit quand il la voyait. Ce besoin lui avait fait boire bien plus qu'une gorgée et alors qu'Hange, qui était à jeun commençait déjà à ressentir les effets, lui, semblait toujours sobre assis à ses côtés. La situation s'inversa au bout d'une quinzaine de minute quand une grande partie de l'alcool consommée par le noiraud se retrouva dans son sang. Doucement son esprit s'était embrumé et il nageait maintenant dans un état d'euphorie qui contrastait singulièrement avec son caractère habituel. Il avait vraiment chaud. Animé par la sensation de légèreté, l'homme emmena la binoclarde dans une danse endiablé. Leurs rires se répercutait en écho dans le silence qui les entouraient et la pièce fut remplie de leurs pas maladroits. Lentement leurs esprits se refermèrent sur l'autre et tout le reste du monde disparu. Ils étaient enfermés dans un cocon et seul comptait les mouvements  incoordonnés qu'ils faisaient. Levi en profita pour laisser ses yeux effleurer le visage de la femme. Ses joues était rougis, ses yeux fermés pour se concentrer sur les sensations que lui apportaient la danse. L'homme la sentait trop loin de lui alors il se rapprocha, enserra sa taille et leurs mouvements auparavant rythmés se muèrent en quelque chose de beaucoup plus sensuelle. L'homme sentait leurs abdos se coller, leurs respiration s'entremêler, leurs peaux se serrer et tout cela lui donnait le tournis. Après quelques minutes, ils se rassirent sur le lit, la tête continuaient de leur tourner. Levi posa sa tête sur l'épaule d'Hange avant de prononcer difficilement:

"- Tu es belle, tu sais ?

- Tu as beaucoup trop bu.

-Non... non, tu as toujours été belle. Je l'avais juste pas remarqué avant il y a quelques jours.

- Bon désolé. Je vais pisser."

La binoclarde se leva puis se dirigea vers la salle de bain, laissant Levi seul avec la bouteille qu'il porta à ses lèvres. La soirée continua de ce passer sans accroc pourtant Hange, malgré l'alcool ingéré, ne s'amusait plus autant, perturbée par les mots de l'homme. Ils avaient encore dansé un peu mais l'état de Levi s'était dégradé petit à petit et il était maintenant en train de dormir sur le lit y prenant toute la place. De son côté, Hange s'assit à la chaise et s'assoupit très vite dans une position inconfortable.

Nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant